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En quoi la liberté des Anciens diffère-t-elle de celle des Modernes ?

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« L'avènement du sujet-citoyen... John Stuart Mill, définissant en 1859, dans De la liberté, la liberté politique comme un ensemble de limites au pouvoir qu'exerce la société sur l'individu, précisait : « Elle (la liberté) se présente sous de nouvelles formes dans l'ère de Progrès où les groupes les plus civilisés de l'espèce humaine sont entrés maintenant.

» Cette liberté nouvelle rompt avec celle des Anciens, semble-t-il...

En qui fondamentalement la liberté politique d'un Athénien du ve siècle diffère-t-elle de celle d'un bourgeois anglais du XIXe ? L'homme n'est homme, dans l'Antiquité, que s'il est libre, c'est-à-dire au fond, détaché de toute obligation économique, de tout besoin naturel.

La politique commence là où s'arrête la nature, repoussée au-delà de l'enceinte de la Cité, ou bien confinée dans l'espace privé de la maison (oikia).

Dès lors les intérêts particuliers, au sens d'attachements sensibles, ne sauraient pénétrer l'agora.

La liberté politique s'exprime dans la recherche commune du bien collectif et la volonté de se rallier la majorité des opinions.

Il n'y a guère de conflits entre l'individu et la société puisque la notion même d'individu se trouve diluée dans la représentation organiciste de la Cité (un organisme composé d'organes), pas de heurts entre le civil et le politique puisque (conformément d'ailleurs à ces deux étymologies) ce sont des synonymes.

La liberté politique s'éprouve donc en commun. Avec la modernité, c'est-à-dire la révolution entamée par le « sujet », qui découvre grâce à la science (d'où l'allusion à l'idée de Progrès) la mesure de son empire sur les choses, la liberté devient individuelle.

Si notre rapport à la liberté politique s'est modifié, c'est précisément que la société a découvert l'individualisme.

Cet individualisme (qui succède à des siècles de représentation holiste) se développe avec la conviction désormais partagée par tous les citoyens que ceux-ci sont également libres. ...

a radicalement modifié le sens de la liberté politique. La notion d'individu permet en effet de penser l'articulation de la liberté et de l'égalité, laquelle apparaît véritablement comme l'aboutissement de l'Humanisme des Lumières (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits...

»).

La liberté politique dérive quasiment de la reconnaissance de l'égalité des hommes entre eux, elle est la réponse que doivent donner les Institutions à la question soulevée par la redéfinition de la nature humaine à laquelle s'est livrée au siècle précédant le jusnaturalisme. C'est donc dans l'individu désormais que réside cette « énergie », cette liberté d'agir et de créer dans laquelle les sociétés modernes, libérales, vont confier leur espoir.

Il importe donc de protéger cet individu désormais souverain contre une société avec laquelle il n'est plus nécessairement solidaire.

On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi l'équilibre des pouvoirs apparaît comme le trait d'union de tous les régimes « libéraux ». L'exécutif séparé du législatif comme du judiciaire laisse aux individus-citoyens une marge de liberté politique nouvelle.

Chacun des trois pouvoirs contrôlant, ou plutôt équilibrant les deux autres, le pouvoir ne se manifeste plus dans l'absolu d'une relation de servitude calquée sur le schéma gouvernants-gouvernés.

Une nouvelle définition du citoyen a produit de nouvelles institutions pour la Cité.. »

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