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Dans quelles mesures le savoir-faire est-il un savoir ?

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« Partie du programme abordée : Théorie et expérience. Analyse du sujet : Le savoir empirique, celui qui résulte des associations de mémoire aboutissant à une pratique (celle par exemple de l'artisanat) peut-il être comparé au savoir théorique de la pensée moderne et scientifique ? Conseils pratiques : Appuyez-vous sur des exemples concrets.

Analysez les formes du savoir de l'artiste, de l'artisan, de l'ingénieur, du technicien, du savant. Bibliographie : ARISTOTE, Métaphysique, livre A, Vrin. DESCARTES, Discours de la Méthode, 1ere partie, Garnier Flammarion. Claude BERNARD, Introduction à la médecine expérimentale, 1 partie, Garnier Flammarion. Difficulté du sujet : ** Synonyme général de la connaissance ou de la science, le savoir ne devrait, au sens strict, s'utiliser que pour désigner un ensemble systématique de connaissances, éventuellement distinct de la science.

Le savoir, de son côté, est donc en général considéré comme une connaissance théorique. Un savoir-faire, en revanche, est une compétence technique qui permet la réalisation d'un objet ou d'un effet déterminé.

Le savoir-faire n'est donc pas une compétence théorique mais consiste en une disposition de l'ordre de l'habileté. Il convient ici de revenir sur la notion de technique.

Le terme de technique est souvent identifié à la technique scientifique, nous en oublions ainsi parfois qu'il peut très bien y avoir des formes de techniques, sans la science, la preuve en est le savoir-faire de l'artisan ou les techniques artistiques.

La relation entre la science et la technique est logique et rationnelle.

S'il peut y avoir un progrès technique, c'est parce que la science peut se transmettre, s'enseigner clairement par concepts.

D'autre part, l'immense avantage de la technique scientifique, c'est d'être susceptible d'un perfectionnement indéfini.

D'où l'incroyable obsolescence des objets techniques.

Un objet technique est comme emporté dans un temps accéléré, il est souvent dépassé, au moment même où on l'achète.

Nous sommes autant fascinés par les prodiges des inventions techniques que par le progrès lui-même.

Nous admirons dans l'inventivité technique une créativité qui surpasse de beaucoup le savoir-faire traditionnel.

Le savoir faire traditionnel garde un caractère plus statique.

La technique, cela va vite, cela va très vite.

Dès lors ne faudrait-il pas marquer des différences radicales entre les techniques traditionnelles et la technique modernes ? Il faut aussi préciser en quel sens on parle de technique en l'absence de science.

En d'autres termes : Peut-on concevoir une technique là où il n'y a pas de science ? La technique précède la science : Il est assez communément admis, du point de vue de l'anthropologie, que l'apparition de l'homme coïncide avec l'apparition du langage et le maniement des outils.

L'homme a été homo-faber, avant d'être homo-sapiens, explique Bergson, parce qu'il a été ingénieux, avant d'être intelligent, et intelligent au sens où on l'entend aujourd'hui, c'està-dire intellectuel.

Son ingéniosité lui a permis de s'adapter à des conditions de vie hostiles.

Le corps de l'homme est en effet bâti pour rendre possible la préhension de l'outil.

En effet, non seulement la station verticale a chez l'homme libéré la main, en en faisant autre chose qu'un moyen de locomotion comme le sont les jambes, mais la main humaine est remarquablement bien constituée pour la préhension de l'outil.

L'opposition nette du pouce et des autres doigts favorise une prise en main solide.

Comme le dit Aristote, « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des animaux, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains.

En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable d'utiliser une grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs ».

Il serait ridicule de considérer l'homme comme inférieur, parce qu'il n'a pas de carapace ou de pinces, grâce à ses mains il peut se doter de tout ce qui lui est nécessaire, « la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil.

En grec l'outil est organon, complément de l'organisme. Elle peut-être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir ».

La main, organe doué d'expressivité.

Pensez aussi au caractère éminemment individuel de la main : empreintes digitales, graphologie, lignes de la main, expressivité de la main du musicien, etc. A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils.

L'outil est une sorte de ruse de la raison, qui se détourne provisoirement du but à atteindre, pour construire un moyen d'action efficace : fabriquer un marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...

pour l'enfoncer plus facilement.

Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animal fabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).

On dit souvent, dans le même sens, que l'homo sapiens est d'abord un homo faber.

L'homme n'a donc pas attendu la science pour fabriquer des techniques, il était par nature voué à l'invention mécanique, l'intelligence a eu pour vocation première l'ingéniosité, qui est l'habileté à concevoir des outils pour résoudre des problèmes techniques. Nous sommes, nous autres hommes contemporains, si obnubilé par la relation science technique que nous admettons à tort, que là où il n'y a pas de science de la Nature, il ne peut y avoir de technique élaborée.

Il existe cependant deux formes de savoir très différentes impliqués dans l'élaboration des techniques: le savoir-faire empirique et le savoir scientifique.

Ce n'est que dans le second cas que la théorie précède la pratique, dans le premier, c'est l'inverse qui a lieu.

L'urgence des nécessités vitales, la conservation de soi, la pression du milieu ont conduit les hommes à se doter d'instruments souvent très sophistiqués.

Nous sommes, nous autres hommes contemporains, si. »

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