FREUD: art et élan créateur
Extrait du document
«
FREUD : L'ART, SATISFACTION DE DÉSIRS INCONSCIENTS
D'où vient le plaisir que nous éprouvons en présence de certaines oeuvres d'art
? Freud avance l'hypothèse qu'elles apportent une réelle satisfaction psychique
à certains de nos désirs inconscients, ce qui explique le caractère obscur,
énigmatique, incompréhensible pour le sujet conscient, de la jouissance
esthétique.
« J'ai été rendu attentif à ce fait d'allure paradoxale : ce sont justement
quelques unes des plus grandioses et des plus imposantes œuvres d'art
qui restent obscures à notre entendement.
On les admire, on se sent
dominé par elles, mais on ne saurait dire ce qu'elles représentent pour
nous.
(...] Ce n'est pas que les connaisseurs et les enthousiastes
manquent de mots lorsqu'ils nous font l'éloge de ces oeuvres d'art.
Ils
n'en ont que trop, à mon avis.
Mais, en général, chacun exprime, sur
chaque chef-d'oeuvre, une opinion différente, aucun ne dit ce qui en
résoudrait l'énigme pour un simple admirateur.
Toutefois, à mon sens, ce
qui nous empoigne aussi violemment ne peut être que l'intention de
l'artiste, autant du moins qu'il aura réussi à l'exprimer dans son oeuvre et
à nous la faire saisir.
Je sais qu'il ne peut être question ici, simplement,
d'intelligence compréhensive ; il faut que soit reproduit en nous l'état de
passion, d'émotion psychique qui a provoqué chez l'artiste l'élan
créateur.
Mais pourquoi l'intention de l'artiste ne saurait-elle être précisée et traduite en mots comme toute
autre manifestation de la vie psychique ? » FREUD
Ordre des idées
1) L'observation d'une sorte de paradoxe.
Des oeuvres d'art nous impressionnent, nous fascinent, mais les raisons
précises pour lesquelles elles nous plaisent nous échappent : elles restent incompréhensibles.
2) Critique des commentaires habituels sur l'émotion esthétique.
Freud note - leur surabondance verbale ;
- les contradictions des explications avancées ;
- surtout, l'insuffisance explicative des opinions sur cette question.
3) Freud, enfin, propose sa propre interprétation de l'émotion que nous éprouvons devant une oeuvre d'art.
- Notre émotion est celle de l'artiste lui-même, qu'il a su transmettre par son oeuvre.
- Elle n'est pas comprise par l'intelligence consciente, mais éprouvée sur un plan affectif.
- Elle est inséparable de "l'intention" produite par l'artiste dans son oeuvre.
(Selon Freud, l'artiste est celui qui parvient
à exprimer des désirs inconscients - que nous partageons, à notre insu, avec lui - et une certaine satisfaction de ces
désirs.
L'émotion esthétique est alors le plaisir que provoque la satisfaction, dans l'imaginaire, de désirs dont nous ne
pouvons pas avoir conscience - parce qu'ils sont refoulés -, sinon à travers des formations de compromis, comme les
rêveries, les fantasmes, les productions imaginaires en général.)
Freud est connu pour sa découverte de l’inconscient et l’invention de la psychanalyse, science et pratique médicale
qui se donne pour but de découvrir les fonctionnements du psychisme.
Mais il ne s’est pas contenté de réfléchir sur les
névroses ou sur les maladies psychiques mais il a étendu son champ de recherche aux gestes de la vie quotidienne,
culturelle et mythologique.
Il a ainsi réfléchi sur l’art du côté de son créateur mais aussi du côté du spectateur.
Il a
ainsi analysé psychanalytiquement différentes œuvres et le processus créateur des artistes.
Selon lui, l’artiste
ressemble aux névropathes, il s’éloigne du réel décevant pour imaginer un monde meilleur mais à l’inverse du
névropathe, il tente de retrouver le monde à travers la création et la présentation de ses œuvres.
Le psychanalyste
s’interroge dans ce texte sur les effets que crée la contemplation d’une œuvre d’art.
Est-ce possible de les
comprendre ? D’en rendre compte ?
L’effet d’une œuvre d’art
- Freud reprend ici une des grandes interrogations philosophiques concernant l’art.
Il s’interroge en effet sur l’effet que
fait une œuvre d’art sur le spectateur.
Il pose dès la première phrase un paradoxe, c’est-à-dire une contradiction.
Ce
ne sont pas les petites œuvres que nous ne comprenons pas mais les « chefs d’œuvres » de l’art.
Il dit ainsi que ces
œuvres admirables « restent obscures à notre entendement ».
Or l’entendement est une faculté de l’esprit qui permet
justement à l’homme d’analyser, de comprendre.
Cela ne veut pas dire qu’elles ne produisent aucun effet sur nous.
Au
contraire, l’effet est grand et pourtant nous ne pouvons savoir ce qui le produit, ce qui l’explique.
- Freud insiste en effet sur l’effet ressenti par le spectateur, il évoque le terme « admiration ».
Cela veut dire que le
spectateur reconnaît les grandes œuvres, il sait reconnaître la valeur de l’œuvre, mais cela ne nous éclaire nullement.
L’homme face à l’œuvre d’art est perdu, Freud parle ici de domination.
L’œuvre d’art s’empare de celui qui la contemple
et c’est peut être d’ailleurs pour cela que nous ne comprenons pas ce qu’il se passe..
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