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Dans quelle mesure peut on, selon vous, défendre la violence au cinéma ?

Extrait du document

« Introduction Le médium cinématographique est officiellement né en 1895.

La première projection a subjugué l'assistance. En effet, l'image cinématographique, par l'effet de réel qu'elle procure, est saisissante.

Elle l'est d'autant plus à partir de 1927 avec l'invention du cinéma parlant.

Jacques Aumont, théoricien du cinéma, parle de la « richesse perceptive » du cinéma, c'est-à-dire une richesse sonore et visuelle qui tend à faire adhérer le spectateur à ce qu'il voit.

C'est là la force du cinéma par rapport aux autres arts, même par rapport à la photographie qui s'éloigne du réel par la fixité de l'image.

L'image cinématographique possède un pouvoir indubitable sur le sujet qui la perçoit. Toutes sortes de réalités, avec lesquelles nous sommes plus ou moins familiers, nous sont montrées au cinéma, dont la violence.

Dans quelle mesure peut-on défendre la violence au cinéma ? A-t-elle une part bénéfique, utile ou non ? Influence-t-elle en mal ? La violence au cinéma peut être jugée utile si l'on considère qu'elle opère une catharsis sur le sujet.

Le cinéma donne une valeur artistique à la violence en l'esthétisant.

Cela peut avoir des effets pervers.

Parfois, la violence au cinéma est une fin en elle-même, elle est gratuite.

Le problème est de s'y habituer et de la banaliser. I- La violence au cinéma : une catharsis On peut considérer que les scènes de violence au cinéma peuvent servir à se défouler, consciemment ou non, à extérioriser la violence qui est en nous et que nous refoulons.

La violence au cinéma aurait valeur de catharsis.

Ce terme apparaît dans La Poétique d'Aristote et signifie littéralement la purgation des passions.

Il s'agissait à l'époque d'aller au théâtre pour « vivre » des situations inédites, extrêmes, afin de ne plus tenter de les vivre dans la réalité.

Il en va de même au cinéma qui satisfait en quelque sorte notre besoin de violence.

La violence au cinéma peut donc être défendu dans la mesure où elle sert à ce que la violence reste fictive plutôt que réelle.

Néanmoins, la comparaison du théâtre avec le cinéma ne tient pas complètement.

Dans la tragédie grecque, la violence en elle-même n'était pas montrée, on ne jouait pas de meurtre sur la scène mais toujours en dehors.

Or, le cinéma n'a pas pris pour principe cette contrainte.

Il rend la violence esthétique en l'exposant. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de la tragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en un temps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Tout cela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets. Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assez inattendu: «purgation», catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mot a donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet de plusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entre l'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectacle représentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmes émotions que l'on cherche à provoquer en moi.

La représentation de sentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié, bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, des sentiments analogues. Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitent des émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.

Mais ce phénomène est plus surprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il suppose une identification avec un personnage et non plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, car il ne s'agit pas d'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'on imagine mal un jeune homme, influencé par l' "Œdipe" de Sophocle, décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever les yeux. Ce transfert de la fiction à la réalité est-il toutefois tellement inconcevable? Pour nous, malheureusement non.

Mais, pour Aristote, certainement.

En éprouvant des sentiments analogues à ceux que la tragédie provoque en moi, je me libère du poids de ces états affectifs pendant et après le spectacle.

J'en ressors comme purgé et apaisé.

Ces émotions préexistaient-elles en moi à l'état latent et le spectacle s'est-il contenté de les éveiller? Ou bien les a-t-il d'un bout à l'autre provoquées? Le spectateur est-il prédisposé, par sa nature même, à réagir en fonction d'une représentation spécialement conçue pour le troubler en des points sensibles de sa personnalité ? Aristote ne le dit pas. La "Poétique" ne répond pas vraiment à l'attente de la "Politique".

Aristote, là aussi, avait évoqué la catharsis, mais uniquement à propos de la musique «Nous disons qu'on doit étudier la musique, non pas vue de l'éducation et de la purgation - ce que nous en vue d'un avantage unique, mais de plusieurs (en nous en reparlerons plus clairement dans un entendons par purgation, terme employé en général, traité sur la poétique - et, en troisième lieu, en vue du divertissement, de la détente et du délassement après la tension de l'effort).

» Certes, il en reparle, mais. »

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