Comment établir une norme?
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Comment établir une norme ?
Une norme n'est pas une loi, sa mise en place n'est pas précédée d'un vote, comment établir une norme ?
On peut dire qu'il existe plusieurs type de normes, il y a aussi bien des normes qui relèvent d'une décision humaine,
des normes techniques par exemple, d'autres qui ne sont instituées que de façon informelle par l'opinion et enfin
d'autres encore, telles que celles des organismes vivants, sur lesquelles l'homme n'a qu'un pouvoir secondaire et
minime.
Il va de soi que ces différentes normes ne renvoient pas au même type de mise en place, la genèse d'une
norme vitale n'est pas celle d'une norme ergonomique.
Néanmoins nous allons examiner s'il n'y a pas quelque porosité
latente entre ces différents genres de norme et la façon dont elles s'établissent.
I-Il y a des normes naturelles sans intervention humaine.
Il faut distinguer entre loi de la nature (chute des corps, eau qui bout à cent degrés, transmission
génétique...) et normes naturelles.
Celles-ci peuvent être assimilées à une fourchette d'écart variable (selon le sujet
examiné : une plante, un élément chimique, un animal) exprimant la tolérance d'une fonction essentielle (vitale chez
l'animal) à l'endroit d'une cause externe (chaleur, froid, poison,...).
Ce type de norme, normes vitales en biologie, s'impose tel quel et l'homme ne peut que composer avec.
Il
doit apprendre lorsqu'il tombe malade à vivre selon de nouvelles normes, celles-ci diffèrent d'un individu à l'autre.
Comme le montre Canguilhem dans Le normal et le pathologique la santé n'est pas une affaire générique de
moyennes statistiques mais elle est une affaire propre à chaque individu.
Une norme vitale échappe donc à une décision humaine, l'homme doit apprendre à la connaître pour la
contrôler.
La forcer, la dépasser, c'est risquer de tomber dans un état pathologique, toutefois les normes vitales
sont lâches et on ne sait jamais vraiment leurs limites.
Comme on l'a souvent dit, ce n'est pas le calcul des
physiciens, biologistes et médecins qui va nous apprendre de quoi l'homme est capable, mais les tableaux de record
sportif.
II-La norme, la loi de la majorité ou bien le meilleur rapport.
Il y a aussi des normes qu'il revient à l'homme d'établir, certaines le sont de façon informelle, tiennent aux
moeurs et l'opinion en est la gardienne.
Par exemple si en Europe l'homosexualité n'est plus passible de prison ni
considérée comme une maladie psychique, il n'en reste pas moins que les homosexuels sont souvent stigmatisés, la
majorité juge souvent une norme minoritaire comme anormale.
Mais la norme peut renvoyer aussi au meilleur rapport possible pour une situation donnée, une norme
technique (taille d'un pot d'échappement) est prise dans une conjoncture et doit composer avec des normes de
sécurité, d'économie, d'écologie ou encore des normes juridiques.
Les normes les plus construites sont donc
relatives au problème du meilleur rapport possible.
On peut relier ces deux tendances à l'étymologie du terme (que Canguilhem discute dans l'article « Du
social au vital »), « norma » en latin signifie équerre, aussi normer c'est toujours redresser, exiger de ce que l'on
norme qu'il s'adapte.
La question de la norme est donc aussi liée à un fond moral.
III-La norme vitale : le modèle de la norme sociale.
Dans son article « Du social au vital » Canguilhem montre que c'est le thème de la planification qui illustre
la volonté la plus poussée de voir l'organisation sociale régulée idéalement.
Or souvent ce n'est qu'un rêve,
contrairement aux normes vitales qui sont immanentes à l'organisme et vécues comme indiscutables par celui-ci, les
normes sociales sont toujours discutées et contingentes, aussi elles ne font jamais l'unanimité et sont donc non pas
nécessaires mais conventionnelles, ce qui les rend fragiles.
Dans ce même article Canguilhem soutient l'idée que l'établissement des normes proprement sociales (donc
construites par l'homme) sont autant de recherches, inconscientes, pour égaler l'idéal de fonctionnement de la
norme organique.
En effet dans l'organisme, quoique que la maladie et la mort surviennent, le travail des organes se
fait la plupart du temps de façon idéale, chacun collaborant parfaitement au système.
Établir une norme ce serait donc profondément rechercher un idéal de fonctionnement, c'est
paradoxalement vouloir faire régresser l'ordre social puisque cela revient à vouloir le changer en ordre nécessaire,
vital.
Il apparaît donc que la contestation des normes est la garantie essentielle de la société humaine en tant que
celle-ci est fondée sur la transformation, le progrès technique, le contrat, et non sur un idéal organique qui n'est
pas humain mais biologique.
Conclusion :
Une norme peut-être décidée par l'homme ou bien lui être imposée, si elle renvoie à sa constitution
physique même.
Les normes décidées par l'homme sont conventionnelles, contingentes, discutées et donc
provisoires, répondant à un conjoncture momentanée.
A l'opposée les normes organiques restent floues, varient
selon l'individu, mais sont en leur fond inchangeables.
Elles incarnent un idéal de fonctionnement qui tient lieu de
modèle à l'homme, de façon inconsciente, dans l'établissement qu'il fait des normes sociales..
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