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En art, tout s'apprend-il ?

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« Si je dois apprendre quelque chose, c'est que je ne sais pas initialement ce quelque chose.

Et je saurai ce quelque chose au terme de mon éducation.

Il y a donc un avant et un après, ainsi qu'un changement dans mes connaissances ou mes capacités.

Ce que j'apprends, cela ne m'est donc pas inné : je ne l'ai pas à la naissance, cela ne fait pas toujours déjà partie de mon être, cela ne m'est pas naturel ; au contraire, c'est un acquis.

Apprendre, cela suppose aussi un (des) maître(s), ainsi qu'un (des) modèle(s).

Ce qui s'apprend, cela peut se dire, se montrer, s'écrire : ce n'est en rien mystérieux.

Il suffit d'un peu d'assiduité.

En ce qui concerne la notion d'art : le sens de technique est-il à retenir ? Est-il le sens principal ? N'est-il pas plus pertinent de comprendre ici la production des oeuvres d'art, du beau ? " Tout " invite à réfléchir sur ce qui, peut-être, échappe à l'éducation.

En art, quelque chose échappe-t-il à l'apprentissage ? Y a-t-il quelque chose que l'on ne peut pas acquérir ? Si oui, est-ce parce que cela est inné ? Qu'est-ce que le génie (selon Kant, par exemple) ? Ces questions se rapportent à l'artiste.

On pourrait aussi examiner les cas du spectateur ou de l'amateur. Nous avons tous pratiqué à l'école des matières ayant une connotation artistique telle que la musique ou le dessein. Mieux encore, certains d'entre nous pratiquent la musique, la peinture, la sculpture en-dehors du cadre scolaire, et s'imaginent déjà comme des futurs artistes.

Toutefois, suffit-il de pratiquer un art pour se considérer comme un artiste ? Peut-on affirmer être un artiste comme Picasso sous prétexte que l'on fait de la peinture ? Peut-on affirmer être un poète sous prétexte que l'on est capable d'écrire des vers ? Peut-on prétendre être un Mozart du fait qu'on est capable de composer une musique ? N'existe-t-il pas dans l'art quelque chose qui ne relève pas de la compétence technique ? Autrement dit, en art, tout s'apprend-t-il ? De manière générale, l'art peut se définir comme une activité visant à produire la beauté.

Or pour pouvoir produire une telle fin, l'artiste se doit de posséder un savoir-faire.

Pourtant certains d'entre nous, en raison d'une longue pratique d'un art, possèdent un tel savoirfaire mais sont incapables de produire une œuvre d'art.

Par exemple, l'élève qui a fini le conservatoire en musique est capable de reproduire, de jouer en imitant n'importe quel morceau de musique mais il est incapable de composer par lui-même.

Il semble donc apparaître que la réalisation d'une œuvre d'art semble transcender la compétence technique. Par conséquent, qu'est-ce qui dans l'art dépasse le savoir-faire ? En quoi la production d'une œuvre d'art ne relèvet-elle pas uniquement de la maîtrise de règles ? Faire de l'art est-ce à la portée de tous ? I L'art et le savoir-faire A : Pour Aristote, l'art s'apparente à la technè c'est-à-dire à « une disposition à agir accompagnée de règles vraies » (Ethique à Nicomaque, VI ,4).

Ainsi est compris comme art non seulement la musique, la sculpture, la peinture mais aussi la médecine et le pilotage.

L'art est donc une forme de connaissance qui à l'inverse des sciences, est un savoir empirique qui progresse par l'expérience et se transmet par la pratique.

L'art chez Aristote appartient au domaine de la science poïétique dont la fin est la fabrication ou la production d'objets. L'art s'apparente donc à une connaissance qui délivre les moyens, les règles pour parvenir à fabriquer un objet.

Cependant suffit-il de posséder la connaissance de ce que doit être l'objet pour pouvoir le réaliser ? B : Nous sommes tous capables de lire et d'apprendre un livre théorique sur la musique qui nous délivrerait les règles qui permettent de composer une mélodie en respectant les règles de l'harmonie.

Cependant il nous sera impossible d'appliquer ce que nous savons en théorie si nous avons jamais pratiqué un instrument de musique.

Ceci montre que l'art ne se réduit pas à la simple connaissance.

Kant dans La critique de la faculté de juger para 44 montre que le savoir-faire artistique est différent du savoir de la science : « Seul ce que l'on ne possède pas l'habitude de faire, même si on le connaît de la manière la plus parfaite, relève de l'art.

».

Ainsi Kant rompt ici avec Aristote.

L'art n'est plus une connaissance poïétique.

L'art se distingue de la science.

Car l'art requiert l'application, la mise en pratique immédiate de ce que l'on sait. II L'artiste et les œuvres d'art A : Avec Kant l'art n'est plus de l'ordre de la connaissance théorique où il suffirait de connaître ce qu'est l'objet pour pouvoir le réaliser.

En effet, l'art englobe une dimension pratique qui réside dans l'application de règles préalablement apprises.

Le musicien est capable de mettre en pratique ce qu'il sait des lois de l'harmonie en composant une mélodie agréable.

Cependant suffit-il d'être capable de mettre en pratique ce que l'on a préalablement appris pour faire une œuvre d'art ? Beaucoup d'artistes ont souvent expliqué que leurs œuvres leurs échappaient en ce sens qu'elles leurs étaient comme étrangères, à tel point que l'artiste se faisait en même temps spectateur de ce qu'il faisait .Baudelaire évoque cet étonnement : « Sitôt que j'eus commencé le travail, je m'aperçus que je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose de singulièrement différent.

» (Le spleen de Paris p 74).

Il y a donc dans l'art un double aspect : l'art est à la fois maîtrise et dépossession.

C'est dans la notion de génie que ce double aspect de l'art se trouve articulé.. »

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