Au nom de quoi accorder ou refuser le pardon ?
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POUR DÉMARRER
À partir de quels principes ou valeurs faut-il absoudre une faute ou une offense ? remettre les « péchés » d'un sujet
? Un bel intitulé, qui renvoie au scandale du mal ou de la faute, et qui doit être traité dans une perspective
synthétique.
Conseils pratiques
Élucidez clairement le concept de pardon, en examinant bien les termes proches (miséricorde, rédemption,
indulgence, rémission, etc..) et opposés (condamnation, rancune, ressentiment, etc..).
N'oubliez pas de recourir aux
exemples historiques (cf..
le mal nazi, etc..).
Bibliographie
V.
JANKÉLÉVITCH, Traité des vertus, Bordas.
J.-P.
SARTRE, Les séquestrés d'Altona, NRF-Gallimard.
F.
HEIDSIECK, La vertu de justice, initiation philosophique, PUF.
INTRODUCTION
On dit couramment que comprendre, c'est pardonner, et que tout comprendre, c'est tout pardonner.
Remarquons que la formule peut se prêter à deux interprétations en sens opposés.
On peut y voir aussi bien
l'exaltation du pouvoir humain de commisération envers son semblable et de la puissance de la compréhension, donc
de la raison.
Ou à l'inverse une formule ironique: il est facile de tout pardonner, si on réduit le pardon à la
compréhension! Le pardon ne présenterait plus aucune difficulté: il suffit de comprendre, et le pardon s'ensuivrait.
La formule semble donc présenter une tension interne: en même temps, la compréhension mène au pardon, et le
pardon ne se laisse pas réduire à la compréhension.
Il faudra donc vérifier en un premier temps, en quoi comprendre
un acte peut mener à le pardonner, ce que veut dire comprendre en ce sens.
Et, à partir de là, s'il n'y a que ce
qu'on ne peut pas comprendre qu'on ne puisse pas pardonner.
N'y a-t-il pas quelque chose qui serait compréhensible
et pourtant impardonnable? Y a-t-il, par exemple, de l'impardonnable en soi?
PREMIÈRE PARTIE
En quoi est-ce que comprendre peut entraîner pardonner?
Peut-on passer de la compréhension théorique d'un acte, d'une faute, à l'acte moral du pardon? Peut-on faire
dépendre le pardon de la compréhension sans renoncer au vrai sens du pardon?
Comprendre a un sens souvent proche d'expliquer: on comprend si on nous a expliqué.
Ici, expliquer, ce serait, de la
part du fautif, dire pourquoi il a fait ceci ou cela, quelles sont les circonstances qui expliquent son geste incongru ou
offensant.
Il ne s'agissait peut-être que d'un geste maladroit (casser le vase de la belle-mère), involontaire ou mal
interprété (ce n'est pas ce qu'il voulait faire), ou encore dicté par les circonstances (il ne pouvait pas faire
autrement).
Expliquer ses actes en invoquant les circonstances permet toujours de se disculper quelque peu: toute
circonstance est une circonstance atténuante.
Et comprendre les raisons de cet acte me mène toujours à les "admettre".
Qu'est-ce comprendre: c'est un peu
prendre sur soi, être-avec, pouvoir se mettre à la place de l'autre.
Comprendre quelqu'un, c'est pouvoir se mettre à
sa place, dans sa peau.
Et je pardonne donc dès lors que j'ai compris.
Compris quoi? Compris que à sa place, j'en
aurais fait autant ou j'aurais au moins été tenté de le faire.
Au fond, on ne pardonne jamais qu'à la faiblesse
humaine.
On n'est donc jamais aussi coupable qu'on peut le sembler: le fautif se dit victime des circonstances, la
vraie victime peut admettre cette défaillance.
Mais il semble alors, si on admet que "comprendre, c'est pardonner", que le pardon se résorbe dans la
compréhension: ce qui compte, c'est de comprendre, le pardon vient de lui-même.
Le pardon y est comme un geste
secondaire, une conséquence, quelque chose de machinal ou de mécanique.
Une fois qu'on a compris, on pardonne,
mais comme sans y prendre garde.
Dire que comprendre, c'est pardonner, c'est confondre excuser et pardonner.
En fait, le pardon qui est issu de la compréhension n'est pas réellement du pardon, mais de l'excuse.
En effet, qu'est-ce que excuser? C'est un acte social.
Présenter ses excuses à quelqu'un qu'on a offensé, c'est faire
preuve de savoir-vivre, de sociabilité.
Présenter des excuses, c'est déjà montrer qu'on a conscience d'avoir fauté
contre les conventions, qu'il faut présenter des excuses pour ne pas passer pour un goujat.
Et si la victime refuse
des excuses présentées de si bonne grâce, c'est elle qui passera pour manquer de savoir-vivre, qui pêchera contre.
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