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Doit on dire la science ou les sciences ?

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« Introduction.

— En fait de langage, c'est l'usage qui fait loi, dit-on, mais en précisant : le bon usage, c'est-à-dire l'usage de ceux qui parlent bien.

Cette norme nous aidera à répondre à une question qui peut se poser lorsqu'on aborde l'épistémologie : faut-il dire la science ou les sciences ? L'épistémologie doit-elle se définir : la philosophie de la science ou bien la philosophie des sciences. Consultons d'abord l'usage.

Nous tâcherons ensuite de déterminer où se trouve le bon usage. 1.

— ACCEPTIONS USUELLES « Science » s'emploie au pluriel comme au singulier. A.

Au pluriel.

— Il y a une faculté des sciences dans laquelle on étudie les sciences mathématiques, les sciences physiques et les sciences naturelles.

La faculté de Droit est aussi la faculté des Sciences économiques.

Les sciences humaines relèvent de la faculté connue jusqu'à ces dernières années par la simple dénomination de « faculté des Lettres ».

On dit aussi « docteur ès sciences » (au pluriel), classe de « Sciences expérimentales » (également au pluriel)...

Voilà la façon officielle de parler. Le langage officiel ne fait que suivre l'usage commun.

On oppose couramment les élèves doués pour les sciences à ceux qui ont plus de dispositions pour les lettres.

La méthode que Descartes expose dans son célèbre « Discours » doit aider à chercher la vérité dans les sciences »... B.

Au singulier, les emplois sont, sinon plus nombreux, du moins plus divers. Signalons d'abord, bien que dans la question posée il s'agisse uniquement de « la science », que le terme se construit également avec une » qui peut remplir deux fonctions grammaticales distinctes : article indéfini (traiter une question avec une science consommée) ; adjectif numéral (la physique n'est plus une science, mais l'ensemble de plusieurs sciences). L'article défini, dans le cas actuel, n'a pas un emploi aussi universel qu'on pourrait le croire.

Alors qu'on dit : la physique, la chimie, la biologie, on ne dit pas : la science physique, la science chimique, la science biologique.

On dira bien : les mathématiques, la mathématique, les sciences mathématiques, mais non la science mathématique. On parle des progrès de la science comme des progrès des sciences ; mais les deux termes ne sont pas, semble-t-il, rigoureusement synonymes.

La nuance qui les distingue apparaîtra peut-être grâce à cette remarque : on étudie les sciences, mais non la science.

Opposée aux sciences, la science c'est la connaissance, le savoir, l'instruction... Il est plus classique d'opposer la science à l'art.

L'art a pour fonction de produire soit des choses utiles (l'art de l'artisan), soit des oeuvres belles (l'art de l'artiste).

La science, elle, procure le savoir ou consiste dans ce savoir même.

Mais l'art, lui aussi, comporte un savoir particulier, un savoir-faire.

: il y a une science du dialogue, de la vente ; le peintre doit avoir la science des couleurs ; la femme d'un ministre, la science du monde... Mais quand on parle des progrès de la science, d'un grand serviteur de la science, on ne songe pas à l'instruction, au savoir individuel ou même collectif.

« La science » désigne alors l'ensemble des sciences particulières dont les acquisitions sont consignées dans les livres et les revues scientifiques.

Ce genre englobant un grand nombre d'espèces comporte évidemment un haut degré d'abstraction.

D'où une tendance à le personnifier, comme on personnifie la justice ou la beauté : il y a des martyrs de la science.

La science, alors, est considérée comme une réalités transcendante, s'apparentant à la divinité. Il suffit de peu de chose pour que « science » change de sens.

Ainsi « un homme de science » désigne un individu s'adonnant à l'étude des sciences, à la recherche scientifique : ce terme n'a pas, en lui-même, d'acception valorisatrice.

Pour qu'il prenne cette acception, il a besoin d'un qualificatif : un homme de haute, de grande science ; mais alors, c'est la science de cet homme, son savoir, que l'on a en vue. 11.

— DISTINCTIONS PHILOSOPHIQUES Après avoir passé en revue les acceptions les plus courantes des termes « la science » et « les sciences », il convient, nous semble-t-il, de les grouper d'une façon méthodique et dans des cadres empruntés au vocabulaire philosophique. A.

Sens abstrait et sens concret.

— Nombre de substantifs sont pris dans deux acceptions que permet de déterminer le contexte : au sens concret et au sens abstrait.

Ainsi, au sens abstrait, l'obligation est le caractère de ce qui est obligatoire : en morale, les philosophes s'interrogent sur le fondement de cette obligation ; pris au sens abstrait, les mots n'ont pas de pluriel.

Mais on parle aussi des obligations : les contrats, par exemple, déterminent les obligations mutuelles des contractants, c'est-à-dire ce à quoi chacun est tenu : nous avons là le sens concret (ce caractère est encore plus sensible dans les termes du vocabulaire financier : obligations des Chemins de fer ou de l'Etat). Appliquée au mot « science », cette distinction s'avère plus difficile qu'il ne paraît à première vue. a) Sans doute, bien souvent l'acception n'est pas douteuse.

Quand on parle des sciences, ce pluriel nous avertit que le mot est à prendre au sens concret.

Les sciences, et chaque science en particulier, constituent un ensemble de connaissances, un savoir exposé dans des encyclopédies et vulgarisé dans la presse périodique.. »

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