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Choix et liberté ?

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« VOCABULAIRE: CHOIX: Action consistant à se déterminer en arrêtant une conduite à tenir, retenue entre plusieurs possibles.

La capacité de choisir est considérée traditionnellement comme caractéristique du libre arbitre. Liberté: Contre le sens commun, qui définit la liberté par la possibilité de l'assouvissement des désirs, Kant montre qu'il n'y a de liberté que dans l'autonomie, c'est-à-dire l'obéissance à la loi morale, qui, issue de la raison, assure notre indépendance à l'égard de tout motif extérieur et pathologique. La liberté est alors non pas tant un fait qu'une exigence dont l'homme doit se montrer digne. La liberté, pour l'homme, renvoie par conséquent au pouvoir de décider librement, au pouvoir de faire et de choisir ce qu'il juge être le meilleur.

La spontanéité ne suffit donc pas à qualifier l'acte libre.

Un mouvement spontané, c'est-à-dire non contraint, peut être un mouvement mécanique ou de pure habitude.

Je saisis machinalement une cigarette, par exemple.

Rien, ni personne ne m'en empêche.

Pour autant, ce geste spontané et machinal ne signifie rien, du point de vue de la liberté.

C'est seulement lorsque la réflexion vient suspendre l'action que la liberté intervient.

L'acte libre est l'acte qui résulte d'un choix, après qu'on ait délibéré (Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre III, 7). C'est par conséquent dans l'expérience du choix que se découvre la liberté.

Tout choix suppose l'idée du possible. C'est là une évidence.

Sans possible, il n'y a pas de choix, et ceci, en un premier sens d'abord : on l'a vu, il n'y a pas de liberté, s'il y a contrainte.

Mais que tout choix suppose du possible est vrai aussi en un deuxième sens, plus fondamental, sans doute : c'est parce que l'homme est cet être capable de se projeter dans l'avenir, et de viser des fins que se pose à lui la question du choix.

Que ferai-je de ma vie ? Quel métier choisirai-je ? Me marierai-je ? Auraije des enfants ? Quel engagement politique sera le mien ? Autant de questions, autant de décisions que j'aurai à prendre et que nul, en principe, ne peut prendre à ma place.

Ces questions, souvent graves, mettent en jeu la liberté du sujet, qui peut être éprouvée jusqu'à l'angoisse.

C'est pourquoi sans doute il peut paraître parfois plus simple de remettre à d'autres le pouvoir d'y répondre.

La soumission à l'autorité, le conformisme sont des attitudes qui témoignent bien de cette difficulté qu'éprouve l'homme à exercer sa liberté. Choisir, c'est donc juger entre plusieurs partis possibles lequel est le meilleur.

Pourtant, être libre, c'est non seulement juger, mais encore agir.

Là encore, la liberté ne va pas de soi.

Car il n'est pas rare d'avoir à constater son impuissance ou l'insuffisance de sa volonté pour réaliser ce que l'on a pourtant jugé être le meilleur.

L'homme se trouve ainsi divisé entre deux instances contraires, celle du bien dont il juge, et celle du mal qu'il réalise : « Vraiment, ce que je fais, je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais » (Epître aux Romains, VII, 14-25).

Suis-je libre de vouloir, alors que je suis entraîné par le poids du péché? se demande Saint Paul.

Opposé à l'idée d'un libre-arbitre, comme pouvoir absolu de choix, Luther se fera le théoricien du serf-arbitre.

L'homme n'est pas libre, et cependant, il est coupable : seule la grâce divine peut le sauver.

Sans entrer dans le débat théologique, reste qu'il y a bien là un problème : suis-je libre de faire ce que je veux, alors que je suis enchaîné par un passé d'habitudes, une éducation, une hérédité même ? Pourtant, sauf à « refuser à l'homme d'être principe et générateur de ses actions, comme il l'est de ses enfants » (Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre III, 7), ne faut-il pas poser la liberté ? Après tout, nous ne sommes peut-être pas libres au moment d'agir, parce que nous avons pris de mauvaises habitudes, mais nous étions libres de les prendre ou non, dit encore Aristote.

Nous voici donc ramenés à la question du choix.

Pouvions-nous choisir d'agir autrement que nous l'avons fait ? A cette question, nous avons spontanément tendance à répondre positivement, affirmant par là l'existence de notre libre-arbitre, entendu comme pouvoir absolu de commencement.

J'ai fait tel choix, mais je pouvais en faire un autre : telle est, le plus souvent notre intime conviction, à partir de laquelle s'explique d'ailleurs le sentiment du remords, du regret ou du repentir.

Mais une croyance ne prouve rien.

Il ne suffit pas de se croire libre pour l'être.

La croyance au libre-arbitre n'est peut-être, finalement, qu'une illusion.

Or l'illusion est ce qui nous fait prendre nos désirs pour la réalité.

A quel désir correspond donc le désir du libre-arbitre ? N'est-ce pas celui, comme le suggère Nietzsche, de « porter l'entière et ultime responsabilité de ses actes et d'en décharger Dieu, le monde, l'hérédité, le hasard, la société » , afin que « plus hardi que le baron de Crac, on tente de se saisir soi-même aux cheveux pour se hisser du marécage du néant et se hisser enfin dans l'existence » (Par-delà le bien et le mal, coll.

« 10/18 », U.G.E., 1973) ? Ainsi, partagés entre la croyance au libre-arbitre et le sentiment de notre impuissance, entre orgueil et humilité, nous sommes divisés et incertains.

La conscience livrée au choix semble condamnée à être une conscience déchirée et mal-heureuse.. »

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