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Faut-il vivre pour autrui ?

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). L'analyse du sujet doit prendre compte plusieurs termes ou expressions.

Le terme central semble ici autrui. Autrui désigne en premier lieu l'autre, du latin "alter”. Autrui m'apparaît d'abord comme "celui” qui n'est pas moi.

Mais à la différence de "ce” qui n'est pas moi (les choses qui m'entourent), autrui est aussi un autre moi (alter ego).

Je ne le conçois pas comme chose mais comme sujet, du fait de sa ressemblance avec moi-même, ressemblance qui se base essentiellement sur le visage, lequel m'ouvre à la sympathie, et sur la communauté du langage. Autrui constitue donc une réalité paradoxale, d'autant plus que je ne peux aborder cette dernière qu'à partir de ma seule conscience.

En effet, autrui pose une limite à ce que je suis, il est l'autre en tant que tel, cette conscience qui n'est pas la mienne, mais ce qui me permet de reconnaître cette conscience comme autre, c'est justement le fait de reconnaiître une communauté entre l'autre et moi, la communauté de la conscience. Considérer autrui, c'est faire l'expérience de l'autre, qui me ramène à ma solitude, et du semblable, qui me ramène à une communauté à laquelle je participe. Cependant, le sujet ne porte pas uniquement sur cette notion ni, de façon générale, sur ma relation avec autrui.

Il nous interroge sur la place qu'autrui doit prendre au sein de notre vie, à savoir si autrui doit être considéré comme ce "pour quoi” nous vivons.

L'expression "pour quoi” désigne la finalité de notre existence. Si je vis pour autrui, c'est d'abord au sens où c'est lui qui determine ma vie, en lui donnant la forme d'une vie humaine, par la communauté du langage et l'extériorité qu'il représente et qui m'éduque, me perfectionne.

En cela, le verbe falloir utilisé par le sujet indique qu'autrui est nécessairement ce par quoi je vis en tant qu'homme.

Il s'agit d'une nécessité de notre nature même d'êtes rationnels, d'une nécessité formelle. Cependant, placer autrui comme ce pour quoi je vis, c'est également le considerer comme la fin de mes actions, comme ce pour quoi j'agis.

Agir pour autrui, au sens où je veux son bien relève ici d'une nécessité morale.

Le il faut s'entend ici comme une obligation. La problématique du sujet peut dès lors sentendre de la manière suivante. Autrui est bien cet autre qui est aussi semblable à moi.

Or, je vis bien pour autrui dans la mesure où c'est par lui seul que, non seulement, je deviens pleinement humain, à travers l'exercice du langage, notamment, mais aussi que je deviens moi-même une personne pour l'extérieur.

En cela, la position constitutive d'autrui dans ma vie en tant qu'homme et en tant que sujet semble indépassable. Cependant, en rester à cette conception là du "vivre pour autrui” pose problème. En effet, autrui est il vraiment une fin en soi dans cette approche? Il semble plutôt être le moyen de mon propre dévelloppement, et non plus la fin de mon existence. Bien plus, vu sous cet angle de médiation, presque d'utilité, le sujet qu'est autrui tend à s'estomper au profit d'une représentation de lui comme simple objet.

Or, ce faisant, c'est ma propre position de sujet qui se trouve mise en question.

En faisant d'autrui un moyen, je finis par admettre que moi-même, qui suis autrui pour l'autre, puisse être considéré de même. Si autrui doit être considéré comme ce pour quoi je vis, c'est donc dans un autre sens, non plus nécessaire au sens formel mais au sens moral. En effet, dans la conception que nous avons dévelloppée plus haut, autrui était moins ce "pour quoi” je vis que ce "par quoi” je vis.

Or la dimension de finalité ne semble être pensable vis-à-vis d'autrui que si nous lui assignons la place irréductible d'une fin morale.

Or, si nous considérons la vie non plus comme le simpe dévelloppement de l'homme mais comme son existence, comme les choix qu'il fait, les actions qu'il entreprend, autrui a bien un rôle de fin.

Car à travers autrui, et notamment son visage, se révèle en moi une sympathie qui m'invite à agir pour son bien.

Autrui me donne accès à la moralité en me rendant responsable vis-à-vis de lui.

Dès lors, il ne peut être considéré que comme la fin de mon existence d'être libre et moral.

Le bien d'autrui semble ainsi constitutif (il en est l'origine et la fin) de cette existence.

Le "il faut” impliquée dans le sujet est ainsi à prendre au sens de l'obligation morale. Mais placer ainsi autrui comme fin de l'action morale est-il si évident? Car si je peux reconnaître en autrui une souffrance ou tout simplement un être vulnérable dont je suis reponsable, c'est à partir de ma propre souffrance, de. »

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