Faut-il avoir confiance en soi ?
Extrait du document
«
Introduction
La confiance en soi est souvent présentée comme une qualité dont il faut être doté.
A l'inverse on reproche
à certains individus leur trop grande confiance en eux.
Une trop grande confiance en soi nous pousse à prendre des
risques.
Le sujet nous demande s'il faut avoir confiance en soi, ce qui revient à faire de la confiance en soi un
devoir.
La confiance en soi peut-elle être un devoir ?
Aristote la vertu est médiété
Aristote dans L'Ethique à Nicomaque tente d'établir ce qu'est une
attitude souhaitable.
Aristote ne s'intéresse pas à la morale en elle-même, il
chercher plutôt en quoi consiste une attitude convenable.
Pour Aristote une
attitude convenable est une attitude médiane entre l'excès et le défaut.
L'avare ne donne pas assez d'argent, le prodigue en donne trop sans
considérer à qui il est bon d'en donner.
La générosité, qui est une vertu, est
donc une moyenne entre ces deux attitudes excessives.
Pour ce qui est de la
confiance en soi la réponse serait identique.
N'avoir aucune confiance en soi
est un défaut, mais être trop confiant de même.
La question de savoir s'il est
convenable d'avoir confiance en soi trouve donc sa réponse.
Il faut être
suffisamment confiant en soi, mais tout excès est mauvais.
Un excès dans
une vertu devient un vice, de même que l'excès de courage devient de la
témérité, qui est un défaut.
"La vertu est une disposition à agir d'une façon délibérée, consistant en
un juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé rationnellement
(sous la forme d'un rapport) et comme le déterminerait l'homme
prudent.
C'est un juste milieu entre deux vices, l'un par excès et l'autre
par défaut; et c'est encore un juste milieu dans la mesure où certains vices sont au-dessous, et d'autres
au-dessus de « ce qu'il faut », dans le domaine des affections aussi bien que des actions, tandis que la
vertu, elle, découvre et choisit la position moyenne.
C'est pourquoi, dans l'ordre de la chose et de la
définition exprimant l'essence, la vertu est un juste milieu, tandis que dans l'ordre de l'excellence et de
l'accompli, c'est un sommet." ARISTOTE.
Aristote récapitule sa définition de la vertu morale, qui fait intervenir, plutôt qu'un principe rationnel abstrait, une
rationalité propre à l'action, faite de juste mesure et incarnée par l'homme prudent (phronimos) qui fait intervenir à
bon escient sa faculté de calcul (logistikon).
Remarquons d'emblée que pour Aristote, la norme de l'action vertueuse n'est pas un principe général, mais un être
de chair et d'os : c'est l'homme prudent.
Lui seul est apte à déterminer le juste milieu, qui n'est pas défini de façon
purement mathématique (comme 7 serait la moyenne arithmétique de 2 et de 12, puisque (12+2)/2 = 7, et 6, leur
moyenne géométrique : 2/6 = 6/12).
S'il y a du défaut et de l'excès dans le domaine de l'action, il faut en juger d'un
point de vue qualitatif.
La définition aristotélicienne de la vertu prend place dans une doctrine des facultés de l'âme.
La partie désirante de
l'âme connaît plusieurs régimes : la convoitise (intempérance des désirs du ventre et du bas-ventre) ; l'impulsion
(emportement, colère); le souhait.
Ce dernier n'est pas intrinsèquement rationnel (on peut en effet souhaiter
l'impossible), mais il est plus accessible que les deux autres à la raison.
Une fois éveillé le souhait, la faculté pratique
de l'âme calcule et fait le choix des moyens appropriés à ce souhait.
C'est ici que la vertu de prudence intervient :
elle introduit dans la matière du souhait la forme d'une délibération relative à ce qui est en notre pouvoir.
Toutefois,
cette prudence n'a pas le pouvoir de modifier la direction du souhait.
La décision qui suit la délibération ne fait
qu'entériner la cohérence de la fin souhaitée avec les moyens retenus.
« Mais la délibération (oeuvre de la raison
calculatrice) ne porte pas sur les fins, mais seulement sur les moyens d'atteindre les fins ».
(III, 5) Faut-il en
conclure que la raison dans l'action se borne à un rôle d'intendance ? Que nous ne pouvons changer nos désirs ? Il
reste que, pour Aristote, « le méchant, tout comme l'homme de bien, est cause par lui-même de ses actions, même
s'il n'est pas la cause de la fin ».
Il y a bien quelque chose de contingent dans les diverses dispositions des hommes
à agir.
Quelque chose qu'ils ont l'impression de ne pas avoir choisi (tempérament, tendances, etc.).
Ils n'en sont pas
moins responsables de leurs actes.
En ce sens, Merleau-Ponty pourra dire : « La gloire des résistants, comme
l'indignité des collaborateurs, suppose la contingence de l'Histoire, sans laquelle il n'y aurait pas de coupables en
politiques, mais aussi sa rationalité, sans laquelle il n'y aurait que des fous ».
Transition
Aristote nous dit dans quelle mesure la confiance en soi est souhaitable, il ne dit pas en quoi celle-ci est un
devoir..
»
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