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Aristote

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Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien, ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents. L'ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l'autre des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent. En outre, nul homme ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l'intelligence d'un petit enfant, même s'il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l'enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s'il ne devait jamais en résulter pour lui de conséquence pénible. Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout notre empressement à obtenir, même s'ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus. Qu'en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne seraient pour nous la source d'aucun plaisir. Qu'ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble-t-il, bien évidente. Aristote

« PRESENTATION DE L' "ETHIQUE A NICOMAQUE" DE ARISTOTE Au regard de la tripartition du savoir classique dans l'Antiquité (logique, physique et éthique), l'Éthique à Nicomaque constitue l'oeuvre la plus aboutie de la partie éthique.

En délimitant le champ des affaires humaines par exclusion de la nature et du divin, elle constitue le premier effort pour penser l'action humaine de manière immanente et autonome et lui reconnaître ainsi une positivité ontologique.

Aristote (384-322 av.

J.-C.) y opère en effet une critique de ses prédécesseurs, qui ne voient dans l'action humaine qu'un domaine d'application pour des principes extérieurs, que ce soient les dieux de la pensée tragique, les formes platoniciennes ou plus pragmatiquement, les techniques de la sophistique. Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien, ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents.

L'ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l'autre des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent.

En outre, nul homme ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l'intelligence d'un petit enfant, même s'il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l'enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s'il ne devait jamais en résulter pour lui de conséquence pénible.

Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout notre empressement à obtenir, même s'ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus.

Qu'en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne seraient pour nous la source d'aucun plaisir.

Qu'ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble-t-il, bien évidente. I - LES TERMES DU SUJET Ce texte vise à partir d'une comparaison entre l'ami et le flatteur à distinguer le plaisir du bien.

Il montre aussi que, pour l'homme, la recherche du bien l'emporte sur celle du plaisir. Le bien apparaît ainsi comme la fin ultime qui est poursuivie par l'homme tandis que le plaisir reste subordonné à la possession des vertus. Le texte repose donc sur une distinction entre le bien inconditionnellement désirable et le plaisir qui ne saurait constituer une fin en soi ni même une valeur absolue. II - L'ANALYSE DU PROBLEME A travers une série d'arguments, le texte d'Aristote établit une différence de nature entre bien et plaisir.

S'il y a une multiplicité de plaisirs (selon les âges de la vie ou les objets qui en sont à l'origine), le bien se caractérise en revanche par son unité et son universalité.

Il est ainsi ce qui constitue la fin ultime de l'existence humaine. III - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - LES ETAPES DE LA JUSTIFICATION 1) "Le fait que [...] spécifiquement différents". Aristote présente la thèse du texte en partant d'un exemple.

C'est à partir de la comparaison de l'ami et du flatteur qu'il établit l'incommensurabilité du plaisir et du bien d'une part et la diversité des plaisirs d'autre part.

Il faut ici être attentif au jeu des articles définis et indéfinis : LE plaisir n'est pas UN certain type de bien.

Aristote signale ici une différence de nature entre le bien et le plaisir.

En outre, il précise qu'il y a au sein du genre "plaisir" des différences spécifiques. 2) "l'ami, en effet, paraît [...] la source d'aucun plaisir". La justification de la thèse s'effectue en deux temps : a) Comparaison entre l'ami qui nous fréquente en vue de notre bien et du flatteur qui, par ses propos, suscite une satisfaction certaine.

Toutefois, en dépit du plaisir procuré par ces flatteries, les finalités du flatteur sont toujours susceptibles d'être critiquées.

Que vise-t-il par ses propos séduisants ? A obtenir nos faveurs en retour du plaisir qu'il nous procure ? Au contraire, l'ami recherche notre bien : ses propos ou ses actes ne peuvent être suspectés : la seule bienveillance est au principe de la relation qu'il entretient avec nous.

Il est notre ami non pour les bénéfices qu'il peut retirer de cette amitié mais pour nous-mêmes.. »

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