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Comprendre son passé est-il nécessairement pour construire son avenir ?

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« Vocabulaire: CONSTRUIRE 1.

— Produire quelque chose à partir d'éléments donnés (construit opposé à donné).

2.

— Pour KANT : « La connaissance philosophique est la connaissance rationnelle par concepts ; la connaissance mathématique celle qui procède par construction de concepts.

Construire un concept veut dire présenter l'intuition a priori qui y correspond.

» 3.

— Constructivisme : toute théorie qui soutient que les concepts sont construits ; nom donné aux théories épistémologiques qui subordonnent l'existence d'un être mathématique à celle d'un procédé pour le construire.

4.

— Constructionnisme logique : théorie (CARNAP, la première philosophie de Russell) pour laquelle la plupart des entités utilisées dans les sciences (le corps, le temps, etc.) sont construites suivant des lois logiques à partir de données élémentaires, telles que les perceptions. AVENIR: Le temps à venir, le futur, cette partie du temps qui n'est pas encore. COMPRENDRE / EXPLIQUER : Comprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en déchiffrant sa singularité.

Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes (leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers. PASSÉ: Dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité.

D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire.

La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf.

Sartre).

Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. NÉCESSAIRE: Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être, ou être autrement.

S'oppose à contingent. Sur le plan logique, est nécessaire ce qui est universellement vrai, sans remise en cause possible. POUR DÉMARRER. Est-il indispensable de connaître intellectuellement et d'avoir l'intelligence des événements déjà vécus, de notre temps écoulé, pour préparer et édifier les éléments et objectifs de notre vie future ? Peut-on trouver des normes dans la série des événements écoulés qui soient applicables à la série future ? Conseils pratiques. Attention ! On ne vous demande pas si vous pouvez tirer des leçons du passé, mais si elles sont indispensables pour l'édification du futur.

La théorie psychanalytique, la doctrine de Sartre peuvent vous être utiles pour orienter votre travail. Bibliographie. FREUD, Textes Choisis, PUF. SARTRE, L'Être et le Néant, Tel-Gallimard, pp.

145 et sqq.

(étude de la temporalité). Problématique Le problème ici posé parait surprenant.

En effet, construire son avenir est un acte qui ne semble pas impliquer ce qui n'est plus, le passé, mais ne concerne que ce qui est à venir.

Ainsi pourquoi s'intéresse à ce qui n'est plus pour aller de l'avant? Une construction n'implique t elle pas la nouveauté et donc ce qui est inédit? Le passé est l'ensemble des actions que nous avons déjà faites, un souvenir du temps qui n'est plus tandis que la construction de l'avenir est ce que nous ne sommes pas encore et donc ce que nous n'avons pas été.

Ainsi vouloir se tourner vers le passé n'est ce pas le risque de le répéter et donc d'empêcher toute progression? Si le passé est nécessaire pour la construction des l'avenir, cela ne signifie t il pas que sans le souvenir de mon passé, je ne peux aller vers un futur que j'aurai moi même envisagé? Cependant le passé n'est il pas une réflexion sur mes propres capacités? Comment savoir de quoi je suis capable si je ne me tourne vers mes propres expériences? On apprend par l'expérience On appelle homme d'expérience celui qui a beaucoup vécu et se serait instruit au contact de réalités diverses.

Ce que cet homme sait d'expérience, ce qu'il sait pour l'avoir éprouvé, vaudrait plus que toute théorie.

L'habitude, comme fruit de l'expérience, serait même comme l'affirme Hume «le grand guide de la vie humaine».

Une telle conception oublie que l'habitude n'engendre le plus souvent que des préjugés.

Or rien n'est plus éblouissant qu'un préjugé.

Il arrive donc fort fréquemment que l'éclat de la vérité ne soit que la patine du temps et que notre certitude ne soit pas le fait de la raison mais simplement l'éloquence de nos désirs. Sur le plan de l'action, les situations que nous rencontrons sont parfois si singulières et complexes que les leçons du passé ne servent à rien sans la capacité d'analyser rapidement les données du problème.

Sur le plan de la spéculation, on peut même soutenir, avec Descartes, que les leçons de la vie ne sont d'aucun secours.

Le voyageur égaré dans la forêt qui hésite sur la direction à suivre doit prendre des décisions qui lui permettront de sortir de son état de doute.

La loi de l'action est d'être raisonnable quand elle ne peut être rationnelle.

Ce qui est raisonnable c'est de ne pas hésiter perpétuellement sur la direction à prendre, même si un choix irrationnel met fin à la délibération. Aussi Descartes conseille-t-il au voyageur égaré de marcher le plus droit qu'il peut vers un même côté car arriver quelque part est mieux que piétiner sur place.

En revanche, l'esprit en quête de vérité doit provoquer des raisons de douter et se méfier de la séduction du probable car il peut arriver que ce qui nous paraît probable et même très probable soit faux et que ce qui est vrai ne nous paraisse pas probable. — Il faut, assure-t-on, «acquérir de l'expérience » pour atteindre une certaine maturité, savoir se conduire, effectuer des choix judicieux, etc.

Que peut nous apporter l'expérience ainsi acquise au quotidien? — Elle se présente spontanément au sujet, qui la «reçoit»: il reste passif, et interprète ce qu'il voit ou éprouve en fonction de sa propre subjectivité. — Dans ces conditions, et qu'elle soit « heureuse » ou «malheureuse», l'expérience quotidienne ne peut avoir de sens que par rapport aux normes ou valeurs que le sujet possédait déjà.

Elle s'inscrit dans un parcours singulier — d'où, dans la façon dont elle est rapportée, l'insistance fréquente sur son caractère exceptionnel, et l'attention au détail «significatif». — L'accumulation de telles expériences apprend, dit-on, « à vivre».

Elle serait donc orientée vers l'acquisition d'une « sagesse » — au sens populaire — et non d'un savoir théorique.

Ce qui lui interdit d'accéder à ce dernier, c'est précisément sa singularité — le savoir exigeant au contraire l'universalité.

C'est aussi bien la dimension purement sensible, empirique, ou affective, alors que, pour qu'il y ait savoir, il faut des concepts et une élaboration abstraite. La personnalité se construit pendant l'enfance Pour Freud, les événements déterminants pour la constitution de la personnalité ont lieu pendant la petite enfance.

Ils sont ensuite rejetés dans l'inconscient et recouverts par une chape d'oubli. Certains de ces événements peuvent être traumatisants et provoquer des troubles de la personnalité à l'âge adulte.

La psychanalyse a pour but de guérir le patient par une «cure», en lui faisant prendre conscience de ce passé enfoui. L'histoire nous permet de comprendre l'actualité et de préparer l'avenir Le présent est souvent bien incompréhensible.

Pourquoi telle explosion de violence dans un corps social ? Pourquoi voit-on l'actualité comme une suite d'événements accidentels voire fortuits ? Réponse : l'ignorance de la situation passée interdit de comprendre ce présent que nous vivons mais dont le sens nous échappe.

A un niveau individuel, la connaissance et la recherche au travers d'une psychanalyse des traumatismes qui ont structuré notre personnalité psychique sont autant de moyens pour mieux comprendre ce que l'on est au présent et que l'on doit au passé, considéré comme élément de structuration de sa propre histoire.

Il semble donc aller de soi que l'on est dépendant du passé pour comprendre le présent. [Ce n'est qu'en rompant avec son passé que l'on peut construire librement son avenir.

Ce qui est important, ce n'est pas ce qui est derrière nous, mais ce vers quoi nous allons.] Les hommes décident librement Il n'est pas nécessaire de comprendre le passé pour construire l'avenir.

L'homme peut forger son avenir suivant ses propres projets, dans la nouveauté et la liberté. La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent.

Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j'ai à être.

Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l'action de sa signification.

Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premier signe d'une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le projet de conversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'une prémonition que je n'avais pas prise au sérieux.

Qui décidera si le séjour en prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selon que je renonce à voler ou que je m'endurcis.

Qui peut décider de la valeur d'enseignement d'un voyage, de la sincérité d'un serment d'amour, de la pureté d'une intention passée, etc.

? C'est moi, toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire. Sartre. Dans un premier mouvement, la pensée de Sartre est théorique.

Thèse sur la signification du passé humain, sur le caractère choisi et construit du passé.

Ensuite, une série d'exemples nous est présentée.

Passage de l'abstrait au concret, de l'élucidation philosophique à l'illustration concrète. 1) « La signification du passé … sa signification » : mon « projet originel » et mon projet présent décident de la signification de mon passé, lequel n'est donc pas un bloc figé. a) « La signification… projet présent » : énoncé de la thèse générale, selon laquelle le passé est informé par le présent. b) « Cela… j'ai à être » : ce ne sont pas des déterminations arbitraires et fantaisistes qui décident de mon passé, mais bien mon projet originel. a) c) « Moi seul… signification » : ma projection permanente vers le futur décide de mon passé. 2) « Cette crise mystique… je les éclaire » : les exemples illustrent la thèse générale énoncée. « Cette crise mystique…au sérieux » : exemple d'une crise mystique, d'une phase critique où j'ai eu le sentiment d'entrer en rapport direct avec Dieu.

A moi de lui donner un sens à travers mon projet présent. b) « Qui décidera… m'endurcis » : exemple d'un moment dont je construis perpétuellement le sens (le séjour en prison). c) · « Qui peut… éclaire » : ce sont les buts vers lesquels je tends qui éclairent les diverses modalités de mon passé (voyages, serment d'amour). Quelle est l'idée directrice du texte ? Le présent, le futur et le « projet fondamental » de mon existence décident du sens du passé, lequel n'est pas un bloc figé, mais une perpétuelle transformation.. »

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