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Celui qui te gifle sur la joue gauche, tourne lui aussi la droite. ( Matthieu 3:38 )

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« Introduction Cette fameuse image du Christ invite l'homme à ne pas sombrer dans une violence régie par la loi du plus fort, ou par la loi du talion (c'est-à-dire par une vengeance égale au préjudice commis).

D'ailleurs, ce qui précède cette sentence est cette loi du talion, énoncée sous la forme « Œil pour œil, dent pour dent » (5, 38).

Ainsi Jésus, qui incarne le christianisme comme religion de l'amour, et non comme religion (judaïque) du commandement ou de la loi, exhorte le sujet à réfléchir sur le thème de la violence, à savoir ses produits ainsi que les réponses qu'on peut y apporter.

Ce message christique est-il ainsi transposable sur tous les plans de la réalité humaine ? I.

Pourquoi la violence ? a.

Les formes de la violence sont variées, d'où la difficulté d'en rendre compte.

La violence pourrait apparaître comme étant une faiblesse secrète, tout comme nous l'indique l'expérience de la colère.

La violence peut être « cette impatience dans le rapport avec autrui » (Gusdorf, La vertu de force) afin d'affirmer rapidement son orientation.

La violence rompt ainsi avec la parole échangée.

Elle caractérise alors aussi la perte de contrôle de soi, la non maîtrise de ses émotions.

De plus, ce qu'on s'approprie par la violence est souvent sans valeur.

Les pharisiens, qui giflaient Jésus, usaient de leur force, de leur pouvoir, mais ne gagnaient rien en retour de leurs actes. Ils s'enfonçaient plutôt dans la contradiction, dans l'impossibilité de comprendre un message, celui de l'amour. b.

Il semblerait donc que l'homme soit habité de deux pulsions fondamentales, celle de l'amour et celle de la mort (pulsion de destruction).

Le but de l'Eros (amour) est la conservation de soi.

Le but de la pulsion de mort, au contraire, est de briser les rapports, de détruire les choses.

Cette pulsion destructrice expliquerait pour Freud le comportement des individus et des peuples.

Ainsi l'agressivité, comme modalité de la violence, serait toujours d'abord tournée sur le sujet lui-même, avant même d'être infléchie vers l'extérieur.

Que font-ils d'autres que se faire du mal à eux-mêmes, les juifs, en provocant l'amour divin ? II.

La nécessité de la violence a.

Il y a donc bien une ambivalence fondamentale en l'homme.

Le fameux commandement « Tu ne tueras point » indique moins l'existence rassurante de forces morales à l'œuvre parmi les hommes, qu'une nécessité de contrecarrer une tendance fondamentale à la violence.

Le Christ lui-même ne récuse pas totalement la violence, à en croire ce qu'il affirme à travers l'évangile selon Matthieu : « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive (l'épée) » (St Matthieu, 10, 34).

Ce passage ne doit pas non plus faire oublier le message d'amour universel du Sermon sur la montagne. b.

Nietzsche montrera que l'idéal chrétien de la paix de l'âme n'était pas celui du Christ lui-même.

Nietzsche a lui-même exalté l'agressivité et la guerre, contre l'idéal pacifique qui serait un symptôme de relâchement moral, caractéristique d'une vie déclinante (cf. Ainsi parlait Zarathoustra, « De la guerre et des guerriers »).

Et certains textes de Nietzsche rappellent ces propos du Nouveau Testament.

Nietzsche évoque aussi l'idée d'une spiritualisation de l'agressivité, en religion comme en politique : « plus avisée, plus réfléchie, elle (l'agressivité) a plus de ménagements » (Crépuscule des idoles). c.

Avec Hegel, le face à face entre hommes est toujours une lutte pour la reconnaissance qui implique la vie et la mort.

Les deux consciences se mettent en péril, en mettant la vie de l'autre en péril.

Il y a toujours en sortant de ce conflit une conscience qui préférera conserver sa vie, ainsi renoncer à sa liberté.

L'autre est ainsi reconnu comme étant le seul libre.

Ce rapport constitue génétiquement le rapport de maîtrise et de servitude.

Ainsi une conscience se soumet à un maître.

Il y a toujours dans l'histoire, telle est la conviction de K.

Marx, une lutte des classes.

Mais la victoire appartientelle vraiment au plus fort (physiquement, économiquement, politiquement) ? Pour toute conscience de soi, il y a une autre conscience de soi ; autrement dit, chaque conscience ne peut avoir l'intuition de soi que dans une autre conscience.

Chacun ne peut se saisir comme conscience que dans la conscience de l'autre où il se reconnaît d'abord comme identique.

Mon Je est le même que le Je de l'autre.

Mais l'un n'est pas l'autre : chacun est l'un pour l'autre une présence concrète et objective, et chacun exige de l'autre d'être reconnu comme conscience de soi, c'est-à-dire comme conscience autonome et libre.

La conscience ne peut être qu'à la condition d'être reconnue, mais cette reconnaissance doit être celle de ma propre liberté, de mon autonomie, une reconnaissance de moi en tant que sujet.

Je ne suis pas une simple présence concrète, je suis plus que cela.

Afin d'être reconnue comme conscience libre, chaque conscience doit se représenter pour l'autre, comme "libérée de la réalité naturelle présente".

Aucune conscience n'est donc immédiatement donnée.

Sans être reconnue par une autre conscience, ma conscience n'est rien.

Mais pour être reconnue en son essence, la liberté, elle doit nier son pur être-là immédiat, autrement dit se transcender. La lutte des consciences et le rapport asymétrique de la liberté et de la servitude. »

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