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Aristote

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Admettons donc que l'on doive voir la fin et attendre ce moment pour déclarer un homme heureux, non pas comme étant actuellement heureux, mais parce qu'il l'était dans un temps antérieur : comment n'y aurait-il pas une absurdité dans le fait que, au moment même où cet homme est heureux, on refusera de lui attribuer avec vérité ce qui lui appartient, sous prétexte que nous ne voulons pas appeler heureux les hommes qui sont encore vivants, en raison des caprices de la fortune et de ce que nous avons conçu le bonheur comme quelque chose de stable et ne pouvant être facilement ébranlé d'aucune façon, alors que la roue de la fortune tourne souvent pour le même individu ? Il est évident, en effet, que si nous le suivons pas à pas dans ses diverses vicissitudes, nous appellerons souvent le même homme tour à tour heureux et malheureux, faisant ainsi de l'homme heureux une sorte de caméléon ou une maison menaçant ruine. Ne doit-on pas plutôt penser que suivre la fortune dans tous ses détours est un procédé absolument incorrect ? Ce n'est pas en cela, en effet, que consistent la prospérité ou l'adversité : ce ne sont là que de simples adjuvants dont la vie de tout homme a besoin. La cause véritablement déterminante du bonheur réside dans l'activité conforme à la vertu Aristote

« Admettons donc que l'on doive voir la fin et attendre ce moment pour déclarer un homme heureux, non pas comme étant actuellement heureux, mais parce qu'il l'était dans un temps antérieur : comment n'y aurait-il pas une absurdité dans le fait que, au moment même où cet homme est heureux, on refusera de lui attribuer avec vérité ce qui lui appartient, sous prétexte que nous ne voulons pas appeler heureux les hommes qui sont encore vivants, en raison des caprices de la fortune et de ce que nous avons conçu le bonheur comme quelque chose de stable et ne pouvant être facilement ébranlé d'aucune façon, alors que la roue de la fortune tourne souvent pour le même individu ? Il est évident, en effet, que si nous le suivons pas à pas dans ses diverses vicissitudes, nous appellerons souvent le même homme tour à tour heureux et malheureux, faisant ainsi de l'homme heureux une sorte de caméléon ou une maison menaçant ruine.

Ne doiton pas plutôt penser que suivre la fortune dans tous ses détours est un procédé absolument incorrect ? Ce n'est pas en cela, en effet, que consistent la prospérité ou l'adversité : ce ne sont là que de simples adjuvants dont la vie de tout homme a besoin.

La cause véritablement déterminante du bonheur réside dans l'activité conforme à la vertu. A première vue, la difficulté se présente comme liée au discours : quand peut-on et doit-on dire un homme heureux ? A pparemment, quand nous pouvons considérer la totalité d'une vie.

Juger un homme heureux, c'est juger sa vie entière.

Mais si, pour juger véritablement du bonheur d'un homme, on doit attendre la fin, c'est-à-dire sa mort, parce que c'est alors seulement que l'on peut avoir une vue d'ensemble de son existence, la vérité du bonheur sera toujours rétrospective.

On ne pourra jamais dire : il est heureux, mais seulement : il a été heureux.

Mais la difficulté se radicalise alors : en effet, si au moment de ma vie où je suis heureux, la vérité de mon bonheur est encore en suspens, c'est que je ne suis pas véritablement heureux dans ma vie ; mon bonheur sera toujours un bonheur pour les autres, pour la postérité, et jamais pour moi.

Si j'essaie de saisir réflexivement ce qui me semble être mon propre bonheur, je devrai dire non pas : je suis heureux, mais je serai ayant été heureux. Mais pourquoi cette nécessaire attente de la mort ? Tout bonheur exposé aux revers de fortune n'est pas un véritable bonheur.

On saisit ici l'opposition qu'il y a entre l'actualité du bonheur et sa durée.

En effet, au contraire du plaisir, le bonheur exige sa propre stabilité.

Mais la conscience tragique que les Grecs avaient de la fragilité de tout bonheur, de la présomption de toute affirmation de bonheur, ne vient-elle pas en retour miner la plénitude du bonheur présent, même éphémère ? Un bonheur présent qui n'est pas assuré du lendemain ne possède pas de stabilité, il n'est donc pas bonheur véritable.

Mais, puisque tout avenir est incertain ou menaçant, le bonheur ne semble assuré, certain que quand il n'y a plus d'avenir.

Or, Aristote refuse cette conséquence : le bonheur doit avoir sa vérité dans le maintenant, il faut donc qu'il soit actualité et activité, si bien que la perfection de sa forme ne doit pas dépendre de la durée.

De même, je suis mortel, je ne vivrai pas toujours, mais je suis pleinement vivant, en acte de ma vie en chacun de ses instants.

L'essentiel est donc de déterminer l'oeuvre propre de l'homme, et de comprendre que le bonheur est l'activité proprement humaine.

C ertes, je puis souhaiter vivre heureux longtemps, mais c'est maintenant que le bonheur est vie accomplie et proprement humaine. Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.

J.-C., mort à C halcis (Eubée) en 322. Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de Platon, de 367 à 347.

A la mort de son maître, et mal vu à A thènes en sa qualité de Macédonien, A ristote fonda une école à A xos, en Troade.

La mort tragique de son ami Hermias, livré aux Perses, l'obligea à se retirer à Lesbos.

En 342, Philippe, roi de Macédoine, lui confia l'éducation d'A lexandre.

A l'avènement de celui-ci au trône, en 335, A ristote revint à A thènes, et y fonda l'École du Lycée, que l'on a appelée école péripatéticienne, parce qu'A ristote y devisait avec ses élèves, tout en se promenant.

A la mort d'Alexandre, en 323, A ristote quitta A thènes et se retira dans l'île d'Eubée.

Il redoutait le sort de Socrate et voulut « épargner aux Athéniens un second attentat contre la philosophie ».

En effet, l'A réopage le condamna à mort par contumace.

Il mourut au mois d'août.

Aristote peut disputer à Platon le titre de plus grand philosophe de tous les temps.

Son intelligence ne fut pas seulement d'ordre philosophique, elle fut universelle.

A ristote est le fondateur de la logique, de l'histoire de la philosophie, de l'anatomie et de la physiologie comparées.

En philosophie, il est disciple de Platon, mais son sens d'observateur lui permet de replacer le platonisme dans l'ensemble des systèmes connus et de modifier certaines affirmations platoniciennes, notamment la théorie de la hiérarchie des idées.

A ristote en déduit la logique, établie sur la structure et les relations des concepts, les relations étant ramenées au rapport des genres et des espèces.

Il distingue dix catégories, qui sont les genres les plus généraux dans lesquels se classent les objets de la pensée : substance ou essence, quantité, relation, qualité, action, passion, lieu, temps, situation et manière d'être.

C e sont les points de vue à partir desquels l'esprit peut considérer les choses.

Les catégorèmes se rapportent aux modes généraux, qui permettent d'énoncer une chose relativement à une autre ; ils sont cinq : le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident. L'expérience est indispensable à l'entendement, et Aristote, pour qui l'activité et le mouvement ont une grande importance, ne partage pas la théorie de l'idée éternelle, abstraite et immuable.

La réalité est le résultat d'un mouvement de la matière vers la forme.

C 'est l'acte, c'est-à-dire l'être dans son plein achèvement, dans sa réalisation parfaite, par opposition à la puissance.

La fleur est puissance du fruit et acte du bouton.

Dieu, étant pensée pure et sans matière, est l'acte pur.

La nature est un effort de la matière vers la pensée, vers l'intelligence, vers l'acte pur.

Dieu, pensée parfaite, se pense lui-même, une pensée parfaite ne pouvant penser qu'un objet parfait ; il est « la Pensée de la pensée ».

La pensée politique d'A ristote n'est pas négligeable.

Le bonheur se trouve dans la cité, qui est la société par excellence.

Il distingue trois formes de gouvernement : la royauté, l'aristocratie et la démocratie.

Il en prévoit aussi les altérations, qui sont la tyrannie, l'oligarchie et la démagogie.

Pendant des siècles, A ristote a représenté les bornes de la science humaine.

Les interprétations, exégèses et commentaires de son oeuvre furent innombrables, dès l'antiquité.

Théophraste, qui lui succéda à la tête du Lycée.

Eudème, Phanias, Straton de Lampsaque, Anis-toxène de Tarente, Démétrios de Phalère, C ritolaüs de Phasélis, Diodore de Tyr et Héraclide de Pont furent les principaux philosophes aristotéliciens ou péripatéticiens.

Puis, Andronicus de Rhodes et A lexandre d'Aphrodise furent les grands propagateurs de la doctrine, le premier en commentant les oeuvres d'Aristote, le second en ouvrant une école péripatéticienne à A lexandrie.

C 'est grâce aux Musulmans et, en particulier à A verrhoès, que l'héritage fut transmis au Moyen A ge.

Saint Thomas d'Aquin fit de l'aristotélisme la doctrine officielle de l'Église.

A partir de la Renaissance, la pensée d'A ristote commença d'être attaquée. Oeuvres principales : La Constitution d'Athènes, l'Organon, la Physique, le C iel, la Mécanique, la Poétique, la Politique, l'Arne, la Météorologie, la Morale à Nicomaque, la Rhétorique, la Morale à Eudème, l'Histoire des animaux, la Métaphysique.

Un grand nombre de ces ouvrages furent rédigés par les disciples d'Aristote, dont Diogène Laërce a écrit la vie.. »

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