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Faut-il se donner du mal pour être heureux ?

Publié le 22/04/2023

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« Faut-il se donner du mal pour être heureux ? Plan n°1 « initial » I/ Il faut se donner du mal pour être heureux, car on n’a rien sans rien et qu’avec assez d’effort on peut atteindre la plupart de ses objectifs. II/ Il n’est pas nécessaire de se donner beaucoup de mal pour être heureux, car « les petits plaisirs de la vie » peuvent suffire. III/ Cela dépend des cas, en particulier des goûts de chacun. C.

Parfois, il faut se donner du mal pour être heureux, et parfois non. Correction. Ce plan présente quatre défauts graves : (a) C’est une « doxographie », c’est-à-dire l’énumération de deux (ou parfois plusieurs) opinions rapportées comme telles.

Comme dans un « débat » sans intérêt, le I et le II ne forment pas un dialogue où les arguments sont comparés et évalués selon leur pertinence et leur valeur, mais simplement accolés les uns aux autres.

Il s’agit, au fond, de deux monologues juxtaposés. (b) Une telle juxtaposition ne risque pas d’approfondir la réflexion ni de s’élever dans l’abstraction.

Elle est donc stérile et superficielle. (c) De là une copie courte : comment écrire quatre pages, ou même deux, avec si peu de contenu ? (d) Et pour comble, non contente d’être courte, cette copie s’avère bavarde, car la conclusion répète ce qu’a dit le III. Pour ces raisons, une copie qui, au baccalauréat, s’en tiendrait à ce plan recevrait sans doute la note de 06 ou 07.

En effet, sans être une « non-copie » (≤ 05/20), elle ne témoigne pas avoir reçu un enseignement de philosophie. Que vous commenciez par un plan de ce genre au brouillon n’est pas grave : l’important est de le travailler pour l’améliorer.

Vous avez une bonne heure pour cela, le jour de l’épreuve. La question qui devrait est donc : comment faire mieux ? Pour cela, le plus facile consiste à rajouter des connaissances tirées du cours et de votre culture personnelle.

Lesquelles ? En l’occurrence, vous pouvez : (a) Mentionner l’idée d’Aristote selon laquelle le bonheur est le « souverain bien », que nous cherchons tous. (b) Proposer un exemple en I d’un bonheur ambitieux (ainsi, gagner le VendéeGlobe, comme a voulu le faire, avec succès, Armel Le Cléac’h). (c) Supprimer le III inutile.

On a alors un plan en deux parties, mais qui gagne en nervosité et en efficacité. Plan n°2 « augmenté » Introduction : D’après Aristote, le bonheur est le « souverain bien ».

Tout le monde le poursuit. Or, d’après l’opinion commune, le bonheur ne nous tombe pas tout cuit dans la bouche.

Il faudrait nous donner du mal pour être heureux : travailler, gagner de l’argent, faire des compromis pour vivre une vie familiale harmonieuse, etc.

Une question se pose alors : faire tous ces efforts, est-ce vraiment le bonheur ? I/ Il faut se donner du mal pour être heureux, car on n’a rien sans rien et qu’avec assez d’effort on peut atteindre la plupart de ses objectifs, surtout quand ils sont ambitieux. Justification avec l’exemple d’Armel Le Cléac’h : s’il ne s’était pas donné tant de mal, il n’aurait pas gagné le VendéeGlobe. II/ Il n’est pas nécessaire de se donner beaucoup de mal pour être heureux, car « les petits plaisirs de la vie » peuvent suffire. C.

Cela dépend des cas, en particulier des goûts de chacun, ou plutôt de la personnalité.

Certains préfèrent des ambitions élevées au risque de tout rater.

D’autres préfèrent viser un bonheur modeste, mais sûr. Correction. Ce plan demeure essentiellement le même que le « plan initial », et reste loin de ce qu’on est en droit d’attendre de la part d’un élève normal sous le rapport de l’intelligence et qui aurait travaillé de manière honnête, mais au moins il a plusieurs qualités que le plan initial n’avait pas. (a) Il a gagné en énergie, par la suppression du III. (b) Il propose au moins une citation d’auteur qu’il ne peut pas avoir inventée. (c) Il mentionne un exemple pertinent, hélas sans l’approfondir. (d) Et il est un peu moins superficiel que le précédent car il évoque la notion d’ambition. Une copie ainsi construite recevrait sans doute la note de 07 et les connaissances vaudraient au moins +1.

07+1 = 08/20.

Sans être fameuse, cette note n’a rien d’humiliant et si votre stratégie consiste à ne pas perdre trop de points à l’épreuve de philosophie, ce faible travail peut suffire. Pourtant, voilà qui serait fort dommage, car il est possible, à bon compte, de faire nettement mieux, et cela sans se casser la tête trop longtemps. Comment ? Il faut réfléchir ce plan, c’est-à-dire le réexaminer par la pensée, pour voir où il reste faible et critiquable.

C’est d’ailleurs ce que nous avons fait ci-dessus, après le « plan initial ». Reprenons l’exemple d’Armel Le Cléac’h.

Aucun doute : le VendéeGlobe a dû être physiquement éprouvant pour lui.

Il est donc possible d’être heureux tout en souffrant (et sans être masochiste !), alors que l’opinion du II consiste justement à essayer d’éviter la souffrance. De là une question : le bonheur est-il une période de plaisirs ininterrompus, ou bien est-il un état psychologique indépendant des plaisirs ou des souffrances physiques ? Cela voudrait-il dire qu’un malade qui souffre de manière continue pourrait être heureux ? Cette brève réflexion suffit à remodeler le plan de manière plus problématique. Plan n°3 « amélioré » Introduction (idem que dans le plan n°2) : D’après Aristote, le bonheur est le « souverain bien ». Tout le monde le poursuit.

Or, d’après l’opinion commune, le bonheur ne nous tombe pas tout cuit dans la bouche.

Il faudrait nous donner du mal pour être heureux : travailler, gagner de l’argent, faire des compromis pour vivre une vie familiale harmonieuse, etc.

Une question se pose alors : faire tous ces efforts, est-ce vraiment le bonheur ? I/ Il faut se donner du mal pour être heureux, car on n’a rien sans rien et qu’avec assez d’effort on peut atteindre la plupart de ses objectifs, surtout quand ils sont ambitieux. Justification avec l’exemple d’Armel Le Cléac’h : s’il ne s’était pas donné tant de mal, il n’aurait pas gagné le VendéeGlobe.

Donc il est possible d’être heureux psychologiquement malgré la souffrance physique. II/ Cette dernière idée est tout de même choquante.

Que penserait un malade en soins palliatifs si on lui disait que le bonheur est un état psychologique et qu’il ne fournit pas assez d’efforts pour être heureux ? Il est sans doute plus exact de considérer que le bonheur consiste à multiplier les plaisirs du corps, grands ou petits, peu importe.

Au lieu d’aller chercher des ambitions très relevées, mieux vaut se contenter des « petits plaisirs de la vie ». C.

Le mot « bonheur » est ambigu.

Il peut désigner ou bien la fierté joyeuse de celui qui parvient à satisfaire une ambition élevée après de longues périodes d’efforts et de souffrances, ou bien l’accumulation quotidienne de plaisirs sensuels.

Les deux conceptions sont valables, et selon qu’on retient l’une ou l’autre, on conclura qu’il faut, ou pas, se donner du mal pour être heureux. Correction. Ce plan conserve les connaissances du plan n°2 (+1) mais il approfondit la notion de bonheur, et opère une distinction conceptuelle.

Certes, le cœur du problème n’est pas dégagé, mais la copie s’en rapproche.

Elle mériterait donc 08, voire 09, +1.

Si le candidat n’atteint pas la moyenne, il la frôle. Comment faire encore mieux ? À ce stade, il faut mobiliser des connaissances philosophiques précises.

Il serait peut-être possible de les découvrir par la force de la réflexion, mais cela risque d’être assez compliqué en quatre heures. La « vie heureuse » selon Épicure (vers -350 av.

J.-C.) Lettre à Ménécée Épicure affirme que le plaisir est « le début et la fin de la vie heureuse ».

Or, nous sommes animés par des épithumaï (désirs, inclinations) nombreux et variables.

Certains semblent nous apporter plus de plaisir que d’autres.

Si le bonheur consiste à maximiser le plaisir et minimiser la souffrance, nous avons intérêt à nous en tenir au « meilleur rapport qualitéprix », en quelque sorte : quels épithumaï nous demandent le moins d’efforts pour le maximum de plaisir ? Épicure distingue (comme taxinomie) trois catégories d’épithumaï : naturels et nécessaires ; simplement naturels ; et vains (ou artificiels). • La première catégorie, celle des « besoins vitaux » (naturels et nécessaires) consiste en une liste limitative fort brève : s’alimenter, se reposer et parler avec nos amis (Épicure considère que le langage essentiel à l’humain). • La deuxième catégorie énumère les désirs spontanés, mais non pas vitaux : le sport, l’hygiène, l’envie de manger tel plat particulier, la sexualité, etc. • Enfin, la troisième catégorie réunit tous les désirs nocifs (produits stupéfiants, toxiques, etc.), les désirs portant sur des objets artificiels (produits par l’industrie humaine, ainsi tous les objets techniques, les produits de luxe, les bijoux etc.) et tous les désirs portant sur des.... »

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