Est-ce librement que nous désirons ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Liberté : On essaye souvent de définir la liberté négativement, comme une absence de contrainte mais on peut
aussi la considérer positivement, comme constituant l'état de celui qui fait ce qu'il veut.
La liberté pourrait alors être
vue comme la capacité à réaliser ses désirs, toutefois, nous remarquons bien que quelqu'un qui cède à ses moindres
désirs ne nous paraît pas libre : serait plutôt libre celui qui choisit entre ses désirs et opte pour celui qui lui paraît le
plus sage.
Dans la liberté intervient donc l'idée de choix : on est libre quand on est capable de choisir, mais se pose
alors la question de savoir sur quoi se fonde ce choix ? La tradition philosophique accorde généralement la
préséance à la raison : serait libre celui qui se déciderait toujours suivant des motifs rationnels, celui qui, ayant
pesé le pour et le contre, opterait pour la raison et résisterait à l'influence de ses passions.
Mais choisir la raison
contre la passion, c'est également choisir de s'inscrire avec harmonie dans le monde plutôt que sous le joug
chaotique des passions, car c'est souscrire aux exigences de la nécessité naturelle plutôt que de prendre ses désirs
pour la réalité.
La liberté consisterait alors à avoir la sagesse de changer ses désirs plutôt que de changer le monde.
L'homme libre serait alors celui qui adopte une attitude active, qui participe au cours des choses au lieu de subir la
situation.
Désir : Le désir consiste dans le fait de souhaiter la possession de quelque chose, l'avènement d'un événement, ou
la réalisation d'une action.
Il suppose une certaine insatisfaction, donne à la vie affective sa tonalité, suscite les
sentiments et les passions, est à la base de la vie active.
Comme le désir est quelque chose qui survient dans notre
esprit et dont on ne décide généralement pas, on a tendance à le rattacher au domaine des passions.
Le désir pose
problème, car en l'homme, il semble potentiellement infini.
Ainsi, celui qui chercherait à satisfaire tous ses désirs
deviendrait un éternel insatisfait et perdrait toute liberté.
Par ailleurs, le désir ne prend pas forcément en compte la
réalité objective du monde.
Par conséquent, il existe des désirs qui semblent voués à nous rendre malheureux, car ils
seraient irréalisables.
C'est pourquoi la tradition philosophique tend à imposer au désir le contrôle de la raison de
manière, d'une part à limiter la soif toujours inassouvie de désir qui occupe l'homme, et d'autre part à orienter le
sujet pensant vers des désirs réalisables.
Problématisation :
Si nous pouvions désirer librement, alors il est fort probable que le désir ne serait plus vraiment un problème.
En
effet, il nous suffirait de toujours choisir de désirer ce que nous possédons déjà pour être perpétuellement comblés.
Toutefois, la plupart des êtres humains s'accorderont sur le fait qu'il n'est pas si facile d'être comblé, et qu'en règle
général, nous ne sommes jamais parfaitement comblés.
Il s'ensuit que nous sommes forcés de constater que
l'harmonie ne règne pas parfaitement entre la liberté et le désir.
Mais alors, qu'est-ce qui empêche la liberté de
parfaitement prendre possession du désir ?
Proposition de plan :
1.
Le désir est lié aux passions.
a) Pour Aristote « Le désir est l'appétit de l'agréable » (Aristote, De l'âme).
Cela signifie que le désir serait une envie qui monte en nous, une passion qui
nous soulèverait à l'idée de quelque chose qui nous procurerait du plaisir et de
la satisfaction.
Le désir serait alors quelque chose qu'on subirait, c'est-à-dire
une passion au sens quasiment étymologique du terme, passion venant du
latin patior qui signifie « pâtir ».
b) Mais le désir est aussi quelque chose qui ne prend pas en compte la
réalité : il erre dans un sens ou dans un autre sans se préoccuper de ce qui
est possible ou non, de ce qui est vrai ou faux.
Platon explique que cela est
dû au fait que le désir trouve son ancrage dans le corps, et qu'il relève donc
des passions, de ce que Platon appelle le « monde sensible ».
Ce monde
sensible est trompeur, car les choses que l'on y perçoit sont illusoires, elles
sont multiples, différentes et changeantes alors que la vérité ne peut être
qu'unique et toujours identique à elle-même.
On ne peut parvenir à la vérité
que par l'intermédiaire de la raison.
Cette dernière s'oppose aux passions car
elle tente de comprendre objectivement le réel, c'est-à-dire non en fonction
des fluctuations du corps, mais en fonction de la vérité.
c) Il faut souligner par ailleurs que la liberté humaine ne peut vraiment se
réaliser que par l'intermédiaire de la raison, sans laquelle elle n'est qu'un
instinct animal, le niveau le plus faible de la liberté.
Pour un être humain, la
liberté consiste à se décider rationnellement vers telle ou telle action, et non
à suivre ses passions.
Agir librement, c'est utiliser sa raison pour se déterminer dans le sens de la vérité.
Par
conséquent, le désir et la liberté semblent strictement contradictoires, le premier reposant sur les passions et le
second sur la raison.
On ne pourrait donc « désirer librement », puisque le désir est ancré dans les passions et que
celles-ci s'opposent à la raison, et donc à la liberté..
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