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Explication de texte – Les politiques, Aristote

Publié le 16/04/2024

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« Explication de texte – Les politiques, Aristote Aristote aborde dans cet extrait de Les Politiques le thème du langage.

Le philosophe de la Grèce antique se demande si la vie en cité est-elle naturelle pour l’homme, ou si, au contraire, elle n’est qu’une construction à laquelle il n’est pas prédestiné.

Le problème réside ici dans le fait qu’il serait le seul être vivant naturellement politique : une exception parmi les animaux.

Quel élément le différencie-t-il donc des autres espèces ? La réponse d’Aristote se veut claire : selon lui, il est évident que l’homme est un animal politique destiné à la vie en cité, et que la chose qui le différencie des autres espèces n’est autre que le langage.

Ce texte peut être divisé en trois parties : une première, s’étendant du début à la ligne 7, dans laquelle le philosophe expose sa thèse selon laquelle l’homme serait un animal politique, plus que tout autre animal.

Et ce « car » il peut parler, là où le reste des espèces ne sont capable que de retranscrire des sensations grâce à leur voix, ce qu’Aristote va défendre dans une deuxième partie, des lignes 7 à 11.

« Mais » plus que parler, l’homme est capable de percevoir certaines notions grâce au langage, clé de la formation d’une cité, comme montré par l’auteur dans une troisième et dernière partie. Au début de cet extrait, et ce, avant même de l’avoir énoncé, Aristote affirme que sa thèse est « manifeste », c’est-à-dire qu’elle est indéniable, qu’elle s’impose avec évidence.

Si l’auteur déclare ceci en tout premier lieu, c’est très certainement car il est persuadé de la véracité de l’idée qu’il s’apprête à formuler, voir même que s’assurer de celle-ci n’est pas ici sa tâche principale.

Mais quelle est donc cette thèse si évidente ? Elles sont en réalité au nombre de deux : d’une part, la cité est quelque chose de naturel, d’autre part, l’homme est un « animal politique ».

Pour les Grecs de l’Antiquité, et donc pour Aristote, la cité est une communauté de citoyens, bâtie sur des pratiques culturelles et des lois communes.

Il faut donc ici entendre par « cité » une communauté politique, au même titre donc qu’un Etat contemporain, ou qu’une tribu indigène, du moment qu’il admet une forme de vie politique ainsi que des coutumes partagées par ses membres.

La cité est ainsi qualifiée par le philosophe de « naturelle », soit en d’autres termes de chose imposé par la nature en tant que principe, au même titre que la faim ou la soif.

Aristote affirme donc ici que la vie en communauté politique est une chose innée.

L’auteur nous dit que celle-ci n’est pas une construction culturelle propre à certains groupe d’hommes, mais bien une caractéristique ancrée dans l’essence même de l’être humain.

Cette idée est assez déroutante et est loin d’être « manifeste », dans la mesure où l’on peut remarquer que ni la création, car elles n’apparaissent qu’à l’antiquité, ni la gestion, en témoignent les nombreuses tensions et crise politiques qui adviennent, d’une cité ne sont naturelles pour l’homme.

Une vision inverse à celle d’Aristote est par exemple dépeinte dans le roman Sa Majesté des mouches de William Golding, paru en 1954.

Après que leur avion s’est écrasé, une quinzaine de jeunes garçons se retrouvent livrés à eux-mêmes sur une ile déserte.

Bien qu’ils tentent de former un semblant de cité, c’est bien une organisation primaire et tribale qui prend le dessus.

Cet ouvrage reflète donc la pensée qui serait de considérer la cité comme une construction culturelle, là où la nature laisserait l’homme s’organiser d’une manière proche de celle de l’animal. Mais si, selon Aristote, la cité est une chose naturelle, qu’en est-il des êtres humains qui la compose ? Ne sont-ils pas naturellement destinés à vivre en communauté politique ? Le philosophe qualifie en effet par la suite l’homme d’ « animal politique ». Ce terme semble, à première vue, aussi peu « manifeste » que la première affirmation de l’auteur, et parait même être un oxymore : un animal est lié à la nature, au sauvage, tandis que la politique est un concept ayant pour étymologie le grec « polis », la cité.

Aristote nous dit, grâce à ce terme, que la vie en communauté est en quelque sorte un instinct, propre à l’animal, pour l’homme, qu’il a pour but de vivre parmi l’une d’elles.

Elle n’est pas contingente à sa survie, elle n’a pas qu’un objectif secondaire comme une plus grande obtention de ressources, elle est bien nécessaire à celle-ci.

L’être humain est naturellement sociable, il cherche à vivre en groupe.

Mais plus qu’une simple communauté, à laquelle appartiendrait un animal seulement sociable, c’est bien une communauté politique que l’homme cherche à rejoindre, mais pourquoi ceci en particulier ? Car une communauté politique est régie par des lois, garantissant ainsi la liberté, et de ce fait, le bonheur de chacun.

L’homme chercherait donc le bonheur de manière instinctive, et pour le trouver, un vie en communauté politique s’impose. C’est pourquoi la vie en cité serait donc, selon Aristote, la seule vie acceptable pour un homme, celle évidente, celle « manifeste ».

Mais nous conviendrons qu’une cité est nécessairement composée de plusieurs individus, qu’en est-il alors des hommes vivant seuls, à l’écart de toute communauté ? Ne sont-ils par conséquent plus des hommes ? Aristote s’intéresse par la suite à la contraposée de sa proposition selon laquelle l’homme serait un « animal politique », soit au cas de l’individu qui vivrait « hors cité » de manière naturelle.

Car le philosophe distingue bien celui qui est en dehors d’une communauté politique à cause du « hasard des circonstances », tel pourrait l’être un enfant abandonné à la naissance, de celui qui l’est de manière naturelle.

Deux cas de figure sont alors exposés par Aristote : il est soit « dégradé » soit « surhumain » ; il est soit en manque soit en excès.

S’il est « dégradé », c’est bien parce qu’une vie sociale est nécessaire pour une vie tout court.

L’individu subit le manque de discussion, d’échange d’idées, de contact humain qui lui assurait une santé mentale saine.

Il se rapprocherait de l’animal au sens de bête.

Nous pouvons par exemple penser au cas de Robinson Crusoé, personnage principal du roman éponyme, qui s’est échoué sur une ile où il doit survivre seul.

Et ce n’est pas le manque de nourriture ou la maladie qui le dégraderont, mais bien la solitude, contre laquelle il doit lutter et qui le fera presque sombrer dans la folie.

Mais si, à l’inverse l’individu hors cité est « surhumain », c’est car il n’a besoin d’aucune vie sociale, qui est pourtant nécessaire, selon Aristote, pour survivre.

Il n’est donc pas ou plus un homme car s’étant affranchi des besoins de celui-ci : c’est un Dieu.

Car il ne peut être en aucun cas ce dernier, l’homme vivant hors cité est forcément dégradé.

La conséquence directe de cette idée est que, selon Aristote, cet individu est « naturellement passionné de guerre », dans la mesure où la communauté politique civilise l’homme, enrichie les idées de chacun par la discussion lui inculque les valeurs nécessaires à la cohabitation avec autrui.

Cet homme ne les maitrisant pas, car à l’écart de toute société, est en quelque sorte incomplet.

C’est une bête seulement dirigée par les pulsions et prêt à tout pour satisfaire ses désirs, se battre à tout bout de champ pour ses intérêts, sans prendre en considération les autres individus qui l’entourent.

Cet homme est comparable à un « pion isolé au jeu de trictrac » : il est seul, n’a plus aucune valeur, car il ne peut trouver cette qualité que dans la vie en cité.

Par ailleurs, si homme est un animal politique, alors cela implique que les autres animaux pas naturellement politiques : est-il une exception parmi ceux-ci ? Selon le philosophe grec, c’est bien le cas.

Il est même « évident », au même titre que toutes ses précédentes affirmations, que l’homme, au-delà d’être un « animal politique », l’est plus que n’importe quel.... »

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