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Doit-on le respect au vivant?

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« Introduction & Problématique: Alors que la morale traditionnelle est centrée sur le respect d û à l a p e r s o n n e humaine, de plus en plus souvent de nos jours des voix s'élèvent pour réclamer une extension d e cette notion à l'ensemble du vivant, afin d'imposer u n e stricte limitation d e s interventions humaines aussi bien sur les animaux que sur la vie humaine à son commencement.

Doit-on véritablement le respect au vivant ? Nous étudierons dans un premier temps les raisons pour lesquelles le respect s'adresse habituellement à l a personne humaine, puis nous envisagerons les motifs qui poussent à une extension de cette notion; nous nous demanderons enfin si, sans aller jusqu'à un effacement de la spécificité humaine, la dignité de l'homme n'est pas de savoir limiter son action à l'égard du vivant. Première partie: Traditionnellement c'est à la personne humaine que l'on doit le respect. La morale concerne la régulation des moeurs c'est-à-dire des relations entre les hommes au sein de la communauté sociale. Le respect se distingue de la solidarité biologique: on ne peut pas dire que c'est par respect que les lions ne s'entredévorent pas.

Le respect est le signe de la reconnaissance d'une personne cad d'un être doué de raison et constituant une identité.

Il est à ce titre une fin en soi. La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens.

Tout être dont l'existence ne dépend pas de la libre volonté, m a i s d e la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autre chose q u e lui-même.

Les êtres naturels sont des choses.

Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuvent servir simplement c o m m e moyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.

La personne est une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre.

Étant fin en soi, on lui doit un absolu respect.

La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.

L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propre existence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.

La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comm e une fin, et jamais simplement comme un moyen." La personne humaine se signale par sa liberté.

Respecter la personne c'est promouvoir cette liberté: or une telle liberté ne se trouve chez aucun animal, elle constitue un trait propre de la nature humaine. Le respect s'accompagne de la capacité à dialoguer plutôt qu'à s'affronter.

Le respect fait partie des marques d'une communauté de relation dans laquelle la reconnaissance est réciproque: j'attends d'autrui qu'il m e respecte autant q u e je le respecte.

Une telle réciprocité n'aurait pas de sens entre les hommes et le reste du vivant. II.

Mais ne doit-on pas étendre le respect à l'ensemble du vivant ? L'accroissement massif des interventions humaines sur le monde animal mais aussi sur l'embryon humain dans les premiers stades de son développement semble pourtant imposer une interrogation sur les limites de l'action légitime. • Un principe de sauvegarde La question se pose d'abord comme une question de sauvegarde contre des menaces directes : l'action de l'homme à l'égard du vivant provoque la disparition massive d'espèces végétales et animales; la notion de respect mettrait en valeur l'aspect précieux car fragile et non renouvelable à volonté de la vie sur terre. • Une communauté réelle? Bien que décrété de manière unilatérale, le respect peut-il fonder une communauté de tous les êtres vivants avec ce seul critère comme lien de solidarité ? Certains penseurs, notamment dans le monde anglo-saxon, ont reproché à la morale traditionnelle d'être trop centrée sur l'espèce humaine et ont tenté de formuler ce que pourraient être les droits des animaux. • Quelle serait la portée de ce respect? La question est cependant épineuse car il est difficile d e tracer une limite nette entre les actes qui sont à interdire clairement (les traitements cruels envers les animaux) et ceux qu'il serait absurde de condamner (consommer des plantes).

Le respect pour les animaux implique-t-il, par exemple, la généralisation du végétarisme ? Ou seulement la mise en place de certaines normes dans le domaine de l'élevage ou de l'expérimentation biologique à des fins médicales? Troisième partie: quelles peuvent être les limites de l'action humaine sur le vivant ? En ce qui concerne le travail sur l'embryon humain, il est difficile de dire à quel moment un amas de cellules devient véritablement un être humain; comme tout embryon peut devenir une personne, une protection spécifique est nécessaire afin d'éviter des abus en termes de manipulations voire de com merce.

C'est pourquoi un statut de l'embryon a été formulé pour encadrer la pratique scientifique et m édicale. De m ê m e , des débats vigoureux sont en cours pour que ne prévalent pas les seuls intérêts économiques dans le développement d'organismes transgéniques: face au manque de visibilité pour les conséquences à long terme de ces transform ations la simple prudence incite à ralentir le développement de ces cultures. On peut enfin se demander si toutes ces normes ne seraient pas l'expression du respect que l'homme doit à l'homme et notamment aux générations futures.

La notion même de respect implique la capacité à renoncer à une domination infinie, la capacité à laisser être ce qui est.

Sans aller jusqu'à attribuer un statut de personne à tous les organismes vivants, une réflexion sur ce qu'est la nature normale de chaque espèce peut permettre de trouver à l'égard du vivant un analogue du respect que nous portons aux hommes. Conclusion Il serait sans doute dommageable de niveler totalement le statut de la personne humaine et celui du vivant en général; mais la question mérite d'être posée afin que les hommes prennent conscience de la portée de leurs actes et ne rabaissent pas tout le vivant, et à terme l'être humain lui-même, au rang de pur matériau exploitable et transformable à l'infini.

Si le respect envers l'homme doit demeurer une attitude spécifique, une réflexion normative à propos de notre rapport au vivant s'impose de façon urgente.. »

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