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Comment justifier le respect d'autrui ?

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« [Introduction] « Autrui », ce n'est pas l'autre, ni les autres : le terme offre une connotation particulière, d'ordre moral.

On peut en conséquence considérer qu'une relation véritable avec autrui doit présenter elle aussi cette dimension morale.

Mais de nombreuses relations possibles ne la possèdent pas.

Si le respect se justifie comme la meilleure relation avec autrui, c'est sans doute parce qu'il est le seul à garantir la présence d'un souci éthique. [I.

Versions différentes de l'altérité] [A.

L'autre] Je suis entouré d'altérité, dès lors que rien d'autre que moi n'est moi : l'autre peut être aussi bien cet arbre que mon chien (selon Hegel, c'est l'animalité qui est l'altérité la plus déroutante), ou un homme.

Si je me contente de considérer ce dernier comme « un autre », il est sans doute alter ego (« autre moi »), mais l'expression est ambiguë : autre (que) moi, ne puis-je être tenté de le ramener vers moi (en supprimant donc son altérité) ? [B.

Les autres] Les autres sont seulement des humains, proches ou lointains ; mais le pluriel les rend anonymes, sinon interchangeables : aucun n'a d'intérêt en particulier.

D'où la possibilité d'attitudes hostiles, défensives ou agressives : c'est facilement la faute «des autres»...

«Les autres», ce sont les « barbares » (pour les Grecs) ou les « sauvages » : trop différents pour être laissés tels (on les assimile ou on les détruit). [C.

Autrui] C'est « le prochain » au sens chrétien, mais « l'aimer comme soi-même », n'est-ce pas l'annuler comme porteur d'altérité, c'est-à-dire comme précisément autre que moi ? Même à son égard, il y a tentation d'assimilation. [II.

Relations possibles avec autrui] [A.

La pitié] Rousseau : l'homme originel éprouve de la pitié pour son semblable, ce qui implique qu'il le perçoit comme authentiquement semblable à lui (malgré les différences évidentes), et qu'il se met « mentalement » à sa place (pour éprouver la même souffrance que lui) : un tel sentiment laisse peu de place à l'altérité. 1.

La pitié La réflexion sur la sociabilité de l'homme conduit Rousseau à insister sur le rôle des sentiments.

Ainsi, le sentiment naturel de la pitié pour nos semblables (Discours sur l'origine de l'inégalité), qui nous pousse à nous identifier à celui qui souffre, est une manière de nous unir aux autres par affection plutôt que par intérêt.

La pitié est à l'origine des vertus sociales. 2.

La sincérité du coeur Le sentiment n'est pas limité au caractère sociable de l'homme.

Il est aussi bien ce qui nous révèle notre spiritualité, la foi naturelle en une intelligence divine à laquelle invite l'ordre de l'univers, que ce qui nous permet de décider du bien ou du mal, du vrai et du faux.

Ainsi, les connaissances évidentes sont, pour Rousseau, celles auxquelles, dans la sincérité de mon coeur, je ne peux refuser mon consentement (Profession de foi du vicaire savoyard). « Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce.

C'est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir : c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de lois, de moeurs et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix : c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs ; c'est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée, Fais à autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente, Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible.

C'est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouve à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation.

Quoiqu'il puisse appartenir à Socrate et aux esprits de sa trempe, d'acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent.

» Rousseau. MODELE. Dans ce texte, Rousseau fait l'apologie de la pitié. 1) La pitié est définie tout d'abord comme le sentiment naturel.. »

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