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Est-ce pour prévenir la récidive que la justice punit ?

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« Sujet : Est-ce pour prévenir la récidive que la justice punit ? AIDE DE L'ELEVE: Il s'agit ici de s'interroger sur le sens de la punition.

Au premier abord, on punit lorsqu'on veut sanctionner un délit.

Il s'agit alors des conditions de la punition et de ses causes.

Ici, il faut aussi s'interroger sur les fins de la punition.

On peut alors se demander si le but de la punition est d'exclure ou de permettre à l'individu de se réinsérer.

Il y a, en effet, plusieurs manières d'empêcher la récidive.

L'exclusion radicale pouvant aller jusqu'à la peine de mort est un moyen de l'empêcher. On peut aussi empêcher la récidive en enfermant définitivement un individu.

Il est aussi possible de le faire en soignant une personne.

Ainsi plusieurs problèmes se posent dans cette interrogation sur les fins de la punition.

La sanction a-t-elle pour but d'exclure ou de réinsérer, sachant que ces deux attitudes peuvent, à leur manière empêcher la récidive ? En ce sens, " empêcher la récidive " reste une formule assez vague puisqu'il s'agit de s'interroger sur les moyens permettant de l'empêcher. Cette question met aussi en jeu les rapports entre la peine et le délit.

Une stricte équivalence peut être un moyen d'empêcher la récidive : on coupe la main de celui qui a volé, on tue celui qui a tué...On saisit alors que le simple fait de vouloir empêcher la récidive repose sur l'idée d'une société sans délit.

Il faut alors se demander si cette idée a un sens.

Durkheim montrera ainsi que toute société a un taux incompressible de criminels.

Empêcher la récidive risque de conduire à ne réfléchir que par rapport à la société et non en prenant nécessairement en compte celui qui a commis le délit. [Il faut établir une juste proportion entre la peine et le délit. Une peine juste est une peine assez forte pour convaincre le criminel qu'il n'a pas intérêt à reproduire l'acte qui lui a valu d'être condamné.] Perdre définitivement la liberté est une peine dissuasive Il n'est personne, pense Beccaria, qui (...) puisse choisir la perte totale et définitive de sa liberté, si avantageux que puisse être le crime.» C'est pourquoi, «les travaux forcés à perpétuité, substitués à la peine de mort, ont toute la sévérité voulue pour détourner du crime l'esprit le plus déterminé» (Des Délits et des peines). L'actualité récente nous a donné une nouvelle fois l'occasion de vérifier que les hommes obéissent par crainte de la sanction.

Les nouveaux radars disposés sur les voies rapides ont fait chuter le nombre des accidents de façon significative.

La leçon est, en un sens, amère, quand on songe aux nombreuses campagnes de sensibilisation que la sécurité routière avait engagées.

Un constat réaliste s'impose.

Les phrases chocs et les images pénibles touchent moins que la menace d'une forte amende ou d'un retrait automatique du permis.

Cet exemple courant montre bien que les désirs de chacun ont du mal à se plier aux exigences d'un ordre commun. Point n'est besoin d'ailleurs de prendre des cas de figure extrêmes comme celui du criminel de sang froid. Chacun sait bien que le code de la route est indispensable mais nous avons tendance à l'oublier parfois.

Dans ce cas, l'obéissance est dictée par la peur de la punition dont l'effet dissuasif nous force à raisonner.

Nous anticipons les effets possibles de la transgression et nous en concluons que celle-ci n'en vaut pas la peine.

La raison se présente alors sous la forme d'un calcul d'intérêts.

C'est ainsi que Hobbes la définit dans le Léviathan. La crainte nous renseigne ainsi sur une disposition essentielle de la nature humaine.

Elle possède une valeur anthropologique.

Notre mémoire, notre sens de l'observation et de la déduction appuyé sur des habitudes inculquées par notre milieu font de nous des êtres désireux d'obtenir satisfaction mais soucieux d'éviter les échecs. La peine a une valeur exemplaire «La réaction sociale qui constitue la peine est due à l'intensité des sentiments collectifs que le crime offense», écrit Durkheim dans Les Règles de la méthode sociologique.

La peine a donc «pour fonction utile d'entretenir ces sentiments».

C'est en quoi elle prévient la récidive en même temps qu'elle est la juste application de la loi. Si l'on réfléchit maintenant à cette fonction proprement punitive du châtiment, on avance communément qu'il a pour but d'amender le criminel, et de dissuader les hommes de commettre d'autres infractions.

Envisageons l'un après l'autre chacun de ces deux termes. Très tôt, la justice s'est donné pour tâche de remettre le criminel sur le droit chemin.

Ainsi il importe moins de faire souffrir que d'infliger une peine susceptible de rendre le criminel meilleur qu'il n'est.

Derrière cette intention, se profile l'idée que le condamné peut et doit être réinséré dans le tissu social.

On entre alors de plain-pied dans le registre disciplinaire.

Le système judiciaire cherche à corriger, et à dresser en quelque sorte le criminel.

Foucault, dans Surveiller et punir, consacre de longs développements à la description des. »

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