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Au nom de quoi pourrait-on s'opposer à la raison ?

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« Problématique La particularité de ce sujet consiste à partir d'un préjugé issu de la tradition philosophique elle-même, et non du sens commun : la raison serait à elle-même sa propre légitimité, elle désignerait ce qu'il y a de plus digne et de plus haut pour l'homme, et on ne verrait pas en quoi s'y opposer serait légitime, ni même possible. Cependant, la philosophie se caractérise par la remise en question permanente des préjugés non fondés.

On ne voit donc pas pourquoi la raison devrait échapper à cette « critique », au sens où Kant l'entend : examen des limites, au double sens, passif, de borne et, actif, de finalité.

Les motivations pour s'opposer à la raison peuvent ainsi être d'ordre interne (on critiquera alors la raison elle-même) ou externe (on montrera en ce cas qu'il existe des domaines où elle est incompétente, voire dangereuse).

Le paradoxe du sujet consiste donc à nous inciter à réfléchir sur les compétences de la raison, tout en nous faisant comprendre qu'elles sont limitées. On examinera donc dans un premier temps les arguments de la valorisation de la raison dans la tradition philosophique, afin de comprendre pourquoi il peut paraître insensé d'oser penser s'opposer à la raison (I).

Puis on montrera, d'un point de vue externe et interne, que la raison n'est pas toute-puissante, et qu'une certaine opposition peut non seulement être légitime, mais aussi bienfaisante, pour la raison elle-même (II).

On conclura sur l'idée de « critique » de la raison au sens kantien. [Introduction] On désigne généralement par « raison » la faculté de discerner le vrai du faux et le bien du mal.

D'un point de vue théorique, la raison nous achemine donc vers le vrai et, d'un point de vue pratique, elle nous permet de discerner ce qui est juste : quelle est la meilleure conduite à tenir dans une situation donnée ? La raison désigne ainsi le propre de l'homme.

Comment en ce cas envisager un seul instant qu'on puisse s'y opposer ? Quel idéal ou genre de vie pourrait être susceptible de prévaloir sur elle et de nous amener à la rejeter ? Mais l'homme est aussi un être de désir et de passions.

Il est donc susceptible d'en vouloir à la raison, qui l'oblige à contrarier ou du moins à maîtriser les pensées qui lui viennent par le corps ; il peut, en somme, rejeter la raison au nom d'un idéal eudémoniste (recherche du bonheur) ne s'accommodant pas de l'aridité de la quête rationnelle.

Mais plus profondément encore, il est en droit de se livrer à une critique de la raison, c'est-à-dire à l'examen de ses capacités et de ses limites.

Car il est des domaines, comme celui de la foi par exemple, où elle semble hors de propos. Se demander au nom de quoi on pourrait s'opposer à la raison revient en somme à s'interroger sur ce qu'elle peut, et sur tout ce qu'elle peut.

Et ce questionnement n'est pas seulement nécessaire pour la raison elle-même : il désigne la condition absolue de son droit usage et de sa légitimité. [I.

Il est insensé de s'opposer à la raison] Dans le domaine théorique de la connaissance, la raison désigne la faculté proprement humaine qui, bien utilisée (cf. la méthode de Descartes), permet d'accéder au vrai.

Or la vérité désigne l'aboutissement de la quête éperdue de tout esprit désireux de savoir.

S'opposer à la raison reviendrait en ce cas à rejeter la vérité elle-même et à faire prévaloir, contre elle, la puissance des préjugés et de l'illusion.

Ce serait faire l'éloge d'une pensée hétéronome (reçue de l'extérieur) et non pas autonome et maîtrisée, alors que l'homme est capable de cette dernière. Mais la raison désigne aussi la faculté de discerner le bien du mal et, dans une situation donnée, de choisir, non pas le meilleur absolument (ce peut être impossible dans certaines circonstances), mais le meilleur dans ce cas-ci, compte tenu des informations dont on dispose.

Agir raisonnablement, c'est agir de façon pondérée, de façon à ne pas avoir à regretter une décision trop précipitée ou partiale.

C'est agir au mieux, en tenant compte des conséquences de son action, bref, en se montrant responsable. De ce point de vue, on ne voit pas non plus ce qui pourrait venir légitimer une opposition à la raison.

À moins que l'on ne valorise les décisions prises « sur un coup de tête », et qui peuvent par la suite donner à l'individu de bons motifs pour se morfondre. Du double point de vue théorique et pratique, il semble donc bien difficile (pour ne pas dire impossible) de trouver à un individu quelconque (« on ») de bonnes motivations pour s'opposer à la raison. Cependant, certains conflits ouverts de la raison avec son autre (la foi, la passion, etc.) doivent nous alerter sur les limites de la raison, et nous inciter à un examen rigoureux de ses compétences et de ses prétentions.

N'est-elle pas quelquefois trop ambitieuse ? Et cela ne finit-il pas par se retourner contre elle ?. »

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