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Est-il naturel de travailler ?

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« INTRODUCTION Le travail se présente d'emblée comme une activité contraignante : le travail nous contraint et nous impose des limites à suivre.

Le travail est semblable à une soumission.

Est-il naturel à l'homme de travailler ? Est-il naturel à l'homme de suivre des contraintes, un emploi du temps, d'appliquer des procédures codifiées ? Pourquoi travaillonsnous ? Le travail participe-t-il de la nature de l'homme ? L'homme n'est-il pas un être voué à la liberté ? PROPOSITION DE PLAN I.

Travailler est-il naturel ? 1.

Le mythe de Prométhée Texte Protagoras, 320c-321d, traduction Dacier et Grou révisée par É.

Saisset (1869). PROTAGORAS.

— [...] Il y a eu un temps où les dieux existaient seuls, et où il n'y avait encore aucun être mortel. Lorsque le temps destiné à la création de ces derniers fut venu, les dieux les formèrent dans les entrailles de la terre, en mêlant ensemble la terre et le feu et les deux autres éléments qui entrent dans la composition de ces deux premiers éléments.

Mais avant que de les laisser paraître à la lumière, ils ordonnèrent à Prométhée et à Épiméthée1 de les orner et de leur distribuer toutes les qualités convenables.

Épiméthée pria Prométhée de permettre qu'il fît seul cette distribution, à condition, dit-il, que tu l'examineras quand je l'aurai faite.

Prométhée y consentit.

Voilà donc Épiméthée en fonction.

Il distribue aux uns la force sans la vitesse, et aux autres la vitesse sans la force.

Il donne des armes naturelles à ceux-ci ; et à ceux-là il leur refuse des armes, mais il leur donne d'autres moyens de se conserver et de se garantir.

À ceux à qui il donne la petitesse de corps, il assigne les antres, les souterrains pour retraite, ou, en leur donnant des ailes, il leur montre leur asile dans les cieux.

À ceux à qui il donne la grandeur en partage, cette grandeur suffit à leur conservation.

Il acheva ainsi sa distribution avec le plus d'égalité qu'il lui fut possible, prenant bien garde qu'aucune de ces espèces ne pût être détruite.

Après leur avoir donné tous les moyens de se garantir de la violence les uns des autres, il eut soin de les munir contre les injures de l'air et contre les rigueurs des saisons.

Pour cela, il les revêtit de poils épais et de peaux serrées très capables de les défendre contre les gelées de l'hiver et contre les ardeurs de l'été, et qui, lorsqu'ils ont besoin de dormir, leur servent de couvertures.

[...] Cela fait, il leur assigna à chacun leur nourriture : à ceux-là les herbes, à ceux-ci les fruits des arbres, à d'autres les racines, et il y eut telle espèce à qui il permit de se nourrir de la chair des autres animaux; mais, pour cette espèce, il la rendit peu féconde, et accorda une grande fécondité à celles qui devaient la nourrir, afin qu'elle se conservât Mais comme Épiméthée n'était pas fort prudent, il ne prit pas garde qu'enfin il avait employé toutes les qualités pour les animaux privés de raison, et qu'il lui restait encore à pourvoir l'homme.

Il ne savait donc quel parti prendre, lorsque Prométhée arriva pour voir le partage qu'il avait fait.

Il vit tous les animaux parfaitement partagés, mais il trouva l'homme tout nu, n'ayant ni armes, ni chaussures, ni couvertures.

Déjà paraissait le jour destiné pour tirer l'homme du sein de la terre et pour le produire à la lumière du soleil; et Prométhée ne savait que faire pour donner à l'homme les moyens de se conserver.

Enfin voici l'expédient dont il s'avisa : il déroba à Héphaïstos et à Athéna 2 le secret des arts et le feu (car sans le feu cette science ne pouvait être possédée : elle aurait été inutile), et il en fit présent à l'homme.

Voilà de quelle manière l'homme reçut la science de conserver sa vie. 1 - Étymologiquement, Prométhée est celui « qui réfléchit avant», Épiméthée celui «qui réfléchit après». 2 - Héphaïstos et Athéna sont les dieux des arts utiles à la vie : Héphaïstos (dieu du feu) fournit les instruments, Athéna (déesse de l'intelligence) la connaissance pratique. 2.Technique et intelligence.

La main, outil universel - outil des outils Texte ARISTOTE, Les parties des animaux, 687 b, trad.

P.

Louis, Paris, Les Belles Lettres, pp.

136-137. "Anaxagore prétend que c'est parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des animaux.

Ce qui est rationnel, plutôt, c'est de dire qu'il a des mains parce qu'il est le plus intelligent.

Car la main est un outil ; or la nature attribue toujours, comme le ferait un homme sage, chaque organe à qui est capable de s'en servir.

Ce qui convient, en effet, c'est de donner des flûtes au flûtiste, plutôt que d'apprendre à jouer à qui possède des flûtes. C'est toujours le plus petit que la nature ajoute au plus grand et au plus puissant, et non pas le plus précieux et le plus grand au plus petit.

Si donc cette façon de faire est préférable, si la nature réalise parmi les possibles celui qui est le meilleur, ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains. En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main. Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et il n'a pas d'armes pour combattre) sont dans l'erreur.

Car les autres. »

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