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Doit-on avoir peur des progrès techniques

Publié le 10/04/2024

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« Dissertation de philosophie Doit-on avoir peur des progrès techniques? Lorsque l’Homme pense à la technique, il lui vient tout d’abord à l’esprit la notion de progrès. En effet ,lors de sa création narrée par Platon dans le Protagoras ,l’Homme ne s'est vu attribué par Epiméthée (“Epimetheus”: qui réfléchit après coup) aucune capacité extraordinaire comme la capacité de voler propre aux oiseaux ou la vitesse du guépard, et aucun outil lui permettant de survivre comme une fourrure ou des griffes.Pour compenser cette injustice, l’autre japétide Prométhée (“Prometheus”:le prévoyant) déroba “le feu sacré” à l’Olympe et le donna aux Hommes leur léguant par la même occasion des caractéristiques divines: l’accès aux arts et à la technique permettant ainsi aux humains de dominer les autres êtres vivants« l’intelligence qui s’applique aux besoins de la vie » .Cette capacité à créer et à améliorer nos propres outils(“toolmaking animal” Benjamin Franklin) permet encore maintenant aux humains d’améliorer leurs conditions de survie et même de vie avec par exemple le développement d’OGM, voire même de se permettre le luxe du confort (multiplication des jeux et des activités divertissantes),ainsi elle apparaît comme étant prédominamment salvatrice et non un danger pouvant nous menacer à court ou même long terme. Tout au long de son existence l’humanité n’a jamais cessé de progresser par accumulation et ainsi d’améliorer ses conditions de vie.

Cela est notamment lié à l’acquisition récente d’une maîtrise de la nature auparavant incontrôlable poussée par les principes cartésiens (Discours de la méthode partie VI “Comme maître et possesseurs de la nature”, René Descartes) qui incitent notamment dans le domaine de la médecine et de la santé, domaines primordiaux si il en est ; à “dominer” la nature.Une corrélation positive pourrait alors être aisément trouvée entre le progrès technique et l’amélioration des conditions de vie ce qui rend absurde une quelconque remise en cause des bienfaits techniques.

Ainsi,il serait possible de délimiter des périodes historiques à partir de leurs innovations techniques les plus marquantes « Au moulin à bras correspond la société féodale.

Au moulin à vapeur la société bourgeoise » (Karl Marx).

La révolution industrielle ou encore la création d’internet pourrait ainsi servir de délimitations pour des ères historiques et dans un avenir à plus ou moins long terme l’échelle de Kardashev allant initialement de 1 à 3 prévoit une amélioration de la qualité de vie liée aux progrès dans les domaines de la production d’énergie qui délimitent également des ères pour la vie et la civilisation humaine en général (pour l’instant l’humain est à 0,7 sur cette échelle) Cependant même si la technique source de développement est désormais indissociable de l’être humain et demeure synonyme de progrès, il ne faut pas occulter les problèmes dont elle est la source.

En effet, cette quête perpétuelle du progrès peut avoir des effets pervers sur l’humain qui se retrouve dépendants et asservis à sa propre création et ainsi,tout en améliorant ses outils,se détériore lui-même. Un des effets néfastes les plus connus des objets techniques est le fait qu’ils nous rendent dépendant et nous incapacitent.

Ce constat est déjà pressenti par Jean Jacques Rousseau qui compare l’homme sauvage et l’homme civilisé et se rend compte que alors que l’homme sauvage possède constamment la totalité de ses forces, l’homme développé à lui une force qui lui est extérieure et dont il est dépendant (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes )”Laissez à l’homme civilisé le temps de rassembler toutes ses machines autour de lui ,on ne peut douter qu’il ne surmonte facilement l’homme sauvage;mais si vous voulez voir un combat plus inégal encore,mettez-les nus et désarmés”.Ainsi actuellement,l'assujettissement de l’homme aux machines est vérifiable de nombreuses manières notamment avec l'usage récurrent de gps pour se repérer ou encore plus récemment encore de chat GPT pour réfléchir. De plus, l’homme semble devenir obsolète et des procédés lui paraissant instinctif quelques centaines d’années auparavant (sens de l’orientation,artisanat,pêche) se perdent et se détériorent “Il existe donc à l’échelle des individus sinon à celle de l’espèce,dès à présent,un problème de régression de la main”(André Leroy Gourhan, Le Geste et la Parole).De ce point de vue là la technique ne progresse pas pour servir l’homme en tant qu’être mais plutôt pour se servir à ele même elle même ce qui lui donne une dimension incontrôlable et inquiétante. Une autre conséquence délétère du progrès technique pourrait être la multiplication des objets techniques et ainsi l'augmentation du nombre de besoins décorrélant la technique de ce qui est nécessaire et l’associant à ce qui est désiré.Ainsi ce qui est maintenant appelé progrès technique n’est en réalité que le produit de la demande et du consumérisme ce qui notamment dénoncé par G Hottois dans Le Signe et la technique “il existe alors un curieux mouvement propre à la technique : son accroissement autonome tend à produire l’illusion d’un progrès appelé par des fins qui ne sont en fait que des justifications après coup d’une croissance aveugle”.Cette logique épicurienne et d’autant plus préjudiciable que les personnes ne cédant pas au “progrès” technique peuvent se retrouver discriminée de manières aussi bien logistiques (de plus en plus de tâches quotidiennes se font sur les ordinateurs et par l’usage d’internet) que sociétales (Dans certains milieux on peut te juger sur des objets matériels comme les Iphone qui dont les différentes versions n’apporte aucun intérêt supplémentaire à l’usage du téléphone).Ainsi les avancées technologiques qui se font en exploitant la nature comme prôné par Descartes ,en plus de se dissocier du progrès humain se dissocient également de son besoin et peuvent ainsi le desservir, cela remet en question le rapport entre les bienfaits du développement excessif de la technique et les conséquences qu’il peut avoir sur l’Homme et son environnement. Enfin ,avec l'avènement du machinisme et du fordisme au cours de la seconde moitié du XIXème siècle,le progrès technique s’est également révélé être une entrave à l'accomplissement de soi.En effet alors que l’humanité en plein âge de fer doit maintenant travailler pour subvenir à ses besoins.Pour se faire il a recours à des innovations techniques qui lui facilite les tâches quotidiennes et adoucit les tâches laborieuses.Cependant la réalité du travailleur est tout autre en effet la construction de machine pour automatiser les chaînes de production déshumanise le travail humain dont les conditions se détériorent grandement (16h/jour, travail à la chaîne).Ainsi le travail se retrouve dénaturé car il n’a plus pour objectif d’être une source d’accomplissement pour l’homme et devient ainsi un simple travail physique dénué de réflexion et de créativité qui n’a pour simple but que de subvenir à ses besoins,comme le constate Karl Marx dans Ebauche d’une critique de l’économie politique “La nature aliénée du travail apparaît nettement dans le fait que,dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre ,on fuit le travail comme la peste”.Les améliorations des artéfacts humains ont donc conséquemment réduit l’attrait de ce dernier pour le travail qui fait sa vie.De plus alors qu’à l’ère du numérique on pourrait croire que le recours à internet permet d’augmenter le rendement de production et ainsi de se libérer de l’aliénation au travail,c’est l’effet contraire qui est produit.En effet selon Hartmut Rosa Aliénation et accélération,vers une critique de la modernité tardive le phénomène d”accélération technique” lié au progrès va de paire avec un phénomène de “famine temporelle”.

En effet,même si les tâches prennent de moins en moins de temps,la quantité de ces tâches à faire augmente également proportionnellement et au final l’effet produit n’est pas une abondance de temps libre mais simplement un accroissement du nombre de choses à faire .Enfin ces progrès techniques peuvent également servir d’entrave pour l’homme qui est désormais contactable par son travail peu importe l’endroit et le moment à l’aide des téléphones. Le progrès technique s’avère donc avoir indéniablement un caractère ambivalent.D’un coté elle s’avère profitable dans le sens où elle permet à l’homme de dominer les autres êtres vivants en se détachant des contraintes naturelles et de la nécessité du besoin.De l’autre la mise en oeuvre de ces techniques est également la source manifeste de nombreux effets néfastes comme l’aliénation au travail ou la dégradation des capacités propres à l’homme.On pourrait alors se demander si le progrès technique n’est pas plus contraignant qu’utile à l’Homme ce qui remet en cause le concept même de progrès.Cependant il ne faudrait pas occulter que la technique n’est que le produit de pensées humaines.

Ainsi, ne faudrait-il pas craindre l’Homme qui se condamne lui même plus que la technique qu’il développe qui ne fait que lui obéir.Finalement il serait peut être préférable de réglementer les usages possibles de la technique plus que d’en craindre les effets néfastes.La peur de la technique pourrait alors se révéler être une peur de la nature humaine. Le progrès technique par sa nature non consciente ne peut par nature pas être responsable de ses déviances.Ainsi comme le mettait en exergue Rabelais 500 ans auparavant dans son ouvrage Gargantua,l’humain à pour devoir si il veut tendre vers un progrès technique correspondant à ses besoins,de comprendre l’utilisation qu’il souhaite faire de la technique “Science sans.... »

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