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Dois-je me préoccuper du bonheur d'autrui ?

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 » (Platon, Gorgias, 470b-470e) -         Il faut d?ailleurs remarquer que de nombreux dictateurs restent toute leur vie au pouvoir sans qu?aucune justice ne vienne mettre un terme à leur joug (par exemple Staline, mais aussi Pinochet ou Castro). -         Par ailleurs, on constate bien que nombre de gens d?une grande vertu sont profondément malheureux, quand bien même ils agissent avec honnêteté. -         Le marquis de Sade en fait la description littéraire dans Justine ou les malheurs de la vertu, où l?on voit Justine, une jeune fille très vertueuse, être livrée à des pervers qui lui font subir maints sévices. Alors que Justine est pleine de vertu, ses malheurs vont crescendo et elle finit foudroyée lors d?un orage, tandis que sa s?ur Juliette, qui est pleine de vice, vit dans la reconnaissance et la prospérité. -         Il semble donc faux d?affirmer que la vertu puisse procurer le bonheur et qu?être immoral empêche d?être heureux, puisque les faits contredisent cette théorie. -         Pour ces raisons, il semblerait bien qu?il ne soit pas nécessaire de se préoccuper du bonheur d?autrui.  Autrui est une fin en soi. -         Cependant, on peut considérer que le bonheur ne soit pas l?unique motivation qui nous pousse à nous préoccuper du bonheur d?autrui. -         Le bonheur ne peut en fait pas être pris comme but de la vie humaine. En effet, si la nature avait voulu que l?homme soit heureux, elle aurait donné à l?homme les moyens de parvenir à ce bonheur : « si dans un être doué de raison et de volonté la nature avait pour but spécial sa conservation, son bien-être, en un mot son bonheur, elle aurait bien mal pris ses mesures en choisissant la raison de la créature comme exécutrice de son intention.

« Analyse du sujet : - - - Il est légitime de se demander si le bonheur d'autrui doit avoir quelque importance pour moi, puisque autrui est un autre que moi, et que son existence n'a pas forcément d'incidence sur la mienne. Par ailleurs, la société reposant en grande partie sur le principe de la compétition, il semble naturel que, pour parvenir à son bonheur personnel, il faille écraser ses comparses. Toutefois, si autrui n'est pas moi-même, il faut reconnaître que je ne suis pas grand-chose sans autrui : le bonheur individuel compte-t-il vraiment s'il n'est partagé avec personne ? Ainsi faut-il remarquer qu'autrui nous touche et nous concerne, et quand celui ou celle qu'on aime est dans la peine, son désarroi nous cause presque autant de douleur.

Il semblerait donc qu'il faille au moins se soucier du bonheur de ceux qu'on aime. Cependant, cela n'implique pas forcément qu'il faille se préoccuper du bonheur d'autrui, si par « autrui » on entend « tous les autres ».

Car se préoccuper du bonheur de ceux qu'on aime, ce n'est que se préoccuper du bonheur de quelques uns. Il faut remarquer finalement que cette inclination à se préoccuper du bonheur d'autrui ne semble trouver de fondement que dans notre sentiment moral, mais celui-ci est-il justifié ? Problématisation : Il semble si difficile de parvenir à son propre bonheur que prendre du temps à se soucier de celui d'autrui apparaît bien souvent comme une complication inutile : « charité bien ordonnée commence par soi-même » a-t-on coutume de dire.

Cependant, on a du mal à s'imaginer que celui qui vit en égoïste absolu puisse réellement parvenir au bonheur, comme si tout bonheur personnel passait nécessairement par le bonheur d'autrui.

La question se pose donc de savoir s'il ne faut voir dans l'altruisme qu'un vœu pieu ou bien si celui-ci possède véritablement un sens. Proposition de plan : 1. La vertu apporte le bonheur. Pour Aristote, le bonheur est la fin suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser d'autres fins.

Il a donc une valeur de bien en soi.

Mais il ne réside ni dans la recherche effrénée de plaisirs, ni dans la bonne fortune (la chance), mais dans l'activité raisonnable et maîtrisée qui prend comme fin l'accomplissement plénier de soi-même en accord avec la vertu.

La plupart des hommes ne pouvant mener une vie conforme à la vertu intellectuelle de la sagesse et atteindre ainsi dans la vie contemplative le Souverain Bien, doivent agir selon la vertu de prudence (« phronésis »), en évitant les deux extrêmes de la démesure et de l'inertie.

Il s'agit donc de discerner dans chaque situation où est le juste milieu (médiété) de manière à combiner harmonieusement le souhaitable et le possible.

Le juste milieu doit se rechercher aussi bien pour les états affectifs ou passions (ainsi le courage est le juste milieu de la témérité et de la peur) que pour les actions (ainsi la libéralité est le juste milieu de la prodigalité et de la parcimonie). Une telle sagesse pratique unit étroitement l'aspiration au bonheur et la vertu.

Prendre comme fin suprême une amélioration de soi, viser des actions les meilleures possibles, n'exige pas le renoncement à tous les plaisirs. - - - - - Dans l'antiquité grecque, la tradition philosophique affirmait généralement qu'il existait un lien entre le bonheur individuel et la rationalité. En effet, ce n'est d'après ces philosophes qu'en épanouissant la plus excellente de ses qualités que l'homme peut parvenir au bonheur. En l'occurrence, la plus excellente de ses qualités est la raison : « l'intellect est la meilleure partie de nous-mêmes » écrit ainsi Aristote dans le livre X de l'Ethique à Nicomaque.

Aussi pour parvenir au bonheur faudrait-il développer cette qualité. Il se trouve par ailleurs qu'en se conduisant selon sa raison, l'homme serait naturellement poussé à adopter une vie de vertu, car tout dans la raison nous mène vers les chemins de la vertu. Les stoïciens disaient que c'est la tendance naturelle qui « recommande » l'homme à la moralité.

Selon eux, l'excellence morale est condition nécessaire et suffisante du bonheur.

La vertu rationnelle est le seul vrai bien, et elle fait le bien de celui qui la pratique. Pour Aristote, la conduite vertueuse répondant parfaitement aux exigences de l'essence humaine, celle-ci est ainsi couronnée par le bonheur.

Le bonheur constituant une sorte de supplément gratuit à la conduite vertueuse, « comme la beauté pour ceux qui sont dans la fleur de la jeunesse » (Aristote, Ethique à Nicomaque, X, 1174b). Comme la vertu implique la philia, c'est-à-dire l'amitié comprise comme souci d'autrui, il semble bien qu'il faille se préoccuper du bonheur d'autrui. En conséquence, si l'on suit les anciens Grecs, il apparaît qu'il faut se préoccuper du bonheur. »

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