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Comment définir ce qu'est autrui ?

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« La réponse semble simple : autrui, ce sont les autres hommes dans leur ensemble.

Cela signifie que je ne comprends jamais autrui comme étant seulement autre chose que moi, comme étant une chose parmi les choses.

Dès la perception; , je ne vise pas autrui comme je vise une chose inerte, c'est-à-dire comme une pure altérité : autrui est tout à la fois autre que moi et identique à moi.

En termes platoniciens, autrui entrelace le même et l'autre. A.

Chacun est seul avec lui-même La découverte du sujet pensant par Descartes est en même temps l'expérience d'une solitude radicale.

Descartes, s'efforçant de révoquer toutes choses en doute, s'avise que demeure une certitude inébranlable : à savoir le fait même qu'il doute, qu'il existe comme être pensant.

Mais cette certitude est, à ce moment-là, l'unique certitude.

« Je suis une chose qui pense », affirme Descartes dans les Méditations métaphysiques, mais il se peut que « les choses que je sens et que j'imagine » ne soient « rien du tout hors de moi et en elles-mêmes ».

Découvrant la certitude de ma propre existence, je ne puis pour autant affirmer l'existence d'aucune autre chose en dehors de moi.

A fortiori, l'existence d'autres consciences que la mienne demeure problématique.

Ma conscience est la seule conscience dont j'ai directement l'expérience.

Tout le reste n'est qu'objet pour elle, pur spectacle pour un unique spectateur...Nous avons retenu du solipsisme cartésien l'idée que le moi est plus certain que le monde : il y a d'abord le moi, puis ensuite seulement le monde et autrui ; avec Descartes, la conscience devient une substance qui saisit sa pure mêmeté dans l'acte du cogito.

Selon Descartes en effet, je n'ai pas besoin d'autrui pour avoir conscience de moi ; mais tout seul, puis-je avoir conscience d'exister ? Husserl va montrer que la conscience n'est pas une substance, mais une ouverture à l'altérité : je n'ai pas d'abord conscience de moi, puis d'autrui et du monde, parce que ma conscience est d'emblée rapport au monde et à autrui.

Le monde dont je suis conscient n'est pas un désert vide, car je peux deviner la trace d'autrui derrière les choses : le champ n'existerait pas sans autrui pour le cultiver ; de même, le chemin sur lequel je marche n'a pas été tracé par mes seuls pas. B.

Je juge des autres à partir de moi-même Conscient de cette difficulté, Malebranche, un disciple de Descartes, avance une solution qu'on pourrait qualifier d'intellectualiste : c'est par l'exercice de l'intelligence, par un raisonnement que j'arrive à démontrer l'existence d'autrui et à savoir qui il est.

Sans doute est-il impossible d'accéder à la conscience des autres et de connaître leurs pensées et leurs sentiments véritables (je ne suis pas « dans leur tête », comme on dit).

Je peux néanmoins, à partir de la connaissance que j'ai de mes propres états de conscience, émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience des autres. C'est le raisonnement par analogie qui sera ici mon guide.

« J'aime le bien et le plaisir, je hais le mal et la douleur, écrit Malebranche, et je ne me trompe point de croire que les hommes [...] ont ces inclinations ».

Si les autres sont des hommes, ils doivent suivre comme moi les lois de l'humaine nature. C.

On ne peut douter de l'existence d'autrui Tous les logiciens savent que le raisonnement par analogie ne conduit qu'à des conclusions probables.

Or, l'existence d'autrui (à défaut de la connaissance exacte de ce qu'il est) est pour moi une certitude originaire, antérieure à toute connaissance.

Husserl l'a bien montré : notre conscience reconnaît l'existence d'autres consciences dans un sentiment originaire de « coexistence ».

Le monde dans lequel je vis n'est pas un monde de choses, mais un monde humain, c'est-à-dire un monde qui porte dans tous ses aspects l'empreinte de mes semblables, un monde où tout est signe, symbole, message.

Cette communauté originaire des consciences au sein de laquelle chacun se constitue comme sujet vis-à-vis des autres, Husserl l'appelle l'intersubjectivité. " Je n'appréhende pas « l'autre » tout simplement comme mon double.

Je ne l'appréhende ni pourvu de ma sphère originale ou d'une sphère pareille à la mienne, ni pourvu de phénomènes spatiaux qui m'appartiennent en tant que liés à l'«ici» (hic): mais à considérer la chose de plus près avec des phénomènes tels que je pourrais en avoir si j'allais « là-bas » (illic) et si j'y étais.

Ensuite, I'autre est appréhendé dans l'apprésentation comme un « moi » d'un monde primordial ou une monade.

Pour cette monade, c'est son corps qui est constitué d'une manière originelle et est donné dans le mode d'un « hic absolu », centre fonctionnel de son action.

Par conséquent, Ie corps apparaissant dans ma sphère monadique dans le mode de l'illic appréhendé comme l'organisme corporel d'un autre, comme l'organisme de l'alter-ego , l'est en même temps, comme le même corps, dans le mode du « hic », dont « l'autre » a l'expérience dans sa sphère monadique.

Et cela, d'une façon concrète, avec toutes les intentionnalités constitutives que ce mode implique.

" Edmund HUSSERL, Méditations cartésiennes (1929), 5e méditation, Vrin p.9. »

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