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Autrui peut-il être un objet de désir

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« Discussion: Désirer, c'est tendre consciemment vers ce que l'on aimerait posséder.

Le désir est conscience d'un manque.

Comme conscience, il est le propre de l'homme, dans la mesure où seul celui-ci est capable de représentations intellectuelles ("l'animal a des besoins").

« Le désir est l'idée d'un bien que l'on ne possède pas mais que l'on espère posséder » (Malebranche).

Comme manque, il est aussi spécifiquement humain dans la mesure où ne manque jamais que ce qu'on a le souvenir d'avoir possédé et le regret d'avoir perdu.

Le désir se définit donc paradoxalement comme nostalgie, en son essence insatisfait ; impossible espoir de retrouver ce qui appartient à un passé révolu.

Ainsi pourquoi ce fantasme de voir entrer en sa possession quelque chose qui nous échappe, serait-il différent dans une relation avec autrui ? Suggestion de plan : I.

Première partie : autrui, comme un autre moi-même. Autrui n'est pas simplement celui qui est autre que moi mais l'autre comme autre moi (alter ego) et corrélatif du moi.

Le désir est orientation vers autrui car il exige une différence qui permettrait de se construire.

Le désir nous oriente donc vers autrui qu'il fait apparaître comme ce qui peut nous reconnaître : seule une autre conscience de soi peut nous reconnaître en nous plaçant au foyer de la conscience.

Autrui semble seul capable de nous désirer ; parce qu'il est différent ; l'imagination le présente comme capable de combler ce manque, essence du désir.

Le désir porte sur le désir d'autrui et sur ce qu'autrui désire.

Car l'être humain ne peut pas vivre seul, il se définit par l'intersubjectivité.

Ainsi je ne peux pas me définir seul, c'est seulement dans une comparaison qu'une définition est possible.

Dès lors, il est évident qu'autrui entre dans le champ de ma propre subjectivité.

Je le désire donc avant tout parce que je désire me connaître.

"Or, autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moi pour être perçu une opération contradictoire, puisque je devrais à la fois le distinguer de moi-même, donc le situer dans le monde des objets ; et le penser comme conscience, c'est-à-dire comme cette sorte d'être sans dehors et sans parties auquel je n'ai accès que parce qu'il est moi et parce que celui qui pense et celui qui est pensé se confondent en lui.

Il n'y a donc pas de place pour autrui et pour la pluralité des consciences de la pensée objective...

mais justement, nous avons appris à révoquer en doute la pensée objective" Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception. Si autrui est la clef qui me permet de me cerner et de me comprendre, alors je suis amené à désirer cet autre, qui est aussi une partie de mon moi.

Seulement, le danger dans cette recherche de soi-même, c'est d'oublier autrui et de l'aspirer en quelque sorte dans mon désir.

Il devient prisonnier de ma volonté, de ma volonté de me connaître.

Si ce risque existe alors, et que je peux être une menace pour l'existence de l'autre, il faut que je trouve un moyen de préserver l'autre de ma puissance.

Car le désir est avant tout une volonté de puissance sur un objet ou sur une personne.

Mais cette puissance est tout aussi destructrice pour autrui que jouissante pour soimême.

Le problème posé rencontre donc une autre difficulté majeure : y a-t-il un équilibre concevable entre mon désir sur autrui et la préservation d'autrui? II.

Deuxième partie : L'autre comme l'être ou comme la chose Si l'on considère que le désir est la volonté de posséder une chose en particulier, il ne semble pas applicable dans une relation avec autrui.

« Les gens que je vois...

je les fige en objets, je suis par rapport à eux comme autrui par rapport à moi.

En les regardant, je mesure ma puissance.

» SARTRE, L'Être et le Néant. Autrui n'étant pas un objet, et autrui ayant sa propre volonté, annule ce désir de puissance et de possession.

On ne peut pas vouloir posséder une conscience.

D'abord parce que c'est impossible, et ensuite parce que c'est mettre l'autre en esclavage.

« Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est.

On demande des modifications, car on n'aime jamais qu'un fantôme.

Ce qui est réel ne peut être désiré, car il est réel.

» Tel quel, Paul Valéry. Néanmoins, c'est dans un rapport, dans une société, dans des relations avec les autres que le bonheur est possible et comme le bonheur est la seule fin des hommes, alors, autrui peut être le moyen par quoi l'individu peut être heureux.

Dans un sens, il devient objet de désir, et surtout, objet, car il est un intermédiaire. « C'est toujours par autrui que passe mon désir, et que mon désir reçoit un objet.

Je ne désire rien qui ne soit vu, pensé, possédé par un autrui possible.

» Deleuze, Logique du sens. Conclusion : Il semble que le seul équilibre possible, afin que, mon désir n'élimine pas autrui, soit l'amitié.

Elle semble être d'un côté l'assouvissement de mon désir, et en même temps elle tient compte d'autrui, sans l'anéantir et sans l'éliminer.. »

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