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FREUD: les besoins sexuels de l'homme et de l'animal

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Pour expliquer les besoins sexuels de l'homme et de l'animal on se sert, en biologie, de l'hypothèse qu'il existe une pulsion' sexuelle; de même que pour expliquer la faim, on suppose la pulsion de nutrition. Toutefois, le langage populaire ne connaît pas de terme qui, pour le besoin sexuel, corresponde au mot faim; le langage scientifique se sert du terme « libido ». L'opinion populaire se forme certaines idées arrêtées sur la nature et le caractère de la pulsion sexuelle. Ainsi, il est convenu de dire que cette pulsion manque à l'enfance, qu'elle se constitue au moment de la puberté, et en rapport étroit avec les processus qui mènent à la maturité, qu'elle se manifeste sous la forme d'une attraction irrésistible exercée par l'un des sexes sur l'autre, et que son but serait l'union sexuelle ou un ensemble d'actes qui tendent à ce but. Nous avons toutes les raisons de croire que cette description ne rend que très imparfaitement compte de la réalité. Si on l'analyse de près, on y découvre une foule d'erreurs, d'inexactitudes et des jugements précipités. Commençons par fixer deux termes. La personne qui exerce un attrait sexuel sera désignée comme objet sexuel et l'acte auquel pousse la pulsion sera nommé but sexuel. L'expérience scientifique nous prouve qu'il existe de nombreuses déviations relatives tantôt à l'objet, tantôt au but sexuel, et il nous faudra chercher à approfondir les rapports qui existent entre ces déviations et ce qu'on estime être l'état de choses normal. FREUD

« Les Trois Essais sur la théorie de la sexualité paraissent en 1905 et ont, pour la psychanalyse, une importance considérable.

Freud y opère un remaniement fondamental de la notion du sexuel.

l s'élève contre l'erreur qui consiste à confondre la sexualité et la reproduction et élargit le champ du sexuel en découvrant l'existence d'une sexualité infantile qu'il voit à l'oeuvre dès le début de la vie.

La première page des Trois Essais nous décrit la conception commune de la sexualité admise également par les savants de l'époque.

La sexualité y est conçue sur le modèle de l'instinct.

Elle est un besoin naturel apparaissant au terme d'un processus de maturation, où le moment physiologique de la puberté joue un rôle déterminant.

Cette conception qui se réfère exclusivement à la biologie envisage donc la sexualité comme constituant un ensemble de comportements étroitement déterminés par la nature.

Freud s'efforce de détruire cette opinion.

Le comportement qu'elle décrit, dans sa stabilité et sa fixité, est repéré chez l'animal beaucoup plus que chez l'homme.

Cette conception ne rend pas compte des faits observés, en particulier de la très grande variété et du nombre des perversions sexuelles.

Si la sexualité est un instinct véritable, comment expliquer ces échecs répétés ? L'existence des perversions et l'affirmation qu'il existe une sexualité de l'enfant conduisent Freud à admettre que le but et l'objet de la sexualité ne sont pas déterminés d'avance.

Le comportement sexuel hétérosexuel n'est pas préformé et l'homosexualité n'est pas moins inscrite dans la nature que l'hétérosexualité.

l y a donc une certaine dissociation entre la pulsion sexuelle et son objet.

« ll est permis de croire que la pulsion sexuelle existe d'abord indépendamment de son objet et que son apparition n'est pas déterminée par des excitations qui viennent de l'objet »'.

La sexualité humaine est donc une sexualité dénaturée par rapport à celle de l'animal.

Chez l'être humain quelque chose tout de même vient fixer la pulsion et lui donner un caractère régulier et stéréotypé : l'histoire et les expériences d'un sujet engagé dès la naissance dans des relations à l'autre.

Aucun être humain n'échappe à une relation intersubjective primitive et constituante qui fait que la sexualité humaine est d'emblée relation à des signes et investies par des fantasmes. Par conséquent, le désir humain n'est pas réductible à un besoin naturel simple.

Un besoin purement organique s'abolit dans la consommation-destruction de son objet.

Le désir, lui, ne vise pas tant un objet réel que ce dont cet objet est le support, que ce dont il est le signe.

l suffirait pour s'en convaincre d'une analyse sommaire du discours publicitaire : l'objet n'est pas réduit à sa fonction, il y est bien plutôt le critère visible du bonheur, de la personnalité, de la virilité, etc.

La relation du désir à des signes en fait toute la spécificité et est la marque de son indestructibilité.

Aucun objet réel ne peut assouvir le désir dans la mesure même où celui-ci est lié à l'imaginaire, qui est le lieu des possibles.

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau avait déjà fortement marqué cette différence du besoin et du désir : si, pour l'amour physique, toute femelle convient à l'homme de la nature, l'imagination joue un rôle considérable dans la détermination de l'objet d'un amour humain.

La recherche du partenaire est toujours déjà marquée par les relations intersubjectives premières que l'individu a nouées au cours de ses expériences antérieures. "Pour expliquer les besoins sexuels de l'homme et de l'animal on se sert, en biologie, de l'hypothèse qu'il existe une pulsion' sexuelle; de même que pour expliquer la faim, on suppose la pulsion de nutrition. Toutefois, le langage populaire ne connaît pas de terme qui, pour le besoin sexuel, corresponde au mot faim; le langage scientifique se sert du terme « libido ». L'opinion populaire se forme certaines idées arrêtées sur la nature et le caractère de la pulsion sexuelle. Ainsi, il est convenu de dire que cette pulsion manque à l'enfance, qu'elle se constitue au moment de la puberté, et en rapport étroit avec les processus qui mènent à la maturité, qu'elle se manifeste sous la forme d'une attraction irrésistible exercée par l'un des sexes sur l'autre, et que son but serait l'union sexuelle ou un ensemble d'actes qui tendent à ce but. Nous avons toutes les raisons de croire que cette description ne rend que très imparfaitement compte de la réalité.

Si on l'analyse de près, on y découvre une foule d'erreurs, d'inexactitudes et des jugements précipités.

Commençons par fixer deux termes.

La personne qui exerce un attrait sexuel sera désignée comme objet sexuel et l'acte auquel pousse la pulsion sera nommé but sexuel.

L'expérience scientifique nous prouve qu'il existe de nombreuses déviations relatives tantôt à l'objet, tantôt au but sexuel, et il nous faudra chercher à approfondir les rapports qui existent entre ces déviations et ce qu'on estime être l'état de choses normal." La sexualité infantile La sexualité ne surgit pas dans la vie du sujet lorsqu'il est en âge de procréer.

Les manifestations sexuelles infantiles, qui ont déjà été pointées bien avant Freud, ne doivent plus être regardées comme des phénomènes exceptionnels ou des exemples effrayants de dépravation précoce.

Il y a bien une sexualité infantile à l'oeuvre dès le début de la vie : «La sexualité infantile apparaît par étayage sur une des fonctions vitales du corps, elle ne connaît encore aucun objet sexuel, est autoérotique et son but sexuel est sous la domination d'une zone érogène.

» Sa négation est une erreur lourde de conséquences puisque c'est à elle, selon Freud, que nous devons notre ignorance actuelle de la vie sexuelle. La sexualité de l'adulte est en effet de caractère infantile.. »

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