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FREUD et la tâche principale de la civilisation

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C'est précisément à cause de ces dangers dont la nature nous menace que nous nous sommes rapprochés et avons créé la civilisation qui, entre autres raisons d'être, doit nous permettre de vivre en commun. À la vérité, la tâche principale de la civilisation, sa raison d'être essentielle est de nous protéger contre la nature. On le sait, elle s'acquitte, sur bien des chapitres, déjà fort bien de cette tâche et plus tard elle s'en acquittera évidemment un jour encore bien mieux. Mais personne ne nourrit l'illusion que la nature soit déjà domptée, et bien peu osent espérer qu'elle soit un jour tout entière soumise à l'homme. Voici les éléments, qui semblent se moquer de tout joug que chercherait à leur imposer l'homme : la terre, qui tremble, qui se fend, qui engloutit l'homme et son oeuvre, l'eau, qui se soulève, et inonde et noie toute chose, la tempête, qui emporte tout devant soi ; voilà les maladies, que nous savons depuis peu seulement être dues aux attaques d'autres êtres vivants, et enfin l'énigme douloureuse de la mort, de la mort à laquelle aucun remède n'a jusqu'ici été trouvé et ne le sera sans doute jamais. Avec ces forces la nature se dresse contre nous, sublime, cruelle, inexorable ; ainsi elle nous rappelle notre faiblesse, notre détresse, auxquelles nous espérions nous soustraire grâce au labeur de notre civilisation. C'est un des rares spectacles nobles et exaltants que les hommes puissent offrir que de les voir, en présence d'une catastrophe due aux éléments, oublier leurs dissensions, les querelles et animosités qui les divisent pour se souvenir de leur grande tâche commune : le maintien de l'humanité face aux forces supérieures de la nature. FREUD

« " C'est précisément à cause de ces dangers dont la nature nous menace que nous nous sommes rapprochés et avons créé la civilisation qui, entre autres raisons d'être, doit nous permettre de vivre en commun.

À la vérité, la tâche principale de la civilisation, sa raison d'être essentielle est de nous protéger contre la nature. On le sait, elle s'acquitte, sur bien des chapitres, déjà fort bien de cette tâche et plus tard elle s'en acquittera évidemment un jour encore bien mieux.

Mais personne ne nourrit l'illusion que la nature soit déjà domptée, et bien peu osent espérer qu'elle soit un jour tout entière soumise à l'homme.

Voici les éléments, qui semblent se moquer de tout joug que chercherait à leur imposer l'homme : la terre, qui tremble, qui se fend, qui engloutit l'homme et son oeuvre, l'eau, qui se soulève, et inonde et noie toute chose, la tempête, qui emporte tout devant soi ; voilà les maladies, que nous savons depuis peu seulement être dues aux attaques d'autres êtres vivants, et enfin l'énigme douloureuse de la mort, de la mort à laquelle aucun remède n'a jusqu'ici été trouvé et ne le sera sans doute jamais.

Avec ces forces la nature se dresse contre nous, sublime, cruelle, inexorable ; ainsi elle nous rappelle notre faiblesse, notre détresse, auxquelles nous espérions nous soustraire grâce au labeur de notre civilisation.

C'est un des rares spectacles nobles et exaltants que les hommes puissent offrir que de les voir, en présence d'une catastrophe due aux éléments, oublier leurs dissensions, les querelles et animosités qui les divisent pour se souvenir de leur grande tâche commune : le maintien de l'humanité face aux forces supérieures de la nature." FREUD Questions 1.

Dégagez l'idée centrale et le mouvement général du texte. 2.

Expliquez : a) Pourquoi le projet de maîtrise de la nature est-il qualifié par Freud d'« illusion » ? b) En quel sens la nature peut-elle être à la fois « sublime » et cruelle » ? c) Pourquoi la lutte contre les catastrophes est-elle qualifiée par Freud de « spectacle noble et exaltant » ? 3.

La tâche principale de la civilisation est-elle de nous protéger contre la nature ? Les enjeux du sujet Dans un passage du Discours de la méthode, écrit en 1637, Descartes appelle de ses voeux le développement de la construction de machines qui permettront aux hommes de mieux vivre en se rendant « comme maîtres et possesseurs de la nature ».

La perspective cartésienne n'est pas celle d'une exploitation sauvage de notre environnement.

Elle définit un enjeu de taille pour l'humanité.

Répondre aux défis que la nature nous lance, du fait de la puissance dévastatrice de ces phénomènes, représente un des éléments clés du progrès en matière de qualité de vie.

C'est reconnaître ainsi qu'un des buts de la vie en commun est de se protéger face à la violence du milieu naturel.

Il semble que, trois cents ans après Descartes, Freud reprenne cette direction de pensée.

II va cependant y ajouter une correction essentielle.

Les hommes ne parviendront jamais à la maîtrise qu'ils espèrent.

Le Discours de la méthode avait un ton conquérant, à la différence de notre extrait qui affirme l'échec inéluctable de l'entreprise.

Quel est donc le sens de la civilisation ? Menons-nous une existence absurde ? - Question 1 L'idée centrale du texte n'est pas exprimée dans une seule phrase.

Il faut relier deux aspects importants du passage. Le premier consiste à soutenir que la civilisation a pour « raison essentielle » de « nous protéger de la nature.

» Le second est au coeur du paragraphe suivant.

Freud y souligne l'échec nécessaire de cette ambition.

Les exemples de notre faiblesse abondent pour bien nous en convaincre.

On peut donc dire que l'idée majeure de ce texte est de mettre en lumière le caractère tragique de la condition humaine.

Nous sommes voués à mener une lutte perdue d'avance mais notre défaite n'est pas sans grandeur puisque ce combat nous rend solidaires. Cet extrait se développe en quatre temps.

Le premier paragraphe expose la première thèse.

Les hommes se sont réunis pour faire front face à la précarité des conditions de vie que la nature leur imposait.

La suite se divise en trois parties. De « On le sait » à « soumise à l'homme », Freud énonce l'autre volet de sa pensée.

Tous les efforts humains ne pourront vaincre la puissance de la nature.

Les hommes remportent des victoires mais perdront la guerre.

Puis, de « Voici » à « civilisation », Freud énumère des exemples destinés à nous persuader de notre petitesse et les assortit d'un commentaire.

La nature est jugée « sublime, cruelle et inexorable ».

Nous sommes destinés à perdre.

La dernière partie (« C'est un des rares spectacles ...

la nature.

») contient un ajout très important.

Freud relève l'homme, qu'il vient d'abaisser, en notant que la solidarité dans la lutte contre les forces naturelles est une des rares occasions de voir le vrai visage de la noblesse humaine. - Question 2 a) L'illusion est la croyance dans une représentation issue de nos désirs.

Elle est ainsi amenée à entrer en conflit avec la réalité.

Ici, les hommes affrontent le réel en combattant les phénomènes naturels dont la puissance les écrase et balaie leurs espoirs.

L'inondation emporte les habitations, le tremblement de terre engloutit des villes, la tempête fait sombrer les navires ou ravage les récoltes.

Les succès remportés en matière de maîtrise de la nature peuvent nous. »

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