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Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel. Hegel

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? Datée du 25 juin 1820, la préface des Principes de la philosophie du droit est un des textes les plus célèbres du philosophe allemand Hegel (1770-1831). On y trouve une formule en laquelle on peut voir comme le plus exact des résumés de son système : « Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel. »


« Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel.

Hegel Datée du 25 juin 1820, la préface des Principes de la philosophie du droit est un des textes les plus célèbres du philosophe allemand Hegel (1770-1831).

On y trouve une formule en laquelle on peut voir comme le plus exact des résumés de son système : « Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel.

» Pour Hegel, le réel et le rationnel se confondent car, ainsi qu'il l'écrit dans La Raison dans l'Histoire : « La raison gouverne le monde » (voir « Passion »).

Ainsi la mission de la philosophie doit être de s'attacher à ce qui est et d'en montrer la rationalité.

Personne ne peut ni ne doit se situer au-delà de ce qui est : «Saisir et comprendre ce qui est, telle est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c'est la raison.

En ce qui concerne l'individu, chacun est le fils de son temps.

Il en est de même de la philosophie : elle saisit son temps dans la pensée.

H est aussi insensé de prétendre qu'une philosophie, quelle qu'elle soit, puisse franchir le monde contemporain pour aller au-delà, que de supposer qu'un individu puisse sauter par-dessus son temps, puisse sauter par-dessus le rocher de Rhodes.

Si sa théorie va effectivement au-delà, si elle se construit un monde tel qu'il doit être, ce monde existera sans doute, mais seulement dans sa pensée, c'est-à-dire dans une cire molle où n'importe quelle fantaisie peut s'imprimer.

» En une autre formule frappante, Hegel revient dans la suite de son texte sur la mission du philosophe.

Il écrit : «Reconnaître la raison comme la rose dans la croix du présent et se réjouir d'elle, c'est là la vision rationnelle qui constitue la réconciliation avec la réalité.

» Le réel est la « croix du présent » : Golgotha de souffrances et de désordre apparent.

L'histoire est le calvaire où se joue la Passion — aux deux sens de ce mot — de notre espèce.

Cependant, affirme Hegel, il faut avoir la force de ne pas capituler devant le non-sens que nous oppose la réalité.

Derrière ce non-sens, il y a un sens et c'est ce sens que la philosophie doit faire fleurir, telle une rose, sur la croix de notre présent. Conception héroïque, on le voit, de la philosophie que celle que nous propose Hegel et qu'on pourrait définir comme un « optimisme tragique».

Tragique, car Hegel ne ferme pas les yeux sur la part de négatif que chacun de nous porte en lui et que l'histoire tout entière manifeste.

Optimisme cependant, car ce négatif, se niant lui-même, débouche sur le positif de l'histoire, parce que le non-sens s'abolit toujours dans le sens. Avec Hegel — et ce qu'il présentait comme le savoir absolu — tout, on le voit, prend un sens de ce qui est.

On comprend l'influence considérable que ce système a pu exercer dans l'histoire de la philosophie.

Même les héros parodiques du dernier roman de Flaubert, Bou-yard et Pécuchet, dans leur traversée dérisoire du savoir, n'ont pas su échapper à la fascination qu'exerçait le philosophe allemand.

Flaubert nous montre même au chapitre VIII de son ouvrage Pécuchet en train de commenter pour Bouvard la célèbre formule de Hegel — devançant en quelque sorte les auteurs du petit livre que vous tenez entre vos mains : «Il se procuta une introduction à la philosophie hégélienne, et voulut l'expliquer à Bouvard. "Tout ce qui est rationnel est réel.

Il n'y a même de réel que l'idée.

Les lois de l'esprit sont les lois de l'univers.

La raison de l'homme est identique à celle de Dieu." Bouvard feignait de comprendre.

» L'ironie de Flaubert est, en soi, un argument dirigé contre les prétentions du système hégélien.

Argument insuffisant, jugeront les philosophes. Le philosophe et romancier Georges Bataille (18971962) en a avancé de plus convaincants.

Découvrant à travers l'enseignement du philosophe russe Kojève le système hégélien, Bataille n'a cessé d'en interroger les limites, affirmant tout à la fois que si le système dit la vérité du savoir, il est au-delà de ce savoir un non-savoir dont le rire, l'érotisme ou le mal manifestent la présence et qui, de ce savoir, dessine les limites.

Tout le réel est rationnel, affirme Hegel.

Tout, répond Bataille, sauf la « part maudite », la « déchirure » qui en lui se dérobe au savoir.

Dans un texte qui accompagne son Expérience, intérieure (1943), Georges Bataille écrivait : « Au-delà de tout savoir est le non-savoir et qui s'absorberait dans la pensée qu'au-delà de son savoir il ne sait rien, eût-il en lui l'inexorable lucidité de Hegel, ne serait plus Hegel mais une dent douloureuse dans la bouche de Hegel.

Seule une dent malade manquerait-elle au grand philosophe?». »

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