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Défendre ses droits est-ce la même chose que défendre ses intérêts ?

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« PROBLEMATIQUE DE L'ELEVE: Vous pouvez partir de l'expression « défendre ses droits », elle est utilisée lorsqu'une personne fait valoir ses droits alors qu'elle estime qu'ils ont été bafoués ou qu'ils ne sont pas pris en compte.

Défendre ses droits c'est ainsi défendre ce qui nous est autorisé, ce que l'on peut faire.

En général, lorsqu'une personne défend ses droits, cela ne va pas à l'encontre de ses intérêts.

Le simple fait de parler de défense de ce qui est propre semble conduire à penser qu'il y a un rapport si ce n'est une identité entre le fait de défendre ses droits et celui de défendre ses intérêts.

Il est rare sinon d'ailleurs absurde d'aller défendre ses droits contre ses propres intérêts.

En effet, on imagine mal une personne allant se dénoncer au regard du droit contre ses propres intérêts.

Quand je défends mes droits, je réclame généralement quelque chose ce qui signifie que cela va dans le sens de mes intérêts.

Pourtant, s'agit-il de dire que défendre ses droits n'est que cela ? En d'autres termes, ne trouve-t-on d'intérêt au droit que parce qu'il défend nos intérêts ? Il faudrait revenir ici sur l'expression « défendre ses intérêts ».

Généralement, quand nous l'utilisons c'est pour désigner des intérêts qui nous sont propres, particuliers ; au mieux il s'agira des intérêts d'un groupe de personnes, d'une corporation, mais toujours alors d'un ensemble d'individus ayant les mêmes intérêts propres.

Or, si on dit que défendre ses droits ne consiste qu'à défendre ses intérêts, on tend alors à affirmer que droits et intérêts sont équivalents.

Mais il ne s'agit peutêtre pas alors pour autant de confondre les deux.

L'intérêt n'est pas la même chose que le droit.

Paradoxalement, le droit peut même aller à l'encontre de notre intérêt le plus immédiat...

Par exemple, Mon intérêt est de rémunérer le moins possible mon employé.

Mais sans un droit du travail qui fasse office de régulateur, qui pourra consommer les produits que je vends ? L'image est certes simpliste, mais elle permet de saisir un aspect essentiel du sujet : il faut distinguer l'intérêt personnel et privé de l'intérêt général et collectif.

Il n'est pas possible que le droit (sous peine de ne pas être légitime et juste) défende seulement l'intérêt privé...

Dès lors, s'il y a une égalité de droits entre les individus, défendre ses droits, n'est-ce pas aussi défendre les droits de tous ? Derrière la défense des droits, n'y a-t-il pas la défense même de l'idée de droit ? Pour comprendre cette idée, vous pouvez vous interroger sur l'importance de faire parler le droit.

Revendiquer ses droits, les défendre, c'est aussi souligner que la force ne peut pas régner et sortir vainqueur, c'est peut-être rappeler sans cesse que le droit doit parler contre la force et la violence.

Pensez ici à la manière dont Kant définit la sauvagerie en disant qu'elle est l'absence de toute loi.

Vous pouvez également vous interroger sur la force symbolique du droit.

Demandez-vous, par exemple, pourquoi il peut être essentiel de faire des procès contre d'anciens bourreaux nazis même s'ils ont plus de 90 ans.

N'est-ce pas, une fois encore parce qu'il est essentiel de faire parler le droit qui est ce qui fait signe vers l'humanité ? [Le propre du droit est de garantir la juste application de la loi.

Cette dernière protège les intérêts des particuliers.

C'est par intérêt que les hommes se sont dotés d'un droit.

Sa finalité est de protéger la libre réalisation des volontés particulières.

Mais l'usage de cette liberté ne doit pas contredire les intérêts de chacun.] Le droit a pour origine l'intérêt Hobbes ouvre le chapitre 14 du Léviathan en définissant le droit de nature comme « la liberté qu'a chacun d'user comme il le veut de son pouvoir propre pour la préservation de sa propre nature...

et en conséquence de faire tout ce qu'il considérera, selon son jugement et sa raison propres, comme le moyen le mieux adapté à cette fin ».

Cette liberté étant à l'origine d'incessants conflits, la première loi de nature conduit tout homme à «...chercher la paix là où on peut l'obtenir, et il faut rechercher le secours de la guerre là où c'est impossible » («De Cive», 2, 2).

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Pour que chacun puisse satisfaire ses intérêts, il faut des lois, c'est-à-dire un système de limitation de l'usage du droit de nature. Sans quoi l'humanité périrait sous sa propre violence. « Tout homme par nature a droit à toutes choses c'est-à-dire qu'il peut faire ce qu'il veut à qui il veut, qu'il peut posséder toutes choses qu'il veut et peut posséder, en user et en jouir.

En effet, si l'on considère que toutes les choses qu'il veut peuvent être bonnes pour lui selon son jugement, puisqu'il les veut, et peuvent contribuer à sa préservation un jour ou l'autre, il s'ensuit qu'il peut légitimement tout faire.

C'est pour cela qu'on a dit avec juste raison : la nature a donné toutes choses à tous les hommes de sorte que le droit et l'utile sont la même chose. Mais ce droit de tous les hommes à toutes choses ne vaut en fait pas mieux que si personne n'avait droit à rien.

Car un homme a peu de chance d'exercer ce droit et d'en profiter, lorsqu'un autre homme aussi fort que lui, ou plus fort, a droit à la même chose.

» HOBBES.. »

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