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Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un moyen ou un obstacle ?

Extrait du document

« 1.

PREMIER MOMENT : CONTENU EXPLICITE DE L'ÉNONCÉ A.

Approche de l'objet de la question «...

Peut-il être pour moi autre chose...

? » « Peut-il » : implique une double possibilité. a.

Possibilité problématisée en fait: On nous demande dans ce cas, s'il est possible (en fait) de considérer autrui autrement que comme obstacle ou comme moyen. b.

Possibilité problématisée en droit : On nous demande ainsi, s'il est permis (en droit) de considérer autrui comme obstacle ou comme moyen. On cherche donc à savoir explicitement sous quelles réserves, il en est ainsi et dans quelles conditions, il peut en être autrement. B.

Rapprochements terminologiques Autre et Autrui. AUTRE : Latin alter, d'où altérer : rendre autre ; concept premier dont on ne peut donner les synonymes suivants: différent, distinct, divers, séparé...

ALTÉRITÉ : Caractère de ce qui est autre.

Le contraire d'identité.

ALTRUISME : Mot créé par Auguste Comte pour désigner l'attitude opposée à l'égoïsme. Psycho : disposition à s'intéresser aux autres et même à se dévouer pour eux.

Morale : doctrine qui place la norme suprême de la moralité dans le dévouement aux autres. AUTRUI : Les autres, les personnes, le prochain.

«Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi.

» (Sartre.) OBSTACLE : Ce qui se tient devant (Obstaculum) et ce qui m'empêche d'avancer, d'évoluer ou de penser et d'agir.

Littéralement : être arrêté par quelque chose. Comme obstacle, autrui est ce qu'on a devant soi.

Comme tel, il fait problème.

MOYEN : Corrélatif de fin. Tout ce qui conditionne l'obtention d'un résultat déterminé.

On dit «tous les moyens sont bons » pour arriver à ses fins. Comprendre « moyen » comme instrument ou expédient ; c'est dans un sens aussi dépréciatif que l'on dit se servir des autres pour arriver à ses propres fins. C.

Rapprochements thématiques « Emily avait joué à se faire une maison dans un recoin, tout à fait à l'avant du navire...

Fatiguée de ce jeu, elle marchait sans but vers l'arrière, quand il lui vint tout à coup la pensée fulgurante qu'elle était maintenant Emily... elle se mit à examiner sérieusement ce qu'un tel fait impliquait...

Mais maintenant qu'elle avait d'une façon si soudaine acquis le sentiment d'être une personne distincte, (les autres) lui semblaient aussi étrangers que le bateau même...

» (Hugues - Un cyclone à la Jamaïque - Pion.) Si Emily était seule, sa découverte n'aurait aucun intérêt.

Elle ne prend conscience d'elle-même que sous la condition de se distinguer des autres.

Elle se découvrait.

Elle découvrait son identité : elle est elle.

Et découvrait du même coup sa différence : elle est autre, autre que les autres mais autre comme n'importe quel autre.

Être elle, tout est là, c'est surtout être une autre.

Mais maintenant qu'Emily a acquis le sentiment d'être une personne distincte et différente, « les autres lui semblaient aussi étrangers que le bateau même ».

Ce sentiment d'étrangeté par rapport à la personne d'autrui la fait ainsi apparaître comme une chose parmi les choses.

Tout ce qui n'est pas moi, tout ce qui se situe en dehors de moi a l'apparence d'une chose.

Une chose distincte de moi.

À présent Emily saisit «Autrui» comme s'il s'agissait de son bateau: une chose entre autres choses. Car si le moi est toujours autre chose qu'une chose, et si tout ce qui est en dehors de moi, s'identifie à une chose, il en résulte par la force des choses que le Moi qui n'est pas Moi ne peut être qu'une chose semblable à toutes les choses.

Mais tout ce qui n'est pas Moi ; ou bien me sert pour arriver à mes propres fins, ou bien m'empêche d'y arriver.

Or Autrui n'est pas moi.

Donc il est « là » pour me servir ou me desservir : moyen dans un cas, obstacle de l'autre.

Le fait de « me découvrir » avec autrui sous le signe de la séparation, me profite et me permet, en toute logique, de bien asseoir mon identité, d'affermir mon moi ou de revendiquer ma différence.

Je pars, en effet, d'une distinction de principe : «je» n'est pas «cet autre», «cet autre» n'est pas «moi-même» et j'en arrive à cette réduction de la personne d'Autrui à une chose. Distinction enfantine, mais cependant très courante.

On en mesure à juste titre «l'intérêt», «l'utilité» voire «l'outilité» dans la vie de tous les jours...

Les termes de l'énoncé se rattachent par là même à une vision « instrumentale » de la personne d'autrui, dont il faut essayer de rendre compte en examinant les présupposés qui la conditionnent ou les thèses philosophiques qui l'autorisent. 2.

DEUXIÈME MOMENT : CONTENU IMPLICITE DE L'ÉNONCÉ On ne peut faire l'économie du système des présupposés qui nous conduit à tenir autrui pour un moyen ou pour un obstacle. Étant entendu que ce système détermine le mode de position de la question initiale et met en évidence la difficulté à résoudre. Toutefois, il ne s'agit pas seulement de relever ces présupposés mais surtout d'en rendre compte.

Cela signifie que pour expliquer un énoncé, il faut s'expliquer d'abord avec ses sous-entendus ou son contenu implicite afin. »

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