Bergson et la politique
Extrait du document
«
"Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire
de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité.
Nous nous en
apercevrions si ce souvenir n'était recouvert par d'autres, auxquels nous
préférons nous reporter.
Que n'eût pas été notre enfance si l'on nous avait
laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs.
Mais voici qu'un
obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction.
Pourquoi
obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris
l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres.
Toutefois nous sentions
bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos
maîtres.
Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d'eux-mêmes que
de leur situation par rapport à nous.
Ils occupaient une certaine place : c'est
de là que partait, avec une force de pénétration qu'il n'aurait pas eue s'il
avait été lancé d'ailleurs, le commandement.
En d'autres termes, parents et
maîtres semblaient agir par délégation.
Nous ne nous en rendions pas
nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions
quelque chose d'énorme ou plutôt d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa
masse par leur intermédiaire.
Nous dirions plus tard que c'est la société."
BERGSON
I - LES TERMES DU SUJET
Ce texte met en perspective les notions d'autorité et d'obéissance dans les relations sociales.
Il pose la question de la
légitimité du pouvoir légal.
Il apparaît qu'un pouvoir central fondateur de la société est délégué à différentes personnes non naturellement
autoritaires mais dont le rôle social les met en situation de commander.
Ainsi nous devons nous demander pourquoi nous obéissons et pourquoi nous désobéissons ?
II - ANALYSE DU PROBLEME
Pourquoi obéissons-nous ? D'où vient l'autorité des parents, des maîtres ?
Il semble que la société est fondée sur le pouvoir, que les relations sociales sont des relations de force autour de
différents foyers de pouvoir, représentant le pouvoir centralisé.
Ainsi, parce que la sociabilité est essentiellement humaine, l'obéissance l'est aussi.
L'autorité est-elle pour autant légitime ? Quel est le contrat fondateur de la société ? Dans quelle mesure un citoyen
peut-il désobéir ?
III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION
Dans une étude ordonnée du texte, nous pouvons expliquer la notion bergsonienne de souvenir en montrant le rôle de
tri des souvenirs assumé par le cerveau.
Puis il faut analyser les étapes de l'argumentation de l'idée principale sur la légitimité du pouvoir que nous pouvons
remettre en cause dans la partie sur l'intérêt philosophique.
IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE
1 - Etude ordonnée
A - Le souvenir du fruit défendu
C'est le souvenir le plus ancien dans la mémoire collective.
En effet, il suppose le commandement, donc l'interdit,
source de toute relation sociale.
Si nous ne nous en souvenons pas, c'est que notre cerveau n'a pas jugé bon de le trier, d'autres souvenirs se révélant
plus utiles au moment présent..
»
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