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Faire son devoir, est-ce renoncer à sa liberté ?

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« Termes du sujet: DEVOIR: 1) Obligation morale, opposée à obligation juridique; le devoir est une obligation interne au sujet, l'obligation juridique une obligation externe (une contrainte). 2) Le problème sous-jacent consistant à trouver le fondement de cette obligation, Kant fera du devoir un absolu: "Le devoir est la nécessité d'accomplir l'action par pur respect pour la loi." 3) Un devoir: tout ce qui correspond à une obligation morale. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. RENONCER: abandonner un droit, une idée, se défaire, se dessaisir, se démettre. [Introduction] Qu'est-ce qu'être libre ? Doit-on pour le définir se fier à ses sentiments et impressions, qui invitent à admettre que la liberté consiste à faire ce que l'on veut quand et comme on veut, sans jamais se préoccuper de ce que l'on devrait faire ? Faut-il au contraire admettre que la vraie liberté ne se conçoit que dans un cadre collectif, qui fait immédiatement surgir un certain nombre de règles et de devoirs, nous autorisant certains comportements mais nous en interdisant d'autres ? Dans ce cas, comment concilier liberté et devoir, ou comment comprendre la nécessité de leur coexistence ? Faire son devoir, est-ce renoncer à sa liberté, ou au contraire l'accomplir ? [I.

L'indépendance rêvée] Il est certes séduisant – et cela a l'avantage de supposer peu de réflexion – d'admettre que je suis libre si ou quand je ne suis obligé à rien.

Je peux avoir alors l'impression de ne suivre que ma volonté, mes désirs ou mes impulsions, de me comporter selon ma propre initiative.

Je me lève à l'heure de mon choix, je choisis de me rendre ou non au travail puisque je ne conçois pas ce dernier comme un devoir, je passe mon temps comme je l'entends, selon un rythme et des activités (ou inactivités) dont je décide selon mon bon plaisir. En forçant à peine le trait, on retrouve là le portrait de ce que Rousseau nommait l'homme «de la nature », dont il considère en effet qu'il bénéficie d'une parfaite indépendance.

Et pour cause : vivant seul, à l'écart des autres, profitant de ce que son environnement lui apporte pour subsister sans travail, ignorant tout emploi défini de son temps, pouvant sommeiller un jour entier sans en subir de conséquences puisque le lendemain fruits et racines sont toujours à sa disposition, etc.

Seul problème : cet homme de la nature est en fait dénué des caractères ou qualités que l'on attribue en général à l'être authentiquement humain : il n'a ni langage, ni pensée, ni sentiments, ni vie familiale ou sociale ; il est sans aucune connaissance, et son pouvoir est limité par ses seules forces physiques. Sans doute n'est-il pas question de revenir à un tel état « primitif ».

Mais comme il serait néanmoins tentant de vivre en étant soulagé de tout devoir ! Plus de travail à fournir, plus de règles à observer au cours des promenades, plus d'impôts à payer ni de propriété à respecter : je m'empare de ce dont j'ai envie.

À ceci près que, dans la société telle qu'elle est devenue, je risque fort de ne pas aller jusqu'au bout de ma promenade (parce que j'aurai été renversé par un autobus), ou de me retrouver avec de sérieux ennuis parce que le voisin dont j'ai volé la voiture a porté plainte.

Décidément, la vie en société ne supporte pas cette « indépendance » qui apparaît non seulement impuissante dans certaines situations auxquelles je me trouve confronté (du fait de mes seules forces physiques), mais qui est surtout incompatible avec celle dont pourraient vouloir bénéficier en même temps que moi les autres : si chacun prétend faire ce qu'il veut ou désire, les conflits se multiplient. [II.

Le devoir social] Dès que les autres sont présents, les devoirs à leur égard se multiplient.

La vie en collectivité impose un emploi du temps, le respect des lois, une collaboration quasi permanente : le sujet y perd obligatoirement son indépendance. Par exemple, au travail, il doit suivre des rythmes dont il ne décide pas.

Toute sa vie quotidienne, ou peu s'en faut, est désormais réglée indépendamment de sa volonté — ou de ce qu'il croit être sa volonté, s'il est vrai qu'il ne parvient pas à distinguer dans cette dernière deux versants : celui qui concerne sa vie sociale et celui qui concerne sa vie privée. Dans son Contrat social, Rousseau résume précisément la difficulté de l'existence dans la collectivité relativement à l'indépendance initiale de chacun : il s'agit, dit-il, de trouver une forme d'association qui garantisse que ce que va perdre chacun, soit équilibré par un gain au moins équivalent, bien que de nature différente.

Ce à quoi chacun renonce, c'est une liberté vide, en réalité impuissante à résoudre les problèmes concrets : ainsi tous les futurs membres de la collectivité se retrouvent-ils également démunis, soit à égalité.

Ce à quoi ils accèdent par leur association, c'est une liberté civile ou politique, qui se différencie clairement de l'indépendance première puisqu'elle est la même pour tous et garantie par la loi.. »

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