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Ce que l'homme fait par son travail peut-il se retourner contre lui?

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« Analyse du sujet : Il s'agit de relever un paradoxe car tel est le but d'une introduction de dissertation de philosophie.

Analysons le terme « travail » : c'est une activité propre à l'homme car elle modifie la nature afin qu'il puisse en tirer profit.

Le travail est donc transformation de la nature pour le bien d e l'homme.

Ainsi, comment le résultat d'une telle activité pourrait se retourner contre l'homme ? Si c'était le cas, cela sous entendrait que l'homme créerait sa propre perte...

Voilà une idée paradoxale et qui semble heurter le bon sens.

Cependant, les choses ne sont peut-être pas si évidentes que cela et le mythe de Frankenstein vient nous rappeler qu'il est possible qu'une créature de l'homme puisse se retourner contre lui.

N'y-a-t-il pas, en effet, un produit du travail humain qui mette en danger l'espèce humaine ? L'actualité est riche en exemple (pensons aux dangers du nucléaire, au réchauffement de la planète etc.) On peut donc observer plusieurs axes de réflexions comme le fait que le travail est consubstantiel à l'homme et ne peut lui être nuisible ; mais également si le fruit de son travail peut être susceptible, dans certains cas qu'il faudra étudier avec précision, de se retourner contre lui.

Alors les moyens de remédier à ses effets nocifs ne devront pas être oubliés. Proposition de plan : 1) L'homme est un être à part des animaux car il transforme la nature ; pensons au mythe de Prométhée qui nous fait comprendre que l'homme ne peut se contenter de c que lui a donné la nature : il doit la transformer (grâce à la connaissance du feu).

Le travail prend donc d'abord la forme de la culture qui contrôle les processus d e la nature afin d'en tirer le meilleur et de n'en pas subir les aléas. L'exemple d e l'agriculture est assez illustratif.

Ainsi, l'homme, d e par son travail sur son environnement, peut s'adapter ou m ê m e survivre.

Là où l'ours polaire ne peut survivre au Sahara et le lion en Arctique, l'homme a maîtrisé tous les recoins de la terre.

C'est l'idée de Rousseau dans Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes qui parle de perfectibilité, permettant à l'homme de transformer son milieu naturel et de ce fait de s'améliorer lui-même.

L'homme social se construit luim ê m e en développant s e s capacités, son habileté et son intelligence.

Pour employé un vocabulaire aristotélicien, grâce au travail, l'homme actualise ce qui est en lui est en puissance et le serait resté à tout jamais sans travail. Mais le travail apporte également des bienfaits socialement.

Dans nos sociétés, et ce depuis le XIXème siècle, le travail est valorisé (par rapport à u n e conception antique, par exemple).

Celui qui travaille trouve sa place dans la société, est bien considéré alors que celui qui ne travaille pas est soit un oisif, un fainéant ou encore frappé par la malédiction du chômage.

Le travail est ici aperçu comme un bien fait en soit et non plus son produit.

Le travail est signe d'insertion sociale.

Durkheim illustre cette idée à travers le concept de division du travail.

Dans la division du travail, la personne s'individualise et se libère ainsi des conformismes sociaux ; bref, plus le travail est spécialisé, plus l'individu affirme sa propre personnalité : « les natures individuelles, en se spécialisant deviennent plus complexes et, par cela même, sont soustraites en partie à l'action collective et aux influences héréditaires » (De la Division du Travail).

Ainsi, le travail spécialisé par la division des tâches rend l'individu moins interchangeable et affirme donc sa place au sein de la société. Transition : Cependant, cette division du travail n'a-t-elle pas des effets pervers comme l'assujettissement à la tâche, ne sommes-nous pas devenus d e simples rouages dans un processus gigantesques de production ? 2) Sans contredire Durkheim, il faut envisager les méfaits éventuels d'une division du travail : l'homme ne devient-il pas uniquement travailleur ? On peut retrouver le concept d'aliénation.

La production qu'accompagne inévitablement la division du travail assujettit l'homme (et pas seulement l'ouvrier, pensons aux golden boys qui travaillent 12 à 15 heures par jour à la bourse).

Bien sûr l'illustration la plus évidente est celle d e l'ouvrier à la chaîne qui dépend entièrement d e sa machine.

Arendt dans Condition de l'homme moderne caractérise la différence des rapports qu'entretient l'homme entre l'outil et la machine.

Avec l'outil, l'homme lui imprime son rythme de travail, tandis qu'avec la machine, les choses sont inversées car c'est la machine (le tapis roulant par exemple) qui donne le rythme de travail à l'homme : « pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain.

L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer ». Un autre effet pervers de la division du travail est que le travailleur perd de vue le sens de son objet et n'accomplit plus que des gestes par automatisme sans comprendre la finalité de son travail.

Le travail devient absurde quand on est cantonné à la seule fabrication d'une porte de voiture.

La conséquence est que l'objet produit devient étranger pour tout le monde et les conséquences, de par une espèce d'irresponsabilité provoquée par la division du travail, échappent à l'homme.

La valeur de l'objet, sa signification n'est pas déterminée par celui (ou par ceux) qui le produit.

Les découvertes théoriques désintéressées sur la structure de la matière faites par les scientifiques pourront servir à la production de bombes atomiques.

Ainsi, si le travail humain nécessite un plan, celui-ci n'englobe pas forcément toutes les possibilités d'usage de l'objet : on sait ce que l'on produit, comment on le produit mais on ne sait pas ce que produit ce que l'on produit. Transition : le travail et le produit du travail s'il est bénéfique dans un premier temps peut s'avérer néfaste pour l'humanité.

Il s'agit alors de savoir comment régler les éventuels effets pervers du travail.

Voyons quelques solutions possibles. 3) La voie qui se présente spontanément est de fuir le plus possible le travail.

Un exemple historique et philosophique est Diogène le Cynique qui choisit la mendicité comme mode de vie.

Mais cette solution présuppose que d'autres travaillent et cela ne fait que reculer le problème car le risque est toujours présent de voir le travail se retourner contre l'homme. On peut alors penser à une limite qui viendrait comme encadrer ce qui est permis de produire, de concevoir et ce qui ne l'est pas.

Une norme qui indiquerait ce que l'homme peut travailler.

Cette norme serait la Nature elle-même et le travail reprendrait sa définition initiale, à savoir une culture de la nature.

Nous trouvons alors la Nature comme ayant un sens, ayant quelque chose à dire à l'homme et non pas une simple matière que l'on peut modeler à notre guise.

Le travail serait ce qui aiderait la nature à accoucher (notion antique reprise notamment par Aristote).

Ne plus se rendre comme maître et possesseur de la nature comme l'exhortait Descartes dans le Discours de la méthode mais se subordonner à son intelligibilité. Une autre voie serait d e donner au travail un autre sens, d e lui conférer une autre définition.

Le travail ne serait plus pris dans une optique utilitariste qui était finalement le contexte des avantages et des inconvénients du travail.

Telle est l'idée de Nietzsche qui dans Humain, trop humain propose une vision ludique, créatrice et artistique de la vie.

Il s'agit de donner une vision nouvelle, un rapport neuf à l'objet.

Ainsi, l'artiste ne peut faire un usage néfaste des objets car il sort de la sphère utilitaire : pensons au regard original de Marcel Duchamp sur les objets fonctionnels avec ses ready-made (urinoir, porte-bouteilles) ; l'art défonctionnalise le produit du travail.. »

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