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Examen critique de la théorie freudienne ?

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« a) Une pétition de principe ? L'analyse freudienne n'est-elle pas dans une large mesure une pétition de principe ? N'est-ce pas parce qu'il présuppose l'existence de l'inconscient que Freud peut en découvrir les « manifestations » ? Ainsi : les récentes études neuro-physiologiques sur les mécanismes du sommeil et du rêve ont infirmé la thèse freudienne.

Le rêve ne serait pas un « discours » mais plutôt une activité cérébrale à fonction « reprogrammatrice ». Cf.

E.

Morin et M.

Piattelli-Palmarini, L'Unité de l'homme, II.

Le cerveau, chap.

2 (Point Seuil) ; les actes manques ne peuvent révéler l'existence de l'inconscient que si l'on postule qu'ils sont signifiants et constituent un discours.

Mais dire qu'ils forment un discours, c'est présupposer qu'existe ce sujet dont on voulait démontrer l'existence.

Or on peut tout aussi légitimement les considérer comme insignifiants au sens propre du mot. b) Une hypersémantisation aberrante ? On pourra donc reprocher à la psychanalyse de fonder sa théorie de l'inconscient grâce à une hypersémantisation (c'est-à-dire l'attribution d'une signification à tout fait considéré) qui s'appuie notamment sur une hypersymbolisation.

Ainsi Alain y voit-il une véritable idolâtrie des signes : « Le freudisme, si fameux, est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait ordinaires.

» {Éléments de philosophie, pp.

146-147).

Tout sera signifiant jusqu'à l'absence de signifiants puisque le discours de l'inconscient est censé se constituer essentiellement à l'intérieur du discours conscient par des failles, des incohérences, des lacunes.

Cf.

Lacan : « L'inconscient est cette partie du discours concret en tant que transindividuel qui fait défaut à la disposition du sujet pour rétablir la continuité de son discours conscient [...].

L'inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c'est le chapitre censuré.

» (Ecrits, pp.

258259).

À quoi l'on pourra objecter que si l'inconscient-discours se constitue de ces incohérences, de ces « blancs », de ce qui ne fait pas sens dans le sens du discours, il ne paraît pas possible de le décrypter.

Le déchiffrer n'est-ce pas donner du sens à ce qui par définition « fait défaut », échappe au sens, à ce qui est « ab-sens » ? Dans ces conditions n'est-il pas contradictoire de faire parler l'inconscient? Mais dès lors qu'il ne parle plus, sur quoi établiraisje son existence ? c) La psychanalyse comme pseudo-science : K.

Popper Cette hypersémantisation fait de la psychanalyse un système herméneutique, ou interprétatif, qui en tant que tel apparaît irréfutable.

Et c'est précisément cette irréfutabilité qui, selon K.

Popper, relègue la psychanalyse au rang de pseudoscience, au même titre que, par exemple, l'astrologie. Pour Popper, en effet, une théorie scientifique ne peut jamais être vérifiée (c'est-à-dire qu'on ne peut jamais dire qu'elle est absolument vraie), mais seulement « falsifiée », c'est-à-dire réfutée (on peut dire, en se fondant sur tel(s) fait(s) que telle théorie est démontrée fausse, tandis que telle autre ne l'est pas et peut donc être (provisoirement) acceptée, jusqu'à ce que de nouveaux faits l'infirment).

Une théorie véritablement scientifique doit donc énoncer les conditions dans lesquelles elle devrait être tenue pour fausse.

Or la psychanalyse est incapable d'énoncer ces conditions : elle sera au contraire toujours apte à interpréter n'importe quel fait comme la justifiant : même des faits parfaitement contradictoires seront toujours susceptibles de la confirmer. Dans ces conditions, la doctrine freudienne de l'inconscient non seulement ne saurait être certaine, mais encore ne doit être considérée que comme une théorie non scientifique, une simple mythologie. L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudosciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

» Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout. »

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