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Gaston Bachelard: savoir et interroger

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Dans le détail même de la recherche scientifique, devant une expérience bien déterminée qui pourrait être enregistrée comme telle, comme vraiment une et complète, l'esprit scientifique n'est jamais à court pour en varier les conditions, bref pour sortir de la contemplation du même et chercher l'autre pour dialectiser l'expérience. C'est ainsi que la chimie multiplie et complète ses séries homologues, jusqu'à sortir de la Nature pour matérialiser les corps plus ou moins hypothétiques suggérés par la pensée inventive. C'est ainsi que dans toutes les sciences rigoureuses, une pensée anxieuse se méfie des identités plus ou moins apparentes. et réclame sans cesse plus de précisions, ipso facto plus d'occasions de distinguer. Préciser, rectifier, diversifier, ce sont là des types de pensées dynamiques qui s'évadent de la certitude et de l'unité et qui trouvent dans les systèmes homogènes plus d'obstacles que d'impulsions. En résumé, l'homme animé par l'esprit scientifique désire sans doute savoir, mais c'est aussitôt pour mieux interroger. Gaston Bachelard

« "Dans le détail même de la recherche scientifique, devant une expérience bien déterminée qui pourrait être enregistrée comme telle, comme vraiment une et complète, l'esprit scientifique n'est jamais à court pour en varier les conditions, bref pour sortir de la contemplation du même et chercher l'autre pour dialectiser l'expérience.

C'est ainsi que la chimie multiplie et complète ses séries homologues, jusqu'à sortir de la Nature pour matérialiser les corps plus ou moins hypothétiques suggérés par la pensée inventive.

C'est ainsi que dans toutes les sciences rigoureuses, une pensée anxieuse se méfie des identités plus ou moins apparentes.

et réclame sans cesse plus de précisions, ipso facto plus d'occasions de distinguer.

Préciser, rectifier, diversifier, ce sont là des types de pensées dynamiques qui s'évadent de la certitude et de l'unité et qui trouvent dans les systèmes homogènes plus d'obstacles que d'impulsions.

En résumé, l'homme animé par l'esprit scientifique désire sans doute savoir, mais c'est aussitôt pour mieux interroger." BACHELARD L'esprit scientifique (ensemble de dispositions intellectuelles et morales qui caractérisent l'homme de science) est marqué par la quête de ce qui est divers et différent, par la fuite hors des identités (du même).

L'évasion loin de l'assentiment certain, loin des évidences premières, voici qui distingue l'homme de science. Conseils pratiques Il faut s'appuyer sur des données épistémologiques sérieuses et des lectures diversifiées pour bien accéder à ce textes "...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous mêmes c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.

Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société c'est du côté du général, de l'utile, du convenu que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre convention.

En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication.

Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification : le monde scientifique est donc notre vérification.

Au dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.

Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet... ...

Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne.

L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure... Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments...

Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique...

" Gaston BACHELARD (introduction) (Explication et commentaire) « ...

Si nous étions livrés à nous mêmes, c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.» La connaissance immédiate, préscientifique n'est pas une connaissance objective.

Elle est au contraire chargée de subjectivité car nous nous projetons inconsciemment sur le monde.

« Je vois le monde comme je suis avant de le voir comme il est », disait Paul Éluard, cité par Bachelard.

Le monde de la connaissance immédiate coloré et divers, bruyant, pittoresque est « notre représentation ».

Il sourit de nos joies et grimace de nos angoisses.

Le spectacle de la flamme aux formes bizarre aux couleurs éclatantes, à la morsure cruelle ne nous dit pas ce qu'est la combustion. La science, écrit Gaston Bachelard, « crée de la philosophie ».

Elle représente en effet la pensée vivante, dynamique. Elle « instruit la raison » car la raison ne s'apparaît à elle même telle qu'elle est et telle qu'elle devient, que dans son activité réelle, actuelle, qui est l'activité scientifique.

Le problème est alors de savoir quelle philosophie de la connaissance la science peut suggérer.

A l'époque où écrit Bachelard les avis divergent.

Émile Meyerson pense que la science accrédite avant tout un réalisme : « Les concepts créés par la science tels l'atome, la masse ou l'énergie... sont...

des choses...

participant au caractère de la chose en soi.

» Pour Brunschvicg, la science qui substitue à l'épaisseur énigmatique du monde un réseau translucide de relations mathématiques, justifierait plutôt l'idéalisme.

Ne transforme t elle pas la matière en idées, en formules algébriques transparentes pour l'esprit? Pour Bergson et ses disciples, comme Édouard Le Roy, la science représente un ensemble de conventions commodes mais artificielles qui permettent plutôt de manipuler le monde que de le comprendre.

Merleau-Ponty, plus proche de Bergson qu'il ne pense, écrit dans cet esprit que « la science manipule les choses et renonce à les habiter », C'est là une interprétation. »

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