Avoir confiance en soi-même, est-ce une illusion ?
Extrait du document
«
Discussion :
Devant un tel sujet la réaction immédiate est dubitative : comment pourrais-je douter d'une assurance que je vois se manifester chez
moi ou chez autrui en maintes circonstances ? Je sais tout de même faire la différence entre quelqu'un d'audacieux et quelqu'un de
timide, et, face aux exigences du quotidien, je sais que ces deux attitudes entraînent des résultats opposés.
Il ne doit donc pas s'agir
de la notion de confiance dans son acception la plus banale.
Suggestion de plan :
Première partie : La notion de maîtrise
Il faudrait déterminer la signification exacte du terme « confiance ».
Est-ce être maître de soi, ou alors est-ce être sûr de soi ? Si c'est
être maître de soi c'est donc pouvoir agir sur son corps et son esprit, avoir la capacité de toujours contrôler ses gestes et ses pensées.
« Celui qui se connaît, est seul maître de soi » (Discours, P.
Ronsard) D'après Pierre Ronsard être maître de soi c'est avant tout se
connaître.
Mais comment savoir si on se connaît ? Il existe deux formes de connaissance : d'abord celle que l'on se doit à soi-même et
celle que l'on montre devant les autres.
« Une diminution de l'hypocrisie et un accroissement de la connaissance de soi-même ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance, car on n'est que
trop disposé à reporter sur autrui le tort et la violence que l'on fait à sa propre nature.
» (Jung, Psychologie de l'inconscient.) L'approfondissement de cette connaissance
contribue à pacifier les relations avec les autres et donc à comprendre que l'on n'est jamais abusivement « sûr de soi ».
Deuxième partie : Soi et les autres
Parce que la question posée même si elle vise une personne en elle-même, elle concerne pourtant un rapport aux autres.
Comment
dire que l'on a confiance en soi si on ne se place pas dans une relation ?
Avoir confiance en soi c'est avant tout savoir quelle place on veut tenir devant les autres, en rapport avec les autres.
Ainsi pour avoir
confiance en soi en présence des autres il faut d'abord être maitre de soi.
Car l'image que l'on donne de soi à autrui est celle que l'on a
de soi-même.
D'abord parce que l'on se voit à travers le regard des autres et que c'est eux qui nous renvoient ce que l'on est.
Si l'on
tient compte du fait que nous sommes dans une société qui revendique l'apparence au détriment de l'intellect il paraît presque
inimaginable que quelqu'un puisse se moquer de son apparence, dans la mesure ou chaque jour il est confronté aux yeux des autres
qui tentent de lui dire le contraire.
Troisième partie : Un déni du réel
Ainsi avoir confiance en soi c'est la capacité à faire abstraction du jugement des autres sur soi-même et pouvoir ne se fier qu'à son
propre sentiment.
Dans un sens c'est être seul au monde et échapper à la réalité.
Mais c'est aussi oublier qu'il y a un monde autour de
soi et que lorsque l'on dit dans le langage courant « j'ai confiance en moi » c'est d'un côté penser que le seul facteur de réussite est
soi-même et d'un autre côté que nous sommes les seuls possesseurs de la vérité.
Avoir confiance en soi c'est échapper à une certaine
réalité à laquelle l'esprit ne veut pas se confronter de peur d'être blessé.
Ainsi avoir confiance en soi-même c'est faire semblant que
l'on revendique ce que l'on est aux yeux des autres pour que ces derniers nous renvoient une image positive de nous-même.
C'est
donc un procédé comme un autre qui permet à chacun d'essayer malgré les réalités de se sentir bien avec lui-même.
Alain écrit dans Les Passions et la Sagesse : « On dit qu'il y a des hommes qui sont assez contents d'eux-mêmes, mais je n'en ai point
vu.
Il n'y a pas que les sots qui aient besoin d'éloges, et renouvelés souvent.
Je sais que le succès donne une espèce d'assurance.
Mais
même dans le plein succès, le sentiment le plus ordinaire est une détresse, par la nécessité de le soutenir.
Il est pénible de déplaire ; il
est délicieux de plaire ; mais quel est l'homme ou la femme qui soient si sûrs de plaire par leurs ressources seulement ? Les plus
assurés s'entourent de politesse et de parures, et se fortifient de leurs amis.
L'abus des sociétés oisives et le dégoût de penser à soi
jettent presque tout le monde dans la recherche des flatteries, même payées ; par ce moyen on arrive à une espèce d'assurance.
Mais
cela ce n'est pas l'amour de soi, c'est la vanité.
Personne n'en est exempt que je sache, en ce sens que tout éloge plaît un petit
moment.
Je trouve quelque chose de touchant dans la vanité ; c'est naïvement demander secours aux autres.
Mais cette parure ne
tient guère.
La vanité est vanité.
» Une telle considération montre combien les implications d'un comportement sûr de soi peuvent être
négatives.
Si je suis confiant cela implique que j'estime que le vrai se trouve de mon côté, que je sais où est la vérité.
Or, Socrate dit que son plus
grand savoir c'est de savoir qu'il ne sait rien et il accuse tout ceux qui pensent savoir qu'ils sont les plus ignorants.
Conclusion :
Ainsi, si la confiance en soi c'est la certitude de détenir la vérité et d'en être conscient, c'est donc une pure fabulation de l'esprit et une
armure qui protège la vérité : à savoir que l'on est ignorant..
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