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Est-il possible de vraiment connaître autrui ?

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« Est-il possible de vraiment connaître autrui ? Est-il légitime d'affirmer que l'on connaît vraiment autrui ? Autrui n'est pas un " objet " comme un autre, qu'il serait possible de connaître de manière objective et nécessaire, définitive et intégrale.

La " vérité " d'une personne est difficilement définissable, en partie parce qu'il est difficile de trouver des critères d'investigation (faut-il examiner ses faits ? ses paroles ? son aspect physique ? etc.

: tout cela suffit-il à savoir qui est l'autre ?).

Mais il faut aussi examiner le deuxième aspect de la question : ai-je le droit d'affirmer que je connais quelqu'un ? Ne serait-ce pas le rendre totalement prévisible, le figer dans une idée qu'on s'en fait, et que l'on prétend valoir de manière définitive comme définition de cette personne ? Autrement dit, affirmer que l'on connaît vraiment quelqu'un, n'est-ce pas lui ôter sa liberté, ce qui est évidemment illégitime ? La connaissance d'autrui par analogie Je perçois mes états internes et les réactions corporelles qui y sont associées.

Partant de cette connaissance de mon moi, je pourrais, en observant les comportements d'autrui, en déduire sa vie psychique.

C'est oublier qu'un même comportement corporel peut exprimer des états de conscience différents, qu'autrui peut simuler ou dissimuler ses sentiments, ses pensées.

En outre, la connaissance d'autrui par analogie repose sur le postulat implicite d'une nature humaine universelle.

Or les êtres humains ne sont pas identiques.

Enfin, connaître autrui par analogie, ce n'est pas connaître l'autre qui est différent de moi, mais un autre moi-même, un moi semblable à moi.

Connaître autrui, dans ce qu'il a d'original par rapport à moi, est donc hors de portée d'un raisonnement par analogie. La connaissance d'autrui par intuition? On pourrait penser que la signification du comportement d'autrui nous est immédiatement donnée, en même temps que la perception de celui-ci.

Il est vrai qu'il existe des modes d'expression spontanés qui parlent directement d'euxmêmes.

Ainsi, par exemple, la douleur, dans le cri, se manifeste immédiatement par le mode d'intonation, la puissance et la modulation.

Cependant, en dehors de quelques gestes ou signes naturels, la plupart des modes d'expression corporels varient d'une culture à une autre et même d'un individu à un autre.

La connaissance intuitive, c'est-à-dire immédiate de la signification du comportement d'autrui, est donc souvent sujette à l'erreur. Reconnaître autrui plutôt que chercher à le connaître. En fait, tout sujet expulse hors de soi et localise dans l'autre des sentiments, des désirs qu'il méconnaît ou refuse en lui.

Ce phénomène qualifié de « projection » a été mis en avant par Freud.

Tel sujet, par exemple, se défend de ses propres désirs d'être infidèle, en imputant l'infidélité à son conjoint.

Le raciste attribue au groupe haï ses propres fautes et penchants inavoués.

Comment pourrais-je connaître autrui si j'ignore la part d'étrangeté ou cet « autre » qui est en moi? Et si autrui se dérobe à tout savoir que je pourrais détenir sur lui, ce n'est pas seulement parce qu'il diffère de moi, mais c'est aussi qu'il est un sujet dont l'identité se constitue à travers toute une histoire personnelle. Au lieu de chercher à connaître autrui, n'est-il pas préférable de le respecter comme ce qu'il est : Autre? Sans cette reconnaissance qui n'est pas une connaissance, sans ce « laisser-être d'autrui comme existant hors de moi d'abord dans son altérité, aucune éthique ne serait possible. "Cette intimité qui me protège et me définit est un obstacle définitif à toute communication ...

Seule la subjectivité est une existence véritable, mais elle est, par essence, incommunicable.

Je suis tout seul et comme muré en moi-même -moins solitaire qu'isolé.

Mon jardin secret est une prison." G.

Berger, Du prochain au semblable. "Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre." Sartre, L'existentialisme est un humanisme. "Or, autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moi pour être perçu une opération contradictoire, puisque je devrais à la fois le distinguer de moi-même, donc le situer dans le monde des objets; et le penser comme conscience, c'est à dire comme cette sorte d'être sans dehors et sans parties auquel je n'ai accès que parce qu'il est moi et parce que celui qui pense et celui qui est pensé se confondent en lui.

Il n'y a donc pas de place pour autrui et pour une pluralité des conscience dans la pensée objective...

mais, justement, nous avons appris à révoquer en doute la pensée objective." Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p.402 "La société moderne, sous l'impulsion de la technocratie fanatique, entreprend l'isolement de chacun, claustré dans son appartement, dans son automobile ou son bureau; à l'image du cosmonaute dans sa cabine spatiale..." F. George, Autopsie de Dieu, p.12, Julliard.. »

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