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Aristote

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De la justice particulière et du juste qui y correspond, une première espèce est celle qui intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique (car dans ces avantages il est possible que l'un des membres ait une part ou inégale ou égale à celle d'un autre), et une seconde espèce est celle qui réalise la rectitude dans les transactions privées (...). Cette forme du juste a un caractère spécifique différent de la précédente. En effet, le juste distributif des biens possédés en commun s'exerce toujours selon la proportion dont nous avons parlé' (puisque si la distribution s'effectue à partir des richesses communes, elle se fera suivant la même proportion qui a présidé aux apports respectifs des membres de la communauté ; et l'injuste opposé à cette forme du juste est ce qui est dehors de la dite proportion). Au contraire, le juste dans les transactions privées, tout en étant une sorte d'égal, et l'injuste une sorte d'inégal, n'est cependant pas l'égal selon la proportion de tout à l'heure, mais selon la proportion arithmétique. Peu importe, en effet, que ce soit un homme de bien qui ait dépouillé un malhonnête homme, ou un malhonnête homme un homme de bien, ou encore qu'un adultère ait été commis par un homme de bien ou par un malhonnête homme : la loi n'a égard qu'au caractère distinctif du tort causé, et traite les parties à égalité, se demandant seulement si l'une a commis, et l'autre subi, une injustice, ou si l'une a été l'auteur et l'autre la victime d'un dommage. Par conséquent, cet injuste dont nous parlons, qui consiste dans une inégalité, le juge s'efforce de l'égaliser : en effet, quand l'un a reçu une blessure et que l'autre est l'auteur de la blessure, ou quand l'un a commis un meurtre et que l'autre a été tué, la passion et l'action ont été divisées en parties inégales ; mais le juge s'efforce, au moyen du châtiment, d'établir l'égalité, en enlevant le gain obtenu. Aristote

« PRESENTATION DE L' "ETHIQUE A NICOMAQUE" DE ARISTOTE Au regard de la tripartition du savoir classique dans l'Antiquité (logique, physique et éthique), l'Éthique à Nicomaque constitue l'oeuvre la plus aboutie de la partie éthique.

En délimitant le champ des affaires humaines par exclusion de la nature et du divin, elle constitue le premier effort pour penser l'action humaine de manière immanente et autonome et lui reconnaître ainsi une positivité ontologique.

Aristote (384-322 av.

J.-C.) y opère en effet une critique de ses prédécesseurs, qui ne voient dans l'action humaine qu'un domaine d'application pour des principes extérieurs, que ce soient les dieux de la pensée tragique, les formes platoniciennes ou plus pragmatiquement, les techniques de la sophistique. "De la justice particulière et du juste qui y correspond, une première espèce est celle qui intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique (car dans ces avantages il est possible que l'un des membres ait une part ou inégale ou égale à celle d'un autre), et une seconde espèce est celle qui réalise la rectitude dans les transactions privées (...).

Cette forme du juste a un caractère spécifique différent de la précédente.

En effet, le juste distributif des biens possédés en commun s'exerce toujours selon la proportion dont nous avons parlé' (puisque si la distribution s'effectue à partir des richesses communes, elle se fera suivant la même proportion qui a présidé aux apports respectifs des membres de la communauté ; et l'injuste opposé à cette forme du juste est ce qui est dehors de la dite proportion).

Au contraire, le juste dans les transactions privées, tout en étant une sorte d'égal, et l'injuste une sorte d'inégal, n'est cependant pas l'égal selon la proportion de tout à l'heure, mais selon la proportion arithmétique.

Peu importe, en effet, que ce soit un homme de bien qui ait dépouillé un malhonnête homme, ou un malhonnête homme un homme de bien, ou encore qu'un adultère ait été commis par un homme de bien ou par un malhonnête homme : la loi n'a égard qu'au caractère distinctif du tort causé, et traite les parties à égalité, se demandant seulement si l'une a commis, et l'autre subi, une injustice, ou si l'une a été l'auteur et l'autre la victime d'un dommage.

Par conséquent, cet injuste dont nous parlons, qui consiste dans une inégalité, le juge s'efforce de l'égaliser : en effet, quand l'un a reçu une blessure et que l'autre est l'auteur de la blessure, ou quand l'un a commis un meurtre et que l'autre a été tué, la passion et l'action ont été divisées en parties inégales ; mais le juge s'efforce, au moyen du châtiment, d'établir l'égalité, en enlevant le gain obtenu.

" ARISTOTE. Dans ce célèbre passage, Aristote distingue deux formes de justice ou d'égalité : l'égalité géométrique, qui est une proportion, et l'égalité arithmétique.

La première renvoie à la justice, considérée comme ordre social, la seconde à la justice entre individus. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE La justice, c'est l'égalité.

Soit, mais l'égalité elle-même peut se comprendre de deux manières.

L'égalité arithmétique est l'égalité entre deux termes.

L'égalité géométrique est l'égalité entre deux rapports.

L'image du gâteau peut aider à comprendre cette distinction.

Deux parts de gâteau peuvent être égales, d'une égalité arithmétique.

Mais on peut aussi considérer que l'égalité est réalisée si les parts distribuées sont proportionnelles au mérite (ou au poids...) de ceux entre lesquels il doit être partagé.

L'égalité ici sera dite géométrique. Aristote considère que, dans le cas de la justice distributive, c'est-à-dire de l'égalité géométrique, il est normal de donner plus à ceux qui contribuent le plus, par leur mérite, par leurs fonctions ou par leurs biens, au bon fonctionnement de la société.

Mais cela peut être discuté. Dans le cas de la justice corrective, c'est-à-dire de la justice qui réalise l'égalité arithmétique, on ne tient pas compte des apports des individus à la société ni de leur mérite.

Ils sont considérés comme des individus abstraits.

Aristote appelle cette forme de justice « corrective » parce qu'elle rétablit un équilibre, plus qu'elle n'établit un ordre.

Qu'il soit, par ailleurs, riche ou pauvre, bon père de famille ou dévoyé, celui qui cause un tort à autrui doit le réparer.

Cela aussi peut être discuté. Soit qu'on tienne compte du mérite, ou de tout autre facteur, soit qu'on n'en tienne pas compte, dans les deux cas il semble bien que la justice ne soit jamais tout à fait réalisée. Le mérite de ce texte d'Aristote est de montrer, en tous cas, que la question de la justice et de l'égalité est une question complexe qui doit être débattue. La justice selon Aristote.. »

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