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Est-ce le manque d'intelligence qui crée le manque de liberté ?

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« [Une démocratie peut rester une société libre même si les citoyens n'exercent plus leur esprit critique - ils suffit qu'ils se rallient à l'opinion de la majorité et aux décisions du gouvernement.] On peut être libre et ne pas réfléchir Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique, classique de la pensée politique, évoque le problème du paternalisme.

L'État paternaliste est un État qui, tel un père à l'endroit de ses enfants, oeuvre au bonheur du peuple.

Il devance les désirs et assure les besoins de ce dernier.

Dans cet État Providence, l'individu n'a aucun besoin de développer son intelligence.

Le gouvernement veillant à ses intérêts, il ne lui est pas utile de lutter, de défendre des idées ou de développer son esprit critique. La tendance des démocraties au despotisme chez TOCQUEVILLE La « tyrannie de la majorité » (Tome I, 11, 7 et 8) : la majorité est censée incarner la volonté du peuple et peut donc légitimement imposer ses décisions à la minorité.

Elle risque d'abuser de son pouvoir, en opprimant la minorité.

Dans une société égalitaire, l'opinion publique toute-puissante exerce un « empire moral » sur les hommes : par peur de ne pas ressembler aux autres et convaincus que il y a beaucoup plus de sagesse dans beaucoup d'hommes que dans un seul », ils se rallient à la pensée dominante. Le despotisme tutélaire : l'égalisation des conditions engendre l'atomisation du corps social et l'individualisme.

Les citoyens désertent l'espace public et ne se soucient que de leur bien-être.

Ils abandonnent l'exercice de leur libre-arbitre, en confiant à un pouvoir unique et central le soin d'administrer leur vie, de réglementer leur pensée et leur action pour garantir leur bonheur et leur sécurité.

Considérablement étendu et renforcé, l'État exerce une tutelle absolue sur des citoyens complices. La passivité n'abolit pas la liberté Le citoyen dans l'État paternaliste est libre.

Et même s'il ne fait pas usage de sa liberté, celle-ci existe.

On peut donc parler ici de liberté sans intelligence.

Tocqueville n'est toutefois pas un partisan de l'État paternaliste.

Ce type de gouvernement est plutôt, à ses yeux, un danger qui guette la démocratie.

Le danger d'une liberté pour ainsi dire dépourvue de contenu.

La liberté politique peut subsister malgré un abêtissement généralisé. [La démocratie est un système dynamique qui suppose une participation de chacun fondée sur l'usage de la raison.

Un peuple sans esprit ruine l'essence même de l'institution démocratique.] La notion d'équilibre est le fondement de la démocratie Une véritable démocratie repose sur l'équilibre entre les organes du pouvoir (exécutif, législatif, judiciaire), l'équilibre entre le peuple et le gouvernement, l'équilibre dans les rapports entre les citoyens.

Pour atteindre cet équilibre, il faut que chacun fasse usage de son intelligence, de son esprit critique, et n'hésite jamais à faire valoir ses droits, par exemple en défendant son opinion, en votant, en assurant une fonction politique. Le tyran limite l'intelligence des citoyens Dans la société totalitaire décrite par Orwell dans 1984, le tyran tente de réduire l'intelligence des citoyens afin de leur ôter leur liberté.

Pour ce faire, il interdit l'usage de certains mots, en espérant voir ces derniers disparaître du vocabulaire. Le tyran décrit dans 1984 a compris qu'il est impossible d'avoir certaines pensées si les mots qui les expriment font défaut.

Sans aller aussi loin, on constate que les gouvernements totalitaires cherchent toujours à limiter l'intelligence des citoyens en ayant recours à la censure ou en emprisonnant les intellectuels. Le point de vue de Tocqueville et celui selon lequel l'intelligence est le fondement de la liberté ne s'opposent qu'en apparence.

Ce que veut dire Tocqueville, c'est qu'une nation peut sombrer dans le despotisme sans que les signes extérieurs de la liberté ne disparaissent.

En effet, un État peut, tout en garantissant les libertés, le droit de vote, etc., faire en sorte que le peuple n'en fasse pas un usage réel.

Pour atteindre ce but, le pouvoir en place maintient le peuple dans un état d'ignorance et de passivité.

La liberté n'est plus alors qu'une pseudoliberté.

Dans un tel cas de figure, le peuple est semblable à un prisonnier qui, parce qu'il ignore ce qu'est la liberté, ne cherche pas à sortir de sa cellule.

Au contraire, la liberté réelle, celle qui fait vivre la démocratie, découle d'un exercice constant de l'intelligence.. »

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