Comparez l'intinct à l'intelligence ?

« 1.

L'instinct et l'intelligence ont la même finalité: l'adaptation du vivant à son environnement. 2.

L'instinct, dans ce but, agit immédiatement, sur un mode essentiellement réflexe (stimulus-réponse).

L'intelligence agit médiatement, par un moment de choix inventif et rationnel. 3.

L'intelligence complète l'instinct en fournissant des réponses aux questions du milieu imprévues par l'instinct: elle augmente ainsi les chances d'adaptation.

L'instinct, ou les automatismes comportementaux, libèrent l'intelligence des comportements répétitifs pour permettre des adaptations plus souples et plus inventives. 4.

Tout le monde animal semble manifester à la fois instinct et intelligence sous des formes variées et dans des proportions variables selon les espèces.

La part d'intelligence sem ble croître au cours de l'évolution. 5.

Chez l'homme, cette évolution atteint un point original où l'instinct n'existe pratiquement plus en acte et où l'intelligence inventive est la forme normale de l'adaptation.

L'homme n'a pas d'instinct réel: le rôle de celui-ci est réparti entre les automatismes biologiques, qui demeurent, et la faculté d'acquérir d e s habitudes ou d e choisir d e s comportements proprement culturels.

L'inné (ou le génétique) constitue surtout un terrain potentiel q u e l'expérience acquise dans les relations avec le m ilieu, actualise ou non.

Le comportement humain reste le résultat d'un apprentissage quasi-total. 6.

L'humanité dans l'homme n'est au départ qu'une possibilité génétique: celle-ci est plus ou moins complètement réalisée par l'apprentissage et l'éducation provenant du milieu social.

Il est donc nécessaire d'apprendre à être un homme pour le devenir.

L'existence «d'actes inhumains» et de certaines arriérations rend compte de la difficulté et des lacunes de cette exigence.

La qualité de l'humanité chez un individu dépend largement (mais pas uniquement) de la qualité de son environnement social. 7.

L'intelligence humaine n'est pas q u e la capacité d'inventer des comportements d'adaptation plus souples.

Palliant s o n m a n q u e de spécialisation organique, elle est aussi conscience et raison, qui rendent l'homme capable de pensée organisée, de langage, de science, d'abstraction, de morale et d'esthétique: toutes activités qui lui paraissent réservées.

En fait, au lieu de s'adapter à son milieu naturel dans les détails, l'homme tend à créer son propre milieu, artificiel. 1) L'instinct ignore le but vers lequel il tend.

C'est ce que montre les expériences de Fabre sur les insectes.

L'intelligence sait se proposer des fins et y adapter les moyens. 2) L'instinct est spécial: l'araignée ne sait que tisser, la taupe que fouir, etc.

L'intelligence est, comme le dit Descartes ou Aristote, un instrument universel, bon en toutes sortes de rencontres. Aristote: La main est-elle un outil ? Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains.

En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre), sont dans l'erreur.

Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir et pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage.

L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil.

Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir. http://www.devoir-de-philosophie.com/themes-philo/Aristote: La main est-elle un outil ? 3) L'instinct est à peu prés parfait du premier coup; l'intelligence est perfectible. La faculté de se perfectionner, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu'elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoi l'homme seul est-il sujet de devenir imbécile ? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme, reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? ROUSSEAU 4) L'instinct est rigide; l'intelligence est beaucoup plus souple. 5) L'instinct est fatal; l'intelligence à la liberté du choix. 6) L'instinct a un caractère pratique; l'intelligence est à la fois spéculative et pratique.

Elle ne dirige pas seulement nos actes, elle vise à connaître et à comprendre.. »