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Aristote

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Que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident. La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme, seul de tous les animaux, possède la parole. Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l'utile et le nuisible, et par suite aussi, le juste et l'injuste : car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux, d'être seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. Aristote

« "Que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident.

La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme, seul de tous les animaux, possède la parole.

Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l'utile et le nuisible, et par suite aussi, le juste et l'injuste : car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux, d'être seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité." ARISTOTE. Thèses La thèse centrale est : l'homme est un animal politique Le texte, de nature démonstrative, développe trois moments pour prouver cette thèse.

Les thèses enchaînées sont les suivantes : 1.

P résupposé fondamental : la nature [...] ne fait rien en vain c'est-à-dire qu'il n'y a rien dans la nature qui ne réponde à une fonction, un sens, un rôle dans l'ordre global des phénomènes naturels.

A ristote prend pour phénomène le fait que l'homme, seul, possède la parole.

Mais une nuance doit être relevée : la comparaison avec l'abeille n'est pas anodine : les ruches montrent une organisation très structurée et toujours identique.

Voilà pourquoi A ristote dit « à un plus haut degré C ela indique que les autres animaux vivent aussi selon un ordre ' politique (« état grégaire »).

M ais ce qui montre la supériorité de l'homme, selon A ristote, c'est que l'ordre politique humain tient à un sentiment du juste et de l'injuste, du bien et du mal, alors que les autres animaux sont soumis à un ordre instinctif dont ils n'ont pas conscience.

C 'est ce qu'il va démontrer. 2.

T ous les animaux ont une voix (phonè) c'est-à-dire la possibilité d'émettre des sons, cris, sifflements, vibrations, etc., qui servent à la communication.

Elle permet d'exprimer un état (plaisir ou douleur) et de le signifier, par des signaux sonores, aux autres animaux de la même espèce.

C eux-ci savent par instinct ce à quoi correspond tel ou tel cri, etc. 3.

Le discours (logos) » est d'une autre nature.

Les mots sont des signes qui nécessitent une expression autre que les simples cris animaux.

Et la parole permet d'exprimer et de communiquer ce discours et de dialoguer.

Ici le raisonnement d'A ristote est plus complexe car il passe de l'expression de l'utile et du nuisible à celle du juste et de l'injuste.

C e qui est utile répond aux besoins pratiques.

C e qui est juste se situe à un niveau supérieur, et cela fait intervenir le rapport avec autrui (cf.

ce que dit A ristote de la vertu de justice).

Une dimension politique et morale intervient.

O r, pour exprimer le juste et l'injuste, encore faut-il en avoir naturellement le sentiment.

C ela renvoie à une vertu propre à l'homme.

A insi, la nature ne fait rien en vain, puisque non seulement l'homme a par nature le sentiment du juste et de l'injuste, du bien et du mal, mais il a naturellement le moyen de mettre en commun ces sentiments, ce qui est proprement la possibilité naturelle des rapports politiques.

Donc, l'homme est un animal politique.

La famille et la cité sont naturelles à l'homme. Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.

J.-C ., mort à C halcis (Eubée) en 322. Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de P laton, de 367 à 347.

A la mort de son maître, et mal vu à A thènes en sa qualité de Macédonien, A ristote fonda une école à A xos, en T roade.

La mort tragique de son ami Hermias, livré aux P erses, l'obligea à se retirer à Lesbos.

En 342, Philippe, roi de Macédoine, lui confia l'éducation d'A lexandre.

A l'avènement de celui-ci au trône, en 335, A ristote revint à A thènes, et y fonda l'École du Lycée, que l'on a appelée école péripatéticienne, parce qu'A ristote y devisait avec ses élèves, tout en se promenant.

A la mort d'A lexandre, en 323, A ristote quitta A thènes et se retira dans l'île d'Eubée.

Il redoutait le sort de Socrate et voulut « épargner aux A théniens un second attentat contre la philosophie ».

En effet, l'A réopage le condamna à mort par contumace.

Il mourut au mois d'août.

A ristote peut disputer à P laton le titre de plus grand philosophe de tous les temps.

Son intelligence ne fut pas seulement d'ordre philosophique, elle fut universelle.

A ristote est le fondateur de la logique, de l'histoire de la philosophie, de l'anatomie et de la physiologie comparées.

En philosophie, il est disciple de P laton, mais son sens d'observateur lui permet de replacer le platonisme dans l'ensemble des systèmes connus et de modifier certaines affirmations platoniciennes, notamment la théorie de la hiérarchie des idées.

A ristote en déduit la logique, établie sur la structure et les relations des concepts, les relations étant ramenées au rapport des genres et des espèces.

Il distingue dix catégories, qui sont les genres les plus généraux dans lesquels se classent les objets de la pensée : substance ou essence, quantité, relation, qualité, action, passion, lieu, temps, situation et manière d'être.

C e sont les points de vue à partir desquels l'esprit peut considérer les choses.

Les catégorèmes se rapportent aux modes généraux, qui permettent d'énoncer une chose relativement à une autre ; ils sont cinq : le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident. L'expérience est indispensable à l'entendement, et A ristote, pour qui l'activité et le mouvement ont une grande importance, ne partage pas la théorie de l'idée éternelle, abstraite et immuable.

La réalité est le résultat d'un mouvement de la matière vers la forme.

C 'est l'acte, c'est-à-dire l'être dans son plein achèvement, dans sa réalisation parfaite, par opposition à la puissance.

La fleur est puissance du fruit et acte du bouton.

Dieu, étant pensée pure et sans matière, est l'acte pur.

La nature est un effort de la matière vers la pensée, vers l'intelligence, vers l'acte pur.

Dieu, pensée parfaite, se pense lui-même, une pensée parfaite ne pouvant penser qu'un objet parfait ; il est « la Pensée de la pensée ».

La pensée politique d'A ristote n'est pas négligeable.

Le bonheur se trouve dans la cité, qui est la société par excellence.

Il distingue trois formes de gouvernement : la royauté, l'aristocratie et la démocratie.

Il en prévoit aussi les altérations, qui sont la tyrannie, l'oligarchie et la démagogie.

P endant des siècles, A ristote a représenté les bornes de la science humaine.

L e s interprétations, exégèses et commentaires de son oeuvre furent innombrables, dès l'antiquité.

T héophraste, qui lui succéda à la tête du Lycée.

Eudème, Phanias, Straton de Lampsaque, A nistoxène d e T arente, Démétrios de Phalère, Critolaüs de P hasélis, Diodore de Tyr et Héraclide de Pont furent les principaux philosophes aristotéliciens ou péripatéticiens.

Puis, A ndronicus de Rhodes et A lexandre d'A phrodise furent les grands propagateurs de la doctrine, le premier en commentant les oeuvres d'A ristote, le second en ouvrant une école péripatéticienne à A lexandrie.

C 'est grâce aux Musulmans et, en particulier à A verrhoès, que l'héritage fut transmis au Moyen A ge.

Saint T homas d'A quin fit de l'aristotélisme la doctrine officielle de l'Église.

A partir de la Renaissance, la pensée d'A ristote commença d'être attaquée. Oeuvres principales : La C onstitution d'Athènes, l'O rganon, la P hysique, le C iel, la M écanique, la P oétique, la Politique, l'A rne, la M étéorologie, la Morale à Nicomaque, la Rhétorique, la M orale à Eudème, l'Histoire des animaux, la Métaphysique.

Un grand nombre de ces ouvrages furent rédigés par les disciples d'A ristote, dont Diogène Laërce a écrit la vie.. »

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