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Bergson, l'âme et le corps (1912), in l'Energie spirituelle

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Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu’on l’abandonne, il retombe. Mais, à coté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieur, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appellent « volontaires ». Quelle en est la cause ? C’est ce que chacun de nous désigne par les mots « je » ou « moi ». Et qu’est ce que le moi ? quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui est joint, le dépasser dans l’espace aussi bien que dans le temps. Dans l’espace d’abord, car le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu’aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s’il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce quel aperçoit à la lumière de ce quelle ce remémore. : la conscience, elle, retient ce passé, l’enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu’elle contribuera à créer.[…] cette chose, qui déborde le corps de tous cotés et qui crée des actes en se créant à nouveau elle-même, c’est le « moi », c’est « l’ âme », c’est l’esprit,- l’esprit étant précisément une force qui peut tirer d’elle même plus qu’elle ne contient, rendre plus qu’elle ne reçoit, donner plus qu’elle n’a. Voilà ce que nous croyons voir. Telle est l’apparence Bergson, l’âme et le corps (1912), in l’Energie spirituelle

« Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière.

Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu'on l'abandonne, il retombe.

Mais, à coté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieur, il en est d'autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appellent « volontaires ».

Quelle en est la cause ? C'est ce que chacun de nous désigne par les mots « je » ou « moi ».

Et qu'est ce que le moi ? quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui est joint, le dépasser dans l'espace aussi bien que dans le temps.

Dans l'espace d'abord, car le corps de chacun de nous s'arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu'aux étoiles.

Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s'il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce quel aperçoit à la lumière de ce quelle ce remémore.

: la conscience, elle, retient ce passé, l'enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu'elle contribuera à créer.[…] cette chose, qui déborde le corps de tous cotés et qui crée des actes en se créant à nouveau ellemême, c'est le « moi », c'est « l' âme », c'est l'esprit,- l'esprit étant précisément une force qui peut tirer d'elle même plus qu'elle ne contient, rendre plus qu'elle ne reçoit, donner plus qu'elle n'a.

Voilà ce que nous croyons voir.

Telle est l'apparence.

Bergson, l'âme et le corps (1912), in l'Energie spirituelle. ANALYSE ET PRBLEMATISATION DU SUJET. § § § § § § Ce texte de Bergson analyse les rapports entre l'âme et le corps ainsi que leurs différences intrinsèques, dont il tente d'expliquer les mécanismes.

Ainsi le corps appartient-il au domaine de la matière qui semble de prime abord être placée du côté d'un certain mécanisme, d'un déterminisme qui correspond à celui des lois de la nature. Au contraire, l'âme, l'esprit ou le moi, ces mots semblants synonymes dans ce texte, sont à placer du côté de la spiritualité définie comme ce qui apparaît irréductible au déterminisme de la matière et comme ce qui de fait peut le transcender, le dépasser.

C'est alors à une définition de l'homme que nous avons affaire dance ce texte, dans la mesure où il est ce composé complexe d'esprit et de matière, d'âme et de corps. Bergson semble alors reprendre à son compte le dualisme cartésien entre l'âme et le corps, et qui plus est ouvrir le débat qui consiste à se demander si l'esprit, et plus particulièrement la mémoire (dont il est question dans ce texte à travers le problème du temps), est réductible au corps, c'est-à-dire dans cet exemple au cerveau, faisant déprendre la mémoire d'un donné organique. Or, la thèse émise dans ce texte semble bien être l'irréductibilité de l'esprit, qui déborde largement le corps.

Le second « domaine » dans lequel Bergson analyse le dépassement du corps par l'âme est l'espace, le corps se trouvant dans un espace clos, là où l'esprit est dans un espace infini.

C'est ainsi la notion même de liberté que semble mettre en lumière ce texte en faisant du moi une instance créatrice, libre de tout déterminisme. Néanmoins la fin tu texte émet un bémol en parlant d'apparence Le problème est alors le suivant : comment Bergson parvient-il dans ce texte à donner une définition de l'homme, marquée par le point de vue de l'homme lui-même, au travers de la mise en place d'une distinction entre l'âme et le corps, distinguant alors le déterminisme matériel extérieur et la liberté intérieure et spirituelle ? PROPOSITION DE PLAN. I) La définition du corps et le déterminisme. § Le texte s'ouvre dur une définition du corps comme ce qui est soumis aux mêmes lois que la matière, au sens où le corps est partie intégrante de la matière.

En effet, c'est bien comme soumis aux lois déterministes de la nature que Bergson envisage le corps dans cette première partie du texte, faisant du corps humain le représentant de corps dans la nature (objets, pierres…).

Aussi les corps sont-ils. »

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