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Comment définir la matière ?

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« Il est surprenant (le constater que le concept de matière passe pour être clair : cela vient de ce que nous assimilons subconsciemment « matière », d'une part, avec objet de perception et, d'autre part, avec matériau.

Or, les perceptions sont des intuitions qui ne font pratiquement presque jamais problème, et les « matériaux » représentent pour nous une.

liste de moyens de construction bien connus : le bois, le verre, le nylon, la nacre, le ciment sont, à ce titre, « de la matière >>. Mais notre habitude ne saurait cacher le problème métaphysique, et si nous cherchons à connaître la nature de la matière, l'évidence première va se monnayer puis se dissoudre. — I — Par l'inertie ? La passivité de la matière sous l'action des forces qui s'exercent sur elle semblait être une caractéristique stable.

Mais les opinions modernes contredisent cette définition : en thermodynamique, les ensembles physiques cherchent spontanément leur équilibre,...

en chimie les corps ont des «affinités », en physique, les corps radioactifs émettent des radiations, et ont une « vie » limitée,...

enfin en bactériologie, les virus filtrants seraient des molécules chimiques. — II — Par l'étendue et le mouvement ? C'est la définition cartésienne.

L'étendue selon Descartes est l'étoffe dans laquelle sont taillés les corps ; ceux-ci sont des « figures » dans l'étendue.

La matière ou « res extensa » cartésienne est une substance qui s'oppose à la « res cogitans » ou esprit, comme une réalité donnée s'oppose à une activité.

Elle a une structure fixe et des lois immuables.

La quantité de mouvement y reste constante. Mais, comme le dit plus tard Leibniz, il n'y a pas de véritable substantialité dans la « matière » telle que la définit Descartes; avec un espace purement intelligible, des figures géométriques et une quantité fixe de mouvement, Descartes ne peut « retrouver » les masses physiques et la dynamique de la force vive. — III — Par la force vive ? RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est composé.

La monade est à la métaphysique ce que le point est à la géométrie à la fois unique et en nombre infini.

Il n'y a pas chez Leibniz de dualisme (d'un côté l'âme et de l'autre l'esprit).

Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une dimension spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux, des monades douées de raison comme chez les hommes. Aucune monade ne ressemble à une autre.

Chacune d'elles représente le monde de manière toujours particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien polis.

A la faveur de la bonté et de l'omniscience divines, toutes les monades constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé, sans portes ni fenêtres, cad sans communication. Leibniz considéra que l'univers est formé d'atomes ou agrégats d'atomes.et ces atomes ou « monades » constituent la « substance » réelle. La réalité se réduisant à la force (entendue ici au sens de la Physique), elle est analogue à la vie et même à l'activité de l'esprit.

La monadologie de Leibniz est, en définitive, un monisme, c'est-à-dire une théorie pour qui il n'y a qu'une seule substance; la matière, la vie, l'esprit, — ou plus exactement les corps bruts, les corps vivants et les consciences — ne sont que des degrés d'éveil, plus ou moins marqué et plus ou moins durable, de ces « monades ».

La « monade » matérielle s'épuise dans l'instantané de son être, « ens momentanea sive sine recordatione », et s'oppose par là à l'esprit, qui a un horizon et une mémoire. — IV — Par l'énergie ? A l'énergie cinétique ou force vive qui dépend de la vitesse, l' « énergétisme » ajoute l'énergie potentielle qui dépend de la position.

L' « énergétisme », dit Ostwald (« L'énergie » 1910) considère que la substance du monde physique est l'énergie et non plus la matière. Dans la théorie de la relativité, la matière est « un continuum quadri-dimensionnel espace-temps, champ gravifique insimplifiable et incompressible...

», c'est-à-dire que la matière est électromagnétique ; la masse cesse d'être une « propriété des corps » pour devenir une fonction de la vitesse. Cette « énergie » de la matière qui constitue les corpuscules ou les électrons en même temps qu'elle constitue les liens qui retiennent un électron sur son orbite, est un concept encore obscur.

Quant aux électrons, si leur nature matérielle ne fait de doute pour personne, leur définition est difficile à préciser : on les a appelés des ondes de propagation, des centres d'énergie, et on ne peut déterminer leur position qu'au détriment des autres variables et inversement. — V — En fait le concept de matière est un concept obscur dont les progrès scientifiques changent de jour en jour le contenu.

A l'analyse philosophique, il représente le schème de l'objectivité; la matière, quelle que soit sa définition, reste essentiellement ce qui caractérise l'objet comme tel, c'est-à-dire l'objectivité, avec tout ce que cette notion représente.. »

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