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DESCARTES: L'éducation d'un honnête homme.

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Un honnête homme n'est pas obligé d'avoir vu tous les livres, ni d'avoir appris soigneusement tout ce qui s'enseigne dans les écoles : et même ce serait une espèce de défaut en son éducation, s'il avait trop employé de temps en l'exercice des lettres. Il y a beaucoup d'autres choses à faire pendant sa vie, le cours de laquelle doit être si bien mesuré, qu'il lui en reste la meilleure partie pour pratiquer les bonnes actions, qui lui devraient être enseignées par sa propre raison, s'il n'apprenait rien que d'elle seule. Mais il est entré ignorant dans le monde, et la connaissance de son premier âge n'étant appuyée que sur la faiblesse des sens et sur l'autorité des précepteurs, il est presque impossible que son imagination ne se trouve remplie d'une infinité de fausses pensées, avant que cette raison en puisse entreprendre la conduite : de sorte qu'il a besoin par après d'un très grand naturel, ou bien des instructions de quelque sage, tant pour se défaire des mauvaises doctrines dont il est préoccupé, que pour jeter les premiers fondements d'une science solide, et découvrir toutes les voies par où il puisse élever sa connaissance jusqu'au plus haut degré qu'elle puisse atteindre. DESCARTES

• Dans un premier moment (depuis « Un honnête homme... » jusqu'à « s'il n'apprenait rien que d'elle seule »), Descartes envisage la formation de « l'honnête homme », et relativise une éducation qui serait trop exclusivement livresque. La conduite de l'action doit relever surtout de la raison, entendue comme faculté de juger propre à chacun.  • Dans un second moment (de « Mais il est entré... » jusqu'à « entreprendre la conduite », Descartes signale les obstacles qui préexistent à l'intervention de la raison : l'enfant est assujetti au témoignage de ses sens et à l'autorité des précepteurs. Il n'est donc pas encore véritablement autonome.

« Un honnête homme n'est pas obligé d'avoir vu tous les livres, ni d'avoir appris soigneusement tout ce qui s'enseigne dans les écoles : et même ce serait une espèce de défaut en son éducation, s'il avait trop employé de temps en l'exercice des lettres.

Il y a beaucoup d'autres choses à faire pendant sa vie, le cours de laquelle doit être si bien mesuré, qu'il lui en reste la meilleure partie pour pratiquer les bonnes actions, qui lui devraient être enseignées par sa propre raison, s'il n'apprenait rien que d'elle seule.

Mais il est entré ignorant dans le monde, et la connaissance de son premier âge n'étant appuyée que sur la faiblesse des sens et sur l'autorité des précepteurs, il est presque impossible que son imagination ne se trouve remplie d'une infinité de fausses pensées, avant que cette raison en puisse entreprendre la conduite : de sorte qu'il a besoin par après d'un très grand naturel, ou bien des instructions de quelque sage, tant pour se défaire des mauvaises doctrines dont il est préoccupé, que pour jeter les premiers fondements d'une science solide, et découvrir toutes les voies par où il puisse élever sa connaissance jusqu'au plus haut degré qu'elle puisse atteindre. ÉTUDE DE LA CONSTRUCTION D'UN TEXTE • Dans un premier moment (depuis « Un honnête homme...

» jusqu'à « s'il n'apprenait rien que d'elle seule »), Descartes envisage la formation de « l'honnête homme », et relativise une éducation qui serait trop exclusivement livresque.

La conduite de l'action doit relever surtout de la raison, entendue comme faculté de juger propre à chacun. • Dans un second moment (de « Mais il est entré...

» jusqu'à « entreprendre la conduite »I, Descartes signale les obstacles qui préexistent à l'intervention de la raison : l'enfant est assujetti au témoignage de ses sens et à l'autorité des précepteurs.

Il n'est donc pas encore véritablement autonome. • Dans un troisième moment, (de « de sorte qu'il a besoin...

» à la fin du texte), il tire les conséquences de cette emprise de facteurs étrangers à la raison autonome : le préalable à toute connaissance certaine est l'instauration d'une distance critique, la mise en question de toutes les idées antérieures à l'exercice de la raison. • Sur le plan logique, la cohérence et l'unité du texte peuvent être dégagées en correspondance avec les thèmes évoqués : l'exposé de l'idée initiale (le voeu de faire jouer un rôle déterminant à la raison naturelle) se trouve problématisé par une objection (préexistence de conditionnements qui hypothèquent un fonctionnement spontané rigoureux de la raison).

La prise en compte de cette objection conduit à une redéfinition du statut de cette raison, c'est-à-dire à la fois des limites dans lesquelles elle s'inscrit et des interventions qu'elle requiert pour pouvoir se manifester de manière sûre. C'est d'un idéal dont il s'agit dans ce texte : idéal de vie, idéal d'homme, idéal de connaissance, - d'un idéal de vie proprement humaine.

DESCARTES dépeint la vie d'un honnête homme, celle d'un homme moins tourné vers la connaissance que porté à : "pratiquer les bonnes actions".

Pour agir bien cependant, il faut savoir. Non pas tout savoir, non pas détenir ce savoir de tout homme, mais savoir ce qui importe à la conduite de la vie et constituer soi - même ce savoir.

Après avoir repris le thème classique, depuis le De brevitate, de la vanité d'une soif d'érudition, l'auteur souligne néanmoins que l'homme par nature ne peut pas disposer ni immédiatement ni facilement de l'usage de sa raison tant que prédominent les facultés irrationnelles et la sujétion à d'autres hommes, - et qu'il n'y peut que difficilement accéder: "un très grand naturel" ou "des instructions de quelque sage" sont requis. Cet idéal n'est - il pas trop ambitieux pour un homme préoccupé plutôt des affaires de la vie que soucieux et de fonder son savoir et d'agir avec bonté ? Au sortir de la Renaissance, DESCARTES suggère dans ce texte un idéal de vie qui se démarque singulièrement de la lettre de Pantagruel à son fils : "Somme, que tu soy un abisme de science", préconisait RABELAIS.

Mais c'est là un ambition gigantesque, - une ambition de géants, pour des géants.

DESCARTES veut faire l'homme : un honnête homme. L'honnête homme de DESCARTES n'est ni un érudit ni un scolastique.

Son savoir n'est pas livresque seulement ni principalement.

Depuis SENEQUE, les arguments contre l'érudition sont bien connus.

L'ambition serait vaine : "d'avoir vu tous les livres", - une vie humaine n'y suffirait pas.

Le souci serait inutile : "d'avoir appris soigneusement tout ce qui s'enseigne dans les écoles" ; les écoles sont nombreuses et elles se contredisent comme le notait la première Partie du Discours de la méthode.

Des disciples qui ne sauraient s'élever plus haut que leur maître, (et DESCARTES songe à ARISTOTE dans la sixième partie du même Discours), ne sauraient instruire.

Pourtant ce ne sont pas ces arguments qui seront ici exposés.

"ce serait une espèce de défaut en son éducation", objecte DESCARTES.

L'érudition est : "une espèce de défaut", et. »

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