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Freud: Les activités humaines à la lumière de la psychanalyse

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« Il y a une interprétation philosophique de la psychanalyse, comme il y a une interprétation psychanalytique de la philosophie : on ne fait oeuvre de philosophie que par la première.

Les théories de la psychanalyse ne sont alors pas plus philosophiques que les théories de la physique : à leur image cependant, elles éclairent la réflexion du philosophe et la nourrissent.

De son côté, la psychanalyse cherche à traduire la métaphysique, qui s'occupe des problèmes de Dieu, de l'immortalité de l'âme, de la morale, en métapsychologie.

Au lieu de chercher à répondre à ces questions de manière démonstrative comme le fait la philosophie, elle cherche à mettre en lumière les conditions psychologiques de l'apparition de telles questions, auxquelles se joignent les interrogations religieuses du péché originel, du paradis, etc. Traduire n'est cependant pas réduire : parce que la psychanalyse ne répond pas à ces questions, mais cherche plutôt à montrer pourquoi l'homme se les pose, elle laisse le champ libre à la réflexion philosophique ; on ne peut pas résumer la question de Dieu à la recherche oedipienne de la protection d'un Père. 1.

La communauté humaine A.

L'homme en société En s'intéressant à l'individu, la psychologie s'intéresse d'emblée aux relations que l'individu entretient avec autrui : ces relations construisent la personnalité dans la mesure où autrui est objet, modèle, associé, adversaire du désir, etc. Autrui apparaît aussitôt comme perspective de plaisir et de contrainte du plaisir : incarnation de l'amour (Eros), il est encore incarnation de la nécessité (Anankè).

Éros est la puissance de l'amour, originairement entre l'homme et la femme, et entre la femme et l'enfant ; Anankè est la nécessité du travail commun en vue de la survie.

Les deux principes, Éros et Anankè, conjuguent ainsi, dans le rapport à autrui, leur puissance, et constituent les piliers de la société. Au fondement de la société, l'amour, originellement sensuel, demeuré tel dans l'inconscient humain.

relie les hommes : lui seul fait qu'ils se supportent en collectivité et acceptent la limitation de leur narcissisme.

Le seul intérêt commun ne justifie pas que les hommes restent ensemble : la société est liée par l'amour.

Ainsi s'explique notamment que, si la névrose empêche la vie collective, inversement la vie collective entrave le développement de la névrose.

La foule est un remède indirect aux problèmes de l'individu.

en lui permettant d'exprimer son amour sublimé. B.

Qu'est-ce que la civilisation ? La vie en société impose des contraintes à l'individu, limitant ses possibilités de plaisir ; en retour, elle le protège contre la recherche du plaisir des autres.

La collectivité modèle le moi, en lui inculquant par l'éducation le principe de réalité.

Cette limitation réciproque des plaisirs aboutit à la constitution d'un ordre légal, et à l'exigence de justice, caractéristique de la civilisation. La puissance d'amour qui relie les hommes n'aurait besoin d'aucun ordre légal si des forces ne travaillaient pas contre elle.

A côté de l'Éros, puissance constructive qui rassemble les hommes, oeuvre l'instinct de mort (Thanatos), puissance destructrice qui les divise.

L'instinct de mort se traduit par l'agressivité réciproque de l'individu et de la collectivité. Restreignant fortement l'épanouissement des tendances, la civilisation est aussi un puissant facteur de névroses.

Il s'y constitue une conscience morale, comme un surmoi de la collectivité, modèle d'un grand homme passé qui joue le rôle de père, et exige de chacun de ses membres qu'ils s'y conforment.

Produit de la civilisation, le surmoi se perpétue par l'éducation ; il est l'ensemble de ces règles, familiales, morales, sociales, religieuses, dont le mépris se traduit par le sentiment de culpabilité. 2.

La religion A.

L'origine de la religion • Les mêmes facteurs qui président à l'apparition des névroses président à l'apparition de la religion.

L'enfance de l'homme, comme l'enfance de l'humanité, est caractérisée par la vulnérabilité et la détresse, que l'homme rend supportables par une activité fantasmatique.

La religion est l'imagination consolatrice des hommes : elle leur procure une providence protectrice et bienveillante contre les forces naturelles de la réalité, la mort en particulier. • C'est le noyau paternel que la religion monothéiste révèle ainsi par l'idée d'un être tout-puissant, au savoir et à la bonté infinis.

Cet être, à l'image d'un père, suscite une ambivalence de sentiments, entre amour et haine.

désir de rester sous sa protection et désir de prendre sa place.

C'est dans la relation au père que se trouve la racine de l'exigence religieuse. • L'identification au Père est un projet, non un acquis : ses exigences forment un idéal du moi sous la forme de règles religieuses de pureté et de force.

Dieu est le surmoi de l'humanité. B.

« La névrose obsessionnelle universelle de l'humanité » Le cérémonial que le névrosé construit autour de sa névrose pour éviter d'en éprouver l'angoisse ressemble en tout point au rite religieux, que le croyant ou le prêtre suivent scrupuleusement pour s'épargner la culpabilité.

De même, l'amour mystique, étendu à la totalité de l'humanité, est l'une des techniques destinées à détourner et à satisfaire en toute circonstance le principe de plaisir, quelle que soit la réalité.

Ainsi, les manifestations religieuses ont les mêmes caractères que les symptômes névrotiques. La religion est une illusion*, ce qui ne signifie cependant pas que ce qu'elle professe soit faux, mais seulement qu'elle est la manifestation de la victoire du principe du plaisir sur le principe de réalité : son critère de vérité est plus. »

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