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FREUD: Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme

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Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que ta conscience te l'apprendrait alors. Et quand tu restes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas. Tu vas même jusqu'à tenir « psychique » pour identique à « conscient », c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'il doit sans cesse se passer dans ta vie psychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révéler à ta conscience. Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pour entendre sa voix. Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir. C'est de cette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi. Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison. FREUD

« Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c’est suffisamment important, parce que ta conscience te l’apprendrait alors.

Et quand tu restes sans nouvelles d’une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance, que cela ne s’y trouve pas.

Tu vas même jusqu’à tenir « psychique » pour identique à « conscient », c’est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu’il doit sans cesse se passer dans ta vie psychique bien plus de choses qu’il ne peut s’en révéler à ta conscience.

Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pour entendre sa voix.

Rentre en toi-même profondément et apprends d’abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir. C’est de cette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi.

Mais les deux clartés qu’elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n’est pas maître dans sa propre maison. Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d’actes quotidiens s’expliquent si l’on admet l’hypothèse de l’inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n’aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

P our le dire brutalement, en ce sens, l’homme n’agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissanc e de caus e, dans la clarté), mais serait agi (c’est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le c ontraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de s éance, à l’ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

P ersonne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s’exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forc es contraires : l’une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l’autre qui ne l’est pas et qui ne peut s’exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc c onflit, au sein du même homme, entre un désir consc ient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, c e second désir, malgré la volonté de politesse du prés ident, parvient à s’exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l’exemple est s imple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu’il ne veut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c’est-à-dire que j’ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu’un autre.

O r pour Freud le cas est exactement identique et s’interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l’un es t gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n’y a pas d’actes innocents ou anodins.

T ous s ont révélateurs d’un affrontement en moi de deux forces. L’hypothèse Freudienne de l’inconscient revient à dire que bon nombre d’actes « normaux » (oubli, a c t e s manqués, rêves), mais a u s s i « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s’expliquent en gros selon le même schéma.

L’individu subirait un conflit psychique (dans son âme), c onflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

C e second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s’il en avait cons cience, tellement monstrueux, qu’ils ne peuvent parvenir à la consc ience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir incons cient et inavouable que je s ubis, et les normes conscientes et morales que j’accepte.

« Le moi n’est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n’ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de c e qui se passe en moimême, ce conflit, ce symptôme. L’hypothèse de l’inconscient est donc qu’une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m’est pas connu, m’échappe, et cependant influe sur moi.

C ’es t ainsi qu’il faut comprendre notre passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».

La plupart des c hoses qui se passent dans l’âme échappent à la conscience. P our Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l’âme, et ainsi on s’est privé des moyens : • De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; • De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s’expliquer que par le conflit psychique qui agite le patient. A dopter l’hypothèse de l’inconscient permet de comprendre et de guérir, c’est un gain de sens et de pouvoir.

Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l’individu, au lieu de subir les forces qu’il ignore et ne contrôle pas , puisse recouvrer sa liberté. En effet, la psychanalyse découvre que « Je es t un autre » pour reprendre Rimbaud.

Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n’ai pas conscience, qui est souvent la trace d’un choc vécu durant l’enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi, qui n’a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte que je prenne c onscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

A u lieu de subir ce que je ne connais pas, je choisirai en toute conscience.

A u lieu de la « politique de l’autruche » de l’inconscient, il y aura le choix d’un sujet maître de lui-même. Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalys e.

« Dans le cours des siècles, la science a infligé à l’égoïsme naïf de l’humanité deux graves démentis ».

A v e c C opernic, elle a montré à l’homme qu’in n’était pas au c entre de l’univers.

A vec Darwin, elle est en train de montrer que l’homme est un animal comme les autres, qu’il y a en lui une origine animale. C e s deux sciences ont blessé l’orgueil humain, ont montré à l’homme que son sentiment de supériorité était naïf et erroné.

C ’est pourquoi les thèses de C opernic valut un procès à Galilée, devant l’Inquisition e n 1 6 3 3 .

C ’est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l’époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche rés istance.

O r, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison.

» L’individu est pluriel : il n’es t pas seulement une conscience maîtresse d’elle-même ; il subit un incons cient qui le pousse à agir malgré lui.

Redécouvrir et explorer c ette zone d’ombre en nous, cette force qui nous rend passif, ce déchirement de l’homme reste le principal acquis de la psychanalyse. FREUD (Sigmund).

Né à Freiberg (M oravie), en 1856, mort à Londres en 1939. A grégé de neuropathologie en 1 8 8 5 , il suivit à Paris les c o u r s de C harcot et s'intéress a à l'étude de l'hystérie.

I l fonda en 1 9 1 0 l'A ssociation P sychanalytique Internationale.

Il fit une série de cours aux États-Unis, devint professeur et, en 1920, professeur extraordinaire à l'Université de V ienne.

Il dut quitter l'A utriche en 1938.

- L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste dans la création de la ps ychanalyse, qui est à la fois une psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient et une théorie ps ychologique.

- L e s compos ants psychiques d e la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.

L'inconscient est un s ystème structuré, qui se révèle par les rêves, les actes manqués.

Freud a ins isté sur le rôle de la sexualité dans les conflits de l'inconscient, les refoulements et les complexes.

Freud a eu l'immense mérite d'écarter« la dangereuse psychose de la dissimulation ». Oeuvres principales : Etudes s ur l'hystérie (en coll.

avec Breuer, 1895), La sc ience des rêves (1900), P sychopathologie de la vie quotidienne (1904), Trois e s s a i s s u r l a théorie de la s exualité (1905), T otem et T abou (1913), A u-delà du principe du plaisir (1920), Ps ychologie d e s m a s s e s e t analyse du M o i (1921), Le Moi et le Soi (1923), Inhibitions, symptômes et angoisses (1926), Le malaise de la civilisation (1930), Leçons d'introduction à la psychanalyse (1932), M oïse et le monothéisme (1939).. »

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