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Est-il suffisant de suivre la morale établie pour être moral ?

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            ● C?est ce que met en évidence Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem. Elle analyse l?attitude du nazi Eichmann lors de son procès à Jérusalem, et montre la bonne conscience avec laquelle il appliquait la loi du 3ème Reich. Cet homme était d?autant plus dangereux qu?il était convaincu d?être le défenseur d?une cause absolument morale, et d?être lui-même moral. En effet, en considérant que l?obéissance au Führer était un devoir, il s?ensuivait qu?il fallait suivre tous ces ordres, et qu?y désobéir serait immoral.             ● Si suivre en apparence la morale établie ne suffit pas, y obéir totalement n?est pas non plus suffisant pour être moral.   III/ Etre moral nécessite une autonomie de la pensée et un sens critique :                 Depuis le début, nous cherchons à savoir de quelle manière suivre la morale pour être moral : faut-il simplement suivre en apparence ses principes, ou faut-il aller plus loin. Mais nous n?avons pas encore remis en cause la morale établie elle-même, ni cherché s?il existait d?autres moyens permettant de guider l?action.             ● Ce qui pose problème chez Kant, est le fait qu?il ne prend pas du tout en compte la fin de ses actions. Autrement dit, le point de vue kantien est déontologique, parce qu?il se conçoit indépendamment de toute conséquence qui pourrait résulter l?action. Or, être moral consiste non seulement à agir selon certaines règles mais il ne faut pas oublier que la moralité d?une action est jugée en fonction de son résultat, de sa réception.

« Introduction : ● Bien définir les termes du sujet : - « Suffisant » : est suffisant ce qui suffit, ce qui n'a pas besoin d'autre chose que de lui-même.

Ici, il s'agit d'une condition suffisante – suivre la morale – c'est ce qui se suffit à lui-même pour entraîner une conséquence. - « Morale établie » : contrairement à l'éthique, les principes devant régir l'action ne sont pas déterminés par le sujet individuellement, mais par un groupe qui les pose comme un ensemble de règles à suivre.

Autrement dit, « la morale établie » constitue le code moral social, c'est l'ensemble des règles de conduite admises à une époque donnée dans un groupe ou une société donné. - « Etre moral » : c'est ce qu'il s'agit ici de définir, il n'est donc pas possible de donner une définition définitive, mais cela désigne en général un individu qui agit conformément à des principes qu'il se donne ou qui lui sont donnés. ● Construction de la problématique : Le sujet nous invite à trouver quelles sont les conditions qui feraient de nous des êtres moraux, et demande si suivre simplement la morale suffirait.

Mais on voit bien qu'il existe des cas où la morale est suivie par un intérêt qui lui, échappe totalement à la morale.

Sans compter les cas où la morale se trouve prise elle-même dans des paradoxes. è Se pose donc la question de savoir à quelle condition on peut désigner un individu comme étant moral. Quelles doivent être les caractéristiques de son action pour qu'on puisse le désigner comme tel ? Plan : I/ Agir conformément à la loi morale n'est pas être moral : Il est possible d'agir d'une manière tout à fait conforme à la morale, d'avoir les apparences de la morale, sans pour autant être moral.

En effet, certaines actions peuvent sembler morales, mais avoir en réalité un tout autre intérêt, comme par exemple, passer pour pieux, ou honorable. ● C'est ce qu'explique Kant dans La Critique de la raison pure, où il distingue la moralité de la légalité.

En effet, selon lui, la légalité consiste en la simple obéissance extérieure à la loi morale – l'individu agit conformément au devoir- tandis que la moralité consiste dans une action qui a non seulement une apparence morale, mais aussi une intention morale – l'individu agit par devoir.

C'est donc l'intention qui préside l'action qui fait que l'on est ou non moral, et non pas la forme de cette action. ● Etre moral, c'est donc agir par pure représentation de la loi morale –c'est-à-dire selon le devoir ; cela constitue l'action bonne par excellence. Pour être moral, il faut donc que celui qui agit accomplisse l'action par devoir, et non par inclination.

Il doit aussi faire en sorte que l'action accomplie par devoir tire sa valeur non du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée.

Dernier critère énoncé par Kant, Pour être moral, l'individu doit accomplir l'action par nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi (et non par pour un autre but) ● Il ne suffit donc pas de suivre en apparence la loi morale pour être moral, il faut être guidé par une intention morale. Seule la bonne volonté, cad la volonté d'agir conformément aux prescriptions du devoir moral, vaut absolument. Certes les talents de l'esprit comme l'intelligence, le jugement, la vivacité d'esprit, ainsi que les qualités de tempérament comme le courage, la persévérance, l'esprit de décision, sont, sans aucun doute, des choses bonnes en elles-mêmes.

Le courage, par exemple, ne peut-il pas être mis au service du crime ? Il faut donc conclure qu'elles ne sont bonnes qu'autant qu'elles sont les instruments d'une bonne volonté.

Ces capacités sont en outre des dons de la nature ou du hasard.

Il en résulte que si la morale kantienne exige que je mette en œuvre tous les moyens dont je dispose pour faire mon devoir, elle ne fait pas de la réussite de mon entreprise une condition de la moralité de mon action.

Autrement dit, l'absence de résultat ne peut rien retrancher à la valeur morale de l'action, pas plus que la réussite ne peut y ajouter quelque chose.

Une action faite par devoir tire sa valeur morale, non du but qu'elle doit atteindre, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée.

L'action accomplie par devoir a toute sa valeur en elle-même, se distinguant par là de toute action intéressée, qui fait du résultat son seul but. Elle n'a pas non plus à se soucier des résultats qui dépendent des capacités de l'agent et de circonstances contingentes. II/ Même avec les meilleures intentions morales, une action peut n'être pas morale : Chez Kant, cette intention morale qui préside et rend l'action réellement morale, et fait donc de l'individu qui en est à l'origine un individu moral, peut parfois mener à des incohérences.

C'est ce qu'il est possible d'appeler les paradoxes de la morale.

C'est lorsque en étant le plus moral possible sur le plan des intentions l'individu en vient à ne plus l'être sur le plan pratique. ● C'est ce que met en évidence Benjamin Constant dans Du droit de mentir, lettre qu'il adresse à Kant, et dans laquelle il prend pour exemple une situation délicate où la stricte obéissance à la loi morale n'est pas forcément. »

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