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FREUD et l'interdit du meurtre (Malaise dans la civilisation)

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Si la culture a établi le commandement de ne pas tuer le voisin que l'on hait, qui nous fait obstacle et dont on convoite les biens, cela fut manifestement dans l'intérêt de la vie en commun des hommes qui, autrement, serait impraticable. Car le meurtrier attirerait sur lui la vengeance des proches de la victime du meurtre et la sourde envie des autres, qui intérieurement se sentent enclins à un tel acte de violence. Il ne jouerait donc pas longtemps de sa vengeance ou de son butin, il aurait bien au contraire toute chance d'être lui-même bientôt abattu. Quand bien même, grâce à une force et à une prudence extraordinaire, il se protégerait d'un adversaire isolé, il ne pourrait que succomber à une union d'adversaires plus faibles. Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment. FREUD


« Si la culture a établi le commandement de ne pas tuer le voisin que l'on hait, qui nous fait obstacle et dont on convoite les biens, cela fut manifestement dans l'intérêt de la vie en commun des hommes qui, autrement, serait impraticable. Car le meurtrier attirerait sur lui la vengeance des proches de la victime du meurtre et la sourde envie des autres, qui intérieurement se sentent enclins à un tel acte de violence.

Il ne jouerait donc pas longtemps de sa vengeance ou de son butin, il aurait bien au contraire toute chance d'être lui-même bientôt abattu.

Quand bien même, grâce à une force et à une prudence extraordinaire, il se protégerait d'un adversaire isolé, il ne pourrait que succomber à une union d'adversaires plus faibles.

Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment. 1.

Dégagez l'idée centrale et les étapes de l'argumentation. 2.

Expliquez : « Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment.

» 3.

Le respect de la vie d'autrui n'est-il justifié que par l'intérêt commun ? 1.

Dans ce texte, Freud explique que les hommes renoncent à la pratique du meurtre clans le but de rendre possible une vie sociale. Cette idée est énoncée clans la première phrase : le commandement de ne pas tuer n'est pas naturel (autrui est objet de haine, de convoitise...) mais est un choix culturel lié à la préservation commune.

Cette idée est justifiée par une série d'arguments : – le meurtre conduit naturellement à la vengeance (réaction affective des proches ; la tendance à la violence est naturelle chez tout homme); le meurtrier risque donc lui-même la mort – si le meurtrier est capable d'éviter la vengeance d'un individu, il ne peut se battre contre plusieurs individus regroupés. Freud peut donc conclure que c'est l'association de plusieurs individus qui empêchent la perpétuation de la vengeance. 2.« Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment, » Dans cette phrase, l'auteur énonce la raison fondamentale de l'interdiction du meurtre dans la société.

Alors que la pratique du meurtre est une tendance naturelle de l'homme (tout meurtre conduit au cycle continu de la vengeance), celui-ci est cependant interdit en société car tout meurtrier potentiel sait qu'il risque de subir la violence d'hommes unis contre lui.

L'interdit est lié à un calcul d'intérêts. 3.Le respect de la vie d'autrui n'est-il justifié que par l'intérêt commun ? Une des caractéristiques de la vie sociale est l'interdiction de la violence et du meurtre au profit d'un règlement pacifique des querelles.

On peut se demander quelle est l'origine d'une telle attitude ? II est commun d'affirmer que le refus de la violence au profit du droit est nécessaire à notre propre tranquillité.

5i nous respectons autrui, c'est pour qu'il nous respecte également.

Chacun y trouve son compte.

Pourtant, l'idée d'un intérêt commun est-elle suffisante ? Ne devons-nous pas également le respect à celui qui n'est en rien une menace pour nous-mêmes ? La destruction d'une civilisation « primitive » pour un intérêt économique révolte toute personne raisonnable sans que son intérêt soit en jeu.

Le respect de la vie d'autrui est-il justifié par un intérêt commun ou faut-il l'établir sur une exigence plus fondamentale ? Répondre à cette question, c'est s'interroger sur les fondements de la morale et sur le sens de notre propre humanité. Nous caractérisons souvent l'homme civilisé par sa capacité à refuser la violence.

Le respect de la vie d'autrui serait l'une des premières conditions de la vie civilisée en devenant une norme reconnue socialement.

Chacun retire avantage de l'interdiction d'user de la violence puisque c'est sa propre sécurité qui est reconnue.

je respecte la vie d'autrui car je désire qu'il respecte la mienne et la réciprocité commune de cette attitude apporte une sécurité collective.

Freud peut ainsi affirmer que le refus du meurtre se fait « dans l'intérêt de la vie en commun des hommes qui, autrement, serait impraticable ». De fait, la naissance du droit permet d'interrompre le cycle de la violence.

Contre la vengeance et la passion qui ne font que perpétuer la sauvagerie de personne en personne, la décision de droit permet de rendre justice et de restaurer un ordre pacifié.

Nous avons donc tout intérêt à respecter autrui car c'est, comme le rappelle Freud, la pratique indéfinie du meurtre qui est ainsi évitée. Pourtant, peut-on réduire le respect de la vie d'autrui à l'intérêt bien compris de chacun d'entre nous ? 5i tel était le cas, rien ne nous interdirait de détruire ceux qui ne représentent aucun danger pour nous-mêmes ? Lorsque nous pensons qu'il est interdit de tuer autrui, nous ne faisons pas simplement référence à une règle de droit instaurée pour la paix commune.

Nous concevons que cette interdiction se réfère à une valeur de l'être humain qui déborde toute considération sociale.

Pans un Propos de 1925, Alain a pu ainsi affirmer que « le respect de la vie d'autrui n'est pas un devoir social » et que si un homme tombait de la « lune », il serait tout aussi défendu de le torturer ou de le tuer que s'il était un voisin.

Autrement dit, la vie humaine doit nous apparaître respectable en ellemême et la loi commune ne fait que reconnaître un principe qui est d'abord moral. Il faut donc affirmer que le respect de la vie d'autrui est d'abord une exigence pour toute conscience morale.

Autrui. »

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